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Un ancien métier manuel en miroiterie
La technique de la gravure sur verre à la roue c’est au départ à réaliser des décors gravés sur des verres en volumes. Les différents effets décoratifs étaient obtenus par les profils des meules utilisées. Mais avant de parler de la gravure sur verre de couleur chez les miroitiers, il faut parler du verre plaqué. En fait il s’agit d’un vitrage clair soufflé à la bouche émaillé par une couche de couleur très mince sur une seule de ses faces. Il a été réinventé en France par Mr Bontemps Maître de verrerie à Choisy le roi vers 1826. Aussi pour le sujet qui nous intéresse ici, il s’agissait surtout de graver la partie colorée émaillée pour arriver à la couche claire. Ainsi cela permettait de réaliser des motifs décoratifs (fleurs épis de blés, étoile, marguerites). En outre au niveau de l’aspect cela allait du dépoli, à l’aspect transparent après polissage. Depuis le 19ème siècle c’est grâce à de petites meules montées sur tour fixe que l’on taille la surface de ces verres. Ce procédé de gravure sur verre à la roue est bien connu des cristalliers notamment à la cristallerie Baccarat .
Ces petits carreaux de couleurs en verre gravé à la roue ne sont plus produits en France aujourd’hui. Ils entraient surtout dans la décoration de portes vitrées anciennes. Ils étaient presque toujours associés à d’autres vitrages décoratifs produits à l’époque, comme les verres mousselines ou les verres diamantés et autres frises dépolies.
Ce premier travail de reproduction d’une ancienne gravure sur verre à été réalisé en Mars 2017 par Christian Fournié Maître artisan verrier. La Machine est un touret de Miroitier “Luchaire” des années 50-60 remis en état de fonctionnement dans l’atelier à Beaufort.
En fait Il s’agissait surtout d’essayer de retrouver les gestes originaux des miroitiers du passé. Pour cela, plusieurs mois ont été également nécessaire pour définir les diamètres vitesses de rotations et profils des meules utilisées jadis. Il est important de noter que le verre plaqué utilisé dans la vidéo est le même qu’au 19ème siècle. Il provient de la verrerie de Saint-Just à Saint Rambert près de Saint-Etienne en France. Cette verrerie remarquable fait à présent partie du Groupe Saint-Gobain et elle est en activité depuis 1826…
Ce que l’on ne voit pas: Les différentes étapes de dressage manuel des meules afin de leurs donner le bon profil de gravure. Mais aussi le polissage de finition sur meules en feutres.
Gravure sur verre N-6
Carreau ancien N°16
Soleil gravée N°17
Carreau gravé N°3
Fleur gravée N° 15
Gravure Motif N°12
La gravure de ces verres de couleurs ne se fait que sur commande, à partir des mêmes verres de couleurs qu’à l’époque.
Couleurs : Rouge et Bleu Foncés, Orange et Jaune moyen / Autre couleur sur demande.
La livraison se fait en caisse carton par transporteur en messagerie rapide
N’hésitez pas à contacter l’atelier
Un métier disparu.
Tout d’abord la désignation du mot “miroitier” vient de miroir, miroiter, argenter. C’est à dire d’abord déposer une mince couche d’argent (au départ du Mercure puis du nitrate d’argent) sur une face d’une plaque de verre pour ensuite lui donner un coté réfléchissant.
Pendant longtemps, la découpe de verre a vitre, le façonnage (alors manuel), ou la gravure mécanique par roues ou meules, associé à l’argenture furent les principales activités des miroitiers. L’arrivée de la gravure par acide en plusieurs tons, et plus tard du sablage, à donné un véritable élan à ce métier. Etaient alors réunis dans certains ateliers comme la miroiterie Codoni à Paris, un grand nombre de corps de métiers.
D’après l’illustration ci-dessous, était alors exécuté dans ses ateliers : la Menuiserie, l’ornementation, la dorure, la sculpture (bois), l’étamage (argenture), le biseautage. Mais aussi, la gravure à la roue. le verre gravé par acide, les Verres Rideaux. Elle produisait des trumeaux, glaces argentées, psychés, paravents, et enseignes. Ainsi que des panneaux, lettrages émaillés et tout le nécessaire à l’installation de commerce de l’époque (1832 – +1913)… Elle fournissait tous les types de vitrages industriels de l’époque, et réalisait également des vitraux….
