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La pierre de verre par Jules Henrivaux

Jules Henrivaux 1847 - 1913La pierre de verre Garchey vue par Jules Henrivaux dans son ouvrage paru en 1902 : “La Verrerie à l’exposition universelle de 1900“. Jules henrivaux est un chimiste né en 1847 à Bruxelle. Sa famille est originaire de Chauny par sa mère.  En 1883 Il devient directeur de la Manufacture Saint-Gobain Chauny & Cirey qu’il quittera en 1901. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la verrerie. Il est entre autre à l’origine du verre armé en collaboration avec Léon Appert, ainsi que de l’opaline coulée chez St-Gobain à la glacerie de Chauny. Jules Henrivaux décède ensuite en février 1913.  NDL : Le texte est quasi littéral juste adapté à la lecture de page web. 

palais de la céramique et de la verrerie paris 1900

La céramique et la Verrerie exposition universelle de Paris 1900

La pierre de verre GARCHEY

Du verre dévitrifié

La construction moderne doit répondre à des exigences multiples. Elle doit profiter d’une nouvelle conquête de la science, appliquée à l’art de bâtir. Ce « matériau » nouveau, loin de prétendre remplacer le verre, la céramique, la pierre, le ciment…  a l’ambition de s’adjoindre à ces divers corps tout en augmentant les ressources de l’architecte, de coo­pérer à l’assainissement, à l’embellissement de nos demeures.

 

De la dévitrification

L’invention de M. Garchey repose sur la dévitrification du verre. La dévitrification du verre a fait l’objet des recher­ches des savants. Réaumur, J-B. Dumas, Pelouze, d’Arcet, pour n’en citer que quelques-uns. Ils ont même tenté de transformer leur labora­toire en usine et de dévitrifier le verre industriellement. Tous les verres sont susceptibles de perdre leur transparence et de se transformer en une substance semblable à la porcelaine. Lorsqu’on les fait passer d’une façon très lente de l’état liquide à l’état solide, en les refroidissant complétement. Ou encore on les réchauffant longuement à une température voisine du point de fusion.

Cette seconde méthode fut employée par Réaumur. Elle ne donna pas de bons résultats industriels. Garchey depuis longtemps, étudiait le moyen d’appliquer le verre à la décoration architecturale.  Après bien des recherches, il est arrivé le premier à dévitrifier le verre et à le façonner.

 

Premiers Brevets

C’est en 1896 que M Garchey prenait ses premiers brevets. Il dési­gnait ce nouveau produit sous le nom de la pierre céramique Garchey  et plus tard sous le nom de la pierre de verre Garchey. Cette manière d’opérer a eu pour résultat de supprimer les inconvé­nients qui firent échouer Réaumur et ses disciples. C’est grâce à elle que cette industrie, née d’hier, s’est déjà développée dans des proportions gigantesques. En effet sept grandes usines, avec plus de dix millions de capital, sont en fonction­nement ou en construction : Lyon (Demi-Lune) (Rhône) Pont-Saint-Esprit (Gard), Creil (Oise), Le Bousquet d’Orb (Verreries de Carmaux), Castellord (Angleterre) Pensig (Silésie) Saint-Sébastien (Espagne), et Bucarest.

La verrerie du Bousquet

La verrerie du Bousquet d’Orb Hérault 1919

Fabrication de la pierre de verre

Des tessons de bouteilles

Les verres qui se dévitrifient le plus facilement sont ceux qui con­tiennent en excès des bases terreuses, telles que la chaux, l’alumine et la magnésie. Les verres à vitres et surtout les verres à bouteilles sont dans ce cas. La matière première est donc presque pour rien. En effet ces verres se trouvant à l’état de déchets en quantités illimitées. La fabrication est des plus intéressantes et certains points sont entièrement distincts des procédés jusqu’ici employés en verrerie.

 

Le procédé

Après avoir lavé les tessons de bouteilles, on les réduit en fragments les déversant dans un broyeur, puis, afin d’obtenir des grains de grosseurs différentes, ou les fait passer dans un classeur giratoire…

(NDL :  Sorte de tamisage rotatif à maillages successifs)

Après le classement des poudres de verre, on les dispose dans un moule en fonte ou les fait séjourner pendant une heure environ dans un four d’échauffement. L’action de ce premier four est d’échauffer progressivement la matière, de façon que toutes les parties en soient, autant que possible, également dévitrifiées. Les molécules de verre sont alors réduites à un état de division extrême par suite de leur pulvéri­sation. Elles éprouvent isolément l’action dévitrifiante de la chaleur, et cela très rapidement. Chacune d’elles subit le phénomène sépa­rément. En même temps, elles se