. Gravure sur verre et glace Paul Bitterlin –
  verrerie mousseline 2023

Gravure sur verre et glace Paul Bitterlin

Le tarif ci dessous  provient de l’atelier de gravure sur verre et glace de P. Van OUDENHOVE (?) situé 213 Chemin de Mons à Bruxelle date inconnue. P. Van OUDENHOVE est très certainement membre de l’union des patrons Graveurs sur verres et glaces de Belgique.

 

Des Termes techniques

Sur ce Tarif pour faconnage, on peut lire… 3 tons dessins suivant catalogue, Mat brillant, granulage, des termes techniques bien énigmatiques. Et pour cause, puisqu’il s’agit d’une activité quasi disparue en France aujourd’hui, celle de la gravure sur verre et glace à l’acide fluorhydrique mise au point par le verrier Paul Bitterlin “Gravure sur verres et glaces” est en fait l’ancienne dénomination que l’on pouvait encore trouver sur les pages jaunes des annuaires il y a un vingtaines d’années encore.

Gravure sur verre et glace belgique

Union des patrons graveurs sur verres et glaces de Belgique.

Tarif syndical de gravure sur verre et glace

Tarif de gravure sur verre et glace

Paul Bitterlin Artiste peintre graveur verrier

La gravure à l’acide fluorhydrique.

Connue dès 1850, la gravure à l’acide fluorhydrique est surtout utilisée dans la gobeleterie dans l’Est de la France. Cette technique de gravure est ensuite perfectionnée par Paul bitterlin lors de ses recherches sur la gravure du verre par acide fluorhydrique commencées en 1853. Paul Bitterlin se disait ” Artiste-peintre graveur-verrier, son atelier à Paris employait une quarantaine de personnes en 1878 dans son atelier de  peinture sur verre (vitrail). Spécialiste du décor gravé il perfectionnera cette technique en l’appliquant aux vitrages clairs.

 

Au départ c’est en Angleterre que cette technique de gravure est employée sur du verre plat. On l’utilise alors pour graver des lettrages sur des enseignes de commerces. Mais les rendus sont plutôt grossiers. En même temps les frères Chances verriers à Birmingham font aussi des essais de gravure par décalquage au pochoir de la même façon que Gugnon et Maréchal à Metz en 1853.  La même année avec l’aide de chimistes, Paul Bitterlin commença à avoir des résultats, obtenant 2 types de gravures distinctes sur la même surface de verre.

 

Des problèmes d’ irrégularités.

Mais les irrégularités de surfaces des verres à vitre de l’époque provoquent des défauts d’aspects. Par la suite l’utilisation de vitrages déjà dépolis à l’émeri (Procédé de dépolissage du verre par frottage avec abrasif) ou de glaces doucies (verres couléà la surfaces plus régulières) lui permet d’obtenir 4 niveaux de morsures différentes sur la même vitre. En 1858 les procédés de gravure de Mr Bitterlin est à peut-prêt aux points. Il l’applique même sur des surfaces courbes et des verres colorés. Mais c’était encore imparfait, contrairement aux idées reçues l’acide Fluorhydrique ne dépoli pas le verre régulièrement. En fait il s’attaque à la silice présente dans la composition du verre. Cela donne des rendus de surfaces différent d’un vitrage à l’autre suivant les provenances du verre a vitre. En effet, les verreries et glaceries de l’époque n’ont ni les mêmes matières premières ni les mêmes recettes de compositions.

 

Une grande médaille d’or.

En 1863 Paul Bitterlin obtient la grande médaille d’or de l’exposition universelle. Mais son procédé de gravure sur verre et glace reste alors coûteux du fait de l’emploi de glaces de grandes qualités déjà dépolies ou doucies. La même année un certain Cyprien Tessié du Motay communique le résultat de ses recherches sur l’emploi de doubles fluorures pour l’industrie. S’en inspirant on non, Mr Bitterlin obtint enfin des gravures régulières sur des surfaces transparentes de verres à vitres courant.  Il réussit donc à a maîtriser le niveau de mordant de cet acide abominablement dangereux dans sa manipulation et ses émanations. En 1876 il obtint la médaille de l’exposition universelle de Philadelphie

 

La même année il dépose 3 brevets.

  • Un procédé de vitrification des surfaces silicieuses par acide fluorhydrique donnant des effets granuleux sans perte de coloration native.
  • Nouvelles applications d’émaux translucides et transparents.

Par la suite Paul Bitterlin cédera ses découvertes sur la gravure sur verre et glace à Mr Lefebvre Miroitier à Paris remplaçant ainsi tous les procédés de dépolissages mécaniques du verre de l’époque.

 

Quelques une des réalisations de Paul Bitterin.

  • Les plafonds des théâtres de la ville de Paris : Châtelet, Lyrique, Gaîté et Vaudeville.
  • Le Grand dôme du Tribunal de commerce de Paris.
  • Le plafond de la Chambre des pairs à Lisbonne.
  • Les travaux décoratifs du Sénat et de la Chambre des députés de Belgique.
gravure sur verre et glace Paul Bitterlin

Gravure sur verre à l’acide

Gravure sur verre et glace en 3 Tons.