Extrait du catalogue du miroitier Codoni en 1908.
Aujourd’hui ce métier sous cette forme là a quasi disparu en France. Il n’y a plus aucuns Maîtres miroitiers façonneurs avec autant de savoirs faire dans leurs ateliers. Le compagnon miroitier a également disparu et son métier s’est éteint. Seul quelques ateliers artisanaux de décorations sur verres, ou dans le vitrail isolés les uns des autres pratiquent quelques une de ces techniques dans une bien moindre mesure.
Paradoxalement ll faut sortir du pays pour voir encore toutes ces disciplines associées ensembles dans quelques ateliers préservés, aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, Russie ou Tchéquie.
Dès 1910 Les premières machines rectilignes verticales, bords polis et biseaux apparaissent. Elles furent suivies par les ponceuses à bandes abrasive également verticales. Par la suite des machines de façonnages numériques sur 3 axes (3D) produites essentiellement en Italie, révolutionneront les façonnages du verre et du marbre. De plus il faut rajouter à cela la manipulation de grands formats de vitrages allant jusqu’à 6 x 3 mètres, nécessitant une mécanisation de la découpe manuelle du verre. Le coût matériel de ce type de technologie, hors de portée de l’artisanat, réservera cela à l’industrie. En fait aujourd’hui la majorité des miroiteries sous-traitent leurs façonnages à des unités industrielles.
La France est un pays phare, ou plusieurs styles décoratifs se sont succédé. Ils apportèrent chacun leurs innovations en termes de décorations et mise en œuvre. Ainsi par exemple le sablage du verre connu son âge d’or à l’époque art déco. En effet les lignes géométriques de ce style s’accordaient particulièrement bien à cette technique. C’est surtout à partir des années 50 que les choses changèrent. On ne parle plus alors de styles décoratifs mais de design industriel, dans toutes les disciplines. L’évolution technologique et la standardisation des goûts par l’industrie, leurs médiatisations, leurs robotisations, ou délocalisation entraînèrent le déclin du travail manuel en France. Ainsi Des pans entier d’économie et métiers qui leurs étaient liés disparurent.
Comme c’est souvent le cas, le temps fait son œuvre. Après la mise en désuétude d’un vitrage ou d’une technique il y a une distance temporelle qui s’installe entre la disparition complète d’un produit, et le moment ou on s’aperçoit qu’il manque et que finalement il était plutôt utile ou esthétique… La réapparition d’un produit, sa réactualisation technique est souvent dû comme ici même à une initiative individuelle ou un choix professionnel (risqué) de passionné. Mais plus intéressant les industriels eux-mêmes peuvent parfois faire ces mêmes choix. Comme dans cette vidéo du groupe AGC sur l’intégration originale d’une pièce en verre taillé dans un véhicule de luxe… LEXUS.
Anciens tourets.
L’image ci dessus date de 1929, c’est une publicité tirée de la revue “Le Miroitier de France”. Elle nous montre à quoi pouvait ressembler un atelier de façonnage des glaces dans les miroiteries des années 30. On y voit des lapidaires Horizontaux et verticaux, ainsi qu’un touret de taille.
Plusieurs machines anciennes du même type ont été remises en oeuvre dans l’atelier du verre Mousseline. Il s’agit de tourets de façonnage et gravure sur verre à la roue qui ont traversés le temps. Ils ont été sauvés de la casse ou des vitrines d’un musée…
Ces différents outils ont été remis en états de produire afin de pouvoir réaliser du façonnage manuel de pièces de miroiterie anciennes. D’abord petits verres de couleurs gravés pour portes anciennes ou verrières d’ateliers, ensuite d’autres petits objets en miroirs.
Ce très remarquable touret de gravure sur verre date du milieu du 19ème siècle. Il a été remis en fonction en Février 2017 et est visible à la verrerie Mousseline. Tout d’abord Il a une histoire, puisque son dernier propriétaire fut un artisan tailleur de cristal nommé Michel Devoluet qui officiait à Paris dans les années 1980. Ce Monsieur décédé depuis, a travaillé pour des maisons prestigieuses comme Dior ou la cristallerie Baccarat . Ensuite comme il a été fabriqué à une époque où l’obsolescence programmée n’existait pas encore, et bien, il grave comme au premier jour. Seul le pédalier manuel servant à le faire tourner à disparu, et a été remplacé par un moteur de 1952 qui fonctionne encore…