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Journées scientifiques en Minervois 2022

Journées Scientifiques en Minervois 2022

Journées scientifiques en Minervois

Conférence aux Journées scientifiques en Minervois 2022.

A l’occasion des 6ème Journées scientifiques en Minervois organisées par la communauté de commune du Minervois au Caroux, j’ai tenu une conférence le Dimanche 13 Novembre 2022, en voici le résumé… 

conderence de Christian Fournie

 Le verre Mousseline Premier vitrage décoratif industrialisé.

Par Christian Fournié verrier décorateur. Maître artisan en métiers d’art.

Introduction :

Le verre mousseline, est un verre à vitre émaillé à chaud sur lequel est imprimé un décor constitué de motifs répétitifs inspirés des dentelles et rideaux d’où son nom « mousseline ». Première citation écrite en 1836 dans un rapport sur les arts chimiques en France. Au départ artisanal il s’agit en fait du premier vitrage décoratif industrialisé. On peut diviser son histoire en 4 actes : L’invention, les fabricants, le déclin et le mousselinage.

 

L’invention :

Pour simplifier, la fabrication du verre mousseline entre en scène avec un brevet principal déposé par le chimiste Dumas et le peintre verrier Godard à Lyon en 1841. Ce brevet fixe d’abord la composition chimique d’une peinture vitrifiable nommée encore aujourd’hui émail ou grisaille mousseline.  Ensuite ce même brevet décrit un procédé décoratif très simple d’enlèvement d’émail avant cuisson à l’aide d’un pochoir rigide et d’une brosse.

Cette innovation répond alors à un besoin d’intimité pour l’intérieur des demeures. Très décoratif, le verre mousseline permet de garder de la lumière et de cacher plus ou moins la vue suivant les modèles, tulles, classiques ou mats.

Grace aux progrès du chimiste Dumas dans les fabrications d’émaux vitrifiables et des verres de couleurs du verrier Bontemps, le vitrail devient une véritable industrie en France à partir de 1826. D’abord réservé à l’art religieux, la demande se tourne ensuite également vers la réalisation, de vitraux décoratifs dit « civil ». C’est dans ce contexte florissant que le verre mousseline s’inscrit pleinement.

 

Les Fabricants.

Entre 1836 et 1942 les fabricants se succèdent. En quelques dizaines d’années on passe des peintres verriers du début comme Georges Bontemps à Choisy le roi ou Laurent et Cie à Paris en 1843, aux verreries industrielles de la fin du 19ème siècle. Celles ci qui produisent alors des milliers de mètres carrés de verres mousselines. Les modèles se résument alors à une vingtaine et sont tous issus des centaines de modèles édités par l’atelier de Louis Napoléon Gugnon peintre verrier originaire de Metz . Les verres mousselines seront aussi déclinés en reliefs et en couleurs par la famille Picard sur près de 4 générations entre 1872 et 1942 avec des procédés de fabrications originaux.

 

Le déclin :

Il commence dès 1892 avec les fabrications de verres imprimés à reliefs d’inspiration « Art-Nouveau » par St-Gobain. Ces vitrages décoratifs plus grands plus épais plus dans l’air du temps signent la fin du verre mousseline. De plus à partir de 1920 la fabrication du verre plat évolue. Le verre n’est plus soufflé, mais étiré verticalement (Procédé Fourcault). Le verre mousseline émaillé à chaud est alors remplacé par ce que l’on appelle le « mousselinage » dans les verreries industrielles.

 

Le Mousselinage :

Ce terme se retrouve sur un catalogue St-Gobain Chauny et Cirey dès 1898. Il s’agit d’un métier artisanal qui reprend tous les codes du verre mousseline en termes esthétiques et graphiques. Il s’agit alors de les appliquer sur d’autre types de vitrages plus épais et plus grand à l’aide d’autres techniques à froid comme la gravure à l’acide, ou le sablage. En 1910 L’ingénieur Allemand Gutmann conçoit même une machine de sablage dédié au mousselinage. En 1920 l’atelier de Charles Gaston Picard s’installe rue Pascal à Paris. Il sera un des derniers à mousseliner du verre jusqu’en 1942.

 

En Conclusion :

le verre mousseline à existé sur près d’un siècle, traversant les styles décoratifs de la restauration jusqu’à l’Art-déco. Son succès est exemplaire dans la mesure ou il est né d’un réel besoin auquel les verriers de l’époque ont su répondre en innovant aux fils des années dans une longue transmission. Comme toute production industrielle le verre mousseline a un début, une apogée, et un déclin. Il devient désuet après 1950. Ensuite s’installe ce que j’appelle une distance temporelle entre sa disparition et le moment ou on commence à s’apercevoir qu’il manque. Ce vitrage fait partie de notre patrimoine à présent et plus que jamais :

« Ne jetez pas vos vitrages anciens, ils ont une histoire … »

Remerciements

Merci à l’équipe de l’office de tourisme et la communauté de communes du Minervois Caroux pour leurs oganisations lors de cette manifestation. Merci également à la Mairie de Siran pour l’accueil dans leurs locaux très bien adaptés et équipés.

C. Fournié Nov.2022

 

Dépolir du verre avec des galets

Dépolir du verre avec des galets de rivière. C’est une idée qui peut sembler bien étrange. Quel rapport peut-il y avoir entre des galets et du verre à vitre…

galets blanc

Pourquoi dépolir du verre.

Retrouver de l’intimité

De quoi s’agit-il ?  dépolir du verre c’est rendre opaque à la vue un vitrage au départ transparent tout en gardant si possible la possibilité de laisser entrer la lumière.

Cela peut-être par nécessité, pour des besoins d’intimité comme dans une salle de bain ou une chambre à coucher. Mais aussi à des fins plus décoratives en agissant sur les jeux de lumières produits par une gravure par exemple. L’un d’ailleurs n’empêchant pas l’autre…

Mr AUBRIOT vers 1877

comment dépolir du verre

Vers 1877 un certain Mr Aubriot fabrique du verre dépoli ” Mousselines “. Il expose devant la commission d’encouragements des Arts Chimiques sa nouvelle invention. Un processus industriel pour ses fabrications.

 

Ce qui est intéressant c’est qu’il commence son exposé en décrivant les différentes manières d’opacifier ou dépolir du verre à vitre à son époque.

 

« On sait les usages nombreux des verres dépolis dans l’art de construire. A ce jour plusieurs moyens ont été proposés pour enlever au verre à vitre sa transparence. Cette caractéristique est plus particulièrement nuisible dans un certain nombre de cas. Mais bien souvent cela n’a d’autres conséquences que de diminuer cette translucidité »

NDL : Au 19ème siècle, le besoin d’obtenir des vitrages laissant moins passer la vue, ouvre la voie aux différents moyens d’altérations pour dépolir du verre.

Dépolir le verre par acide

  • « D’abord on peut aussi altérer par l’acide fluorhydrique, ou les fluorhydrates, la surface du verre pour la rendre mate. NDL : Ce procédé pour dépolir du verre est aujourd’hui artisanalement obsolète et dangereux pour la santé et l’environnement. Les produits utilisés sont hautement toxiques et règlementés.

Abrasion de surface

  • « Ensuite il y a la possibilité de dépolir le verre à vitre en usant  la surface par frottement avec un corps dur (Emeri). Il s’agit là des mêmes conditions que celles employées pour le dressage du verre à vitre, ou verre à glace, sans atteindre le poli des miroirs… » NDL :  Dressage des verres à vitres signifie rectification de la surface vitrée à l’aide de frottements manuels ou mécaniques à l’aide d’abrasifs. Le but était d’obtenir des surfaces allant de verres dépolis unis à des vitrages totalement polis (doucissage).

Jet de sable

  • « Pour finir soit ainsi qu’on l’a fait récemment (1872) :  par projection de sable animés d’une très grande vitesse sur la surface à dépolir. » NDL : Mr Aubriot nous parle la du premier procédé de sablage inventé à par un Certain Mr Tilghman aux Etats-Unis en 1872. Ce procédé consiste à dépolir du verre par projection d’abrasifs. Il n’entrera dans les miroiteries que vers 1900. Le sablage du verre trouvera ensuite ses premières lettres de noblesses au cours de la période Art-Déco.

Georges Bontemps 1868

Des galets de rivières

Machine a dépolir du verre

Georges Bontemps maître de verrerie à Choisy le roi de 1826 à 1842 est un des verriers le plus influents du 19ème siècle. En 1868 il écrit son Guide du verrier. A la page 734 de son ouvrage conséquent, il propose un procédé original en vigueur à son époque.

 

UNE MÉTHODE ASSEZ EXPÉDITIVE

En fait le procédé proposé par G. Bontemps pour dépolir du verre est radical et assez brutal. Il s’agit tout simplement de mettre en mouvement des galets de rivière et de la poudre d’émeri déposée sur un vitrage dans une caisse à laquelle on imprime un mouvement de balancier. Ce mouvement de va et vient par gravité produit un frottement des galets sur la surface vitrée provoquant ainsi une abrasion directe qui dépoli le verre peu à peu.

Sources et liens.

Verrière d’atelier en rénovation

Si cette verrière d’atelier en rénovation a retrouvé son charme d’autrefois. C’est surtout grâce à la reproduction et la remise en place de ses verres mousselines en motif N°1 d’origine. Les petits motifs s’alignent d’un carreau à l’autre. Les découpes sont sur mesures en demi / cercle rentrant et chaque vitrages est ajustés avec beaucoup de précision.

 

Verrière d'atelier ancienneverrière d'atelierPose de mastic de vitrier

Verrière d’atelier et vitrage

Tout d’abord on peut admirer sur les photos la complexité de la conception de cette verrière d’atelier en métal fer forgé. Le manque de vitrages de grandes dimensions, obligeait les ferronniers et Menuisiers de l’époque à rivaliser de créativités.

 

Des verres anciens très fins

Ensuite, il faut également savoir que les verres mousselines d’origine faisaient tout juste 1, 2 mètres. 60 centimètres de large et a peine 1,5 Millimètre d’épaisseur . Cela correspond à ce que l’on appelait du verre a vitre demi-double. C’est leurs dénominations du 19ème siècle. Comme ils n’étaient pas très épais ils étaient donc beaucoup plus facile à couper. Mais Aujourd’hui ce n’est pas la même chose.  L’épaisseur des verres mousselines que fabrique l’atelier est de 3 M/M minimum. La découpe manuelle à l’aide d’un coupe verre est donc beaucoup plus délicate. De plus on ne fabrique ces vitrages que sur mesures et on ne coupe qu’une fois le décor terminé.

 

Concernant la fixation des vitrages

Enfin pour la La fixation de ces verres très fragilisés par leurs découpes en formes délicates il faut d’abord effectuer un collage silicone sur le métal. Ensuite seulement on peut passer à la pose d’un mastic de vitrier à la feuille de laurier, y compris sur les parties circulaires qui caractérisent cette verrière d’atelier.

Pour en savoir plus sur la fabrication du verre à vitre dans les verreries ancienne voir la page suivante du site : La croix des verriers

 

 

 

Réalisation: Christian Fournié Maître artisan Verrier.