3 tons = 3 nuances

Les Matières premières

  • Le vitrage : La plupart du temps il était épais de l’ordre de 5 à 8 M/M.  Avant l’arrivée du verre étiré, il s’agissait surtout de glace claire Doucie Saint – Gobain. (Verre coulé à plat puis repoli mécaniquement pour assurer la planéité)
  • Les liquide de gravure : Composés essentiellement d’acide Fluorhydrique (SGH5) et d’autres produits également toxiques.  Les compositions chimiques variant suivant la profondeur de gravure recherchée (jusqu’à 4 ou 5 nuances). Bien sûr les formules et recettes différaient d’un atelier à l’autre.
  • Le Bitume de JudéeConnu depuis l’antiquité, cet  hydrocarbure de la famille du pétrole était utilisé pour l’étanchéité des Navires. Mélangé à de l’essence de térébenthine et a de la gomme Laque, ce goudron visqueux servait entre autre, à la réalisation des pochoirs sur le verre.
  • Enfin, de la cire ou du mastic de vitrier : Ces produits servaient à réaliser une bordure tout autour du vitrage à graver afin de retenir les liquides de gravure sur la surface.

De nos jours, il s’agit d’un procédé totalement révolu en France, les éléments entrant dans la composition des liquides de gravures étant hautement toxiques aussi bien pour les opérateurs que pour l’environnement.

 

Le Procédé

Avant tout,  pour bien comprendre, plus l’acide fluorhydrique est pur, plus l’effet obtenu sur le verre est translucide.

  • 1/ D’abord “le maté”:  C’était la première étape qui consistait à dépolir la surface du verre suivant le décor. On utilisait pour cela un premier mélange acide appelé “Le Mat”. Le graveur obtenait ainsi un premier fond, en fait la partie la plus blanche du décor (1) sur la photo ci-dessus.
  • Le premier pochoir :  Pour le réaliser on le peignait à la main avec du bitume de judée après avoir disposé le vitrage sur le dessin à l’échelle 1 . (Voir dessins originaux ci-dessous).
  • 2/ La descente : Le graveur versait ensuite son deuxième liquide de gravure.  Plus agressif que le précédent le ton obtenu était alors plus clair (2) sur la photo ci-dessus.  On appelait cela “descendre le maté” d’un ton sur les parties non protégés.
  • Le deuxième et dernier pochoir: Pour éviter que la gravure ou descente suivante détruise le maté (1) et le ton descendu (2), le graveur peignait un nouveau pochoir pour les protéger.
  • 3/ Dernière descente :  Etape finale avec un dernier liquide gravure bien plus agressifs que les précédents pour obtenir le Ton “C” translucide.
  • Le nettoyage. Pour finir le nettoyage du pochoir se faisait à l’aide de benzine et sciure, avant un passage à l’eau claire.

 

Le Granulage :

Technique plus tardive le granulage fait son apparition après 1900. Il s’agit simplement de rajouter de l’émeri plus ou moins grossier lors du bain de gravure à l’acide. Cela provoque ainsi des irrégularités dans la gravure. (Gaëtan Jeannin 1932)

Le Frotti :

Présent sur le tarif de gravure sur verre et glace le terme “Frotti” signifie la prise d”une empreinte d’une gravure ou d’un relief existant afin de le reproduire à l’identique. Cette opération se fait en appliquant un papier léger (Soie ou calque) sur le motif à reproduire puis de frotter uniformément avec un crayon gras pour faire apparaître les reliefs.

frotti au crayon sur calque

Frotti original 1900

Empreinte de gravure sur verre et glace

Empreinte prise au crayon

frotti de graveur sur verre

Frotti original Leleu.fils 1900

Gravure sur verre à l’acide

Par Mr Bartolic

Ci dessous une vidéo tournée au centre de mémoire de la verrerie d’en Haut à Aniche, ou Mr Bartolic ancien chef d’atelier chez un ancien graveur sur verre et glace, nous explique les différentes étapes de fabrication.

Les Sources

  • Pour commencer les Archives LELEU VAN LIERDE, ensuite la revue GLACES ET VERRES N° 6 1928.
  • Puis sur Paul Bitterlincahier de l’exposition universelle de Paris 1878.
  • Source Vidéo:  Chaîne de Mr Diverchy du centre de mémoire de la verrerie d’en Haut à Aniche.
  • Crédit Photo :  Christian Fournié © 2023

Remerciement à :  Mr Bartolic pour ses explications.

 

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Artisan Verrier
Artisan Verrier

Christian Fournié est Maître artisan verrier en Métier d'Art installé depuis 1997 et spécialisé dans la reproduction de vitrages décoratifs anciens. Son atelier de gravure sur verre s'appelle "L'atelier du verre mousseline" et se trouve à Beaufort dans la région viticole du Minervois (Sud de la France).