Verre imprimé Chauny et Cirey (Maj)
En image ci-dessous, un verre imprimé coulé par la compagnie Saint Gobain Chauny et Cirey à partir de 1892. Ces verres imprimés à chaud furent notamment fabriqués à la Glacerie de Chauny dans le département de l’AISNE. Ces verres à vitres étaient brevetés SGDG (Sans Garantie Du Gouvernement ). Pour la photo ci dessous, il s’agit d’un “Verre imprimé filigrané N°21” référencé dès 1908 dans le catalogue du Miroitier CODONI à Paris.
Verre imprimé en relief N°21 1908
Le verre imprimé et le verre Mousseline.
Comme bien souvent dans l’histoire de l’industrie, les nouveaux procédés font disparaître les plus anciens les rendant ainsi obsolètes sur le plan technique et commercial. Le verre mousseline a été le premier vitrage occultant décoratif produit en masse à partir du milieu du 19ème siècle. Son procédé de fabrication par émaillage a chaud était lié à la fabrication du verre à vitre par soufflage au canon. Le verre imprimé lui était réalisé par coulée à plat et laminage par rouleaux de fontes. Ces vitres à motifs en relief laissaient passer plus de lumière que les verres mousselines tout en cachant la vue. De plus, elles étaient bien plus grandes tout en étant plus résistantes. Elles pouvaient aussi être colorées soit dans la masse, soit avec des émaux de couleurs dans des ateliers fabricants de vitraux.
Le verre Mousseline finira par disparaître en même temps que le soufflage de verre à vitre remplacé par l’étirage Fourcault à partir de 1920. Le verre Mousseline perdurera quelques temps en fabrication à froid par sablage appelé mousselinage du verre avant de disparaître totalement. Quant au verre coulé imprimé il évoluera d’abord vers la coulée continue dans les années 30 et après–guerre, pour ensuite définitivement disparaître au début des années 70.
A l’heure actuelle, les vitrages imprimés ne peuvent se trouver que dans des portes anciennes vitrées et autres recyclages de menuiseries d’époque. Ils ne sont plus produits aujourd’hui.
Verres Spéciaux Cie St-Gobain Chauny et Cirey 1897.
Ce document de la Société des Manufactures des glaces & Produits Chimiques de St Gobain. Chauny & Cirey est en excellent état de conservation. Il présente les premiers modèles de Verres Spéciaux disponibles à la vente au 9 Rue Ste-Cécile à Paris.
Imprimés et Brevetés (SGDG – Sans Garantie du Gouvernement) ces vitrages coulés de 1897 existaient dans les dimensions allant de 81 Cm à 240 Cm de Longueur pour des épaisseurs de 3 à 4 M/M. A noter qu’on y parle également de Mesures courantes très probablement calquées sur les dimensions d’usages des autres vitrages existant de cette période. A ce propos il est important de préciser qu’à cette époque chaque région, voir commune, avaient leurs propres usages en terme de dimensions de fabrications de vitrages, (Mesures Nord, Midi, Lilloise…).
Il n’y avait pas encore de normalisation à l’échelle Nationale ou internationale…
Un comparatif verre imprimé – Verre mousseline (é).
Ce qui est très intéressant dans ce petit catalogue, c’est la présence qu’un comparatif publicitaire Verre imprimé / Verre Mousseline. On y vante les différents avantages du verre imprimé face à son concurrent plus ancien alors produit à grande échelle par les verreries industrielles. Outre les différences d’entretien et de luminosité, on retiendra surtout les différences de dimensions et d’épaisseurs. En effet il est rare de trouver du verre mousseline de plus de 130 x 60 cm pour une épaisseur de 3 M/M au maximum.
Néanmoins il en existe en plus grande surface, mais il s’agit alors de verre dit “Mousseliné“. C’est à dire fabriqué a froid par pochoirs et sablage ou gravure acide.
La coulée Chance 1885 à 1890.
L’idée de donner des textures au verre plat est bien antérieure à 1892. Un des premiers vitrage texturé à été le verre nommé “Cathédrale“. D’abord coulé sur une table en fonte, un rouleau le laminait ensuite pour obtenir une glace mince. Une fois le verre raffermi a un temps donné, il était alors redressé à la verticale pour être recuit dans des carcaises (Four de recuisson lente). Une fois refroidi le verre se retrouvait translucide et déformé en surface irrégulière. Pour le verre imprimé, l’idée du maître de Verrerie William Edward Chance à Birmingham était de couler du verre en fusion entre des rouleaux pour le laminer sur le dessus et le dessous simultanément. Ainsi le vitrage laminé était poli sur le dessous, ce qui était très novateur pour l’époque. Saint-Gobain obtint en 1892 l’exclusivité pour la France de ce procédé au moins jusqu’en 1914.
La glacerie de Chauny en Bref.
Au départ le site Chauny n’est qu’un entrepôt à l’ouest de Saint-Gobain. La Compagnie y stockait d’une part ses matières premières nécessaires à la fabrication des glaces. D’une part le sable, la soude, et des terres réfractaires et d’autre part, ses expéditions de glaces brutes vers Paris. En Février 1795 le site s’agrandit avec l’acquisition des Grands Moulins de Chauny. Des machines à polir les glaces y seront installées par l’ingénieux charpentier Brancourt. En 1806 autres acquisitions avec les moulins de la Croix Saint-Claude pour de nouveaux ateliers de doucissages des glaces brutes. En 1823 l’usine de fabrication de Soude située à la verrerie de Charles-Fontaines dans la forêt de St-Gobain, fut transférée à Chauny.
Presentoir St-Gobain Chauny et Cirey
Par la suite tous les appareils de doucissages furent remplacés par des appareils à tables circulaires nommés « Plateformes ». Ces “tables” pouvaient atteindre un diamètre de 10 Mètres. En 1914 les usines de Saint-Gobain et Chauny étaient capable de couler et travailler plus de 270 000 Mètres carrés de glaces, y compris les vitrages spéciaux. On entend par “vitrages spéciaux” le verre imprimé à motif, les verres striés, cathédrale, armé, ou prismatique ainsi que les dalles de verres coulés pour le sol. A noter également une production de verres moulés pour l’automobile, les projecteurs ou les télescopes.
Une destruction pendant la grande Guerre de 1914.
Comme beaucoup de sites industriels du Nord de la France l’usine de Chauny fut complètement détruite par l’ennemi. Après la guerre le site ne fut pas reconstruit. Son industrie de production des glaces fut reprise sur le site de Chantereine sur le territoire de Thourotte dans le département de l’OISE.
Chauny et Cirey.
La dénomination Chauny et Cirey vient de la fusion entre la compagnie de Saint-Quirin Incluant les glaceries de Cirey (Meurthe et Moselle) et Mannheim (Allemagne) avec celles de Saint-Gobain et Chauny. La société anonyme « Manufactures des Glaces et Produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny et Cirey » naît officiellement le 11 Juin 1855*.
Pour en savoir plus visitez la page : Inventaire /verre à relief
Sources :
- En premier un document sur l’histoire du site de Chauny vers 1920 origine inconnu.
- Ensuite une lien Wikipédia : Saint-Quirin, Cirey et Monthermé.
Sources photos :
- Ma Collection personnelle à l’Atelier
- La Revue Verre et Glace N° 7 1928
- Catalogue Original Chauny et Cirey 1897
- Catalogue Original Chauny et Cirey 1923
- Le site du cercle Guimard
Autre Sources:
- la bibliothèque du Metropolitan Museum of Art de New-York: Album des verres coulés 1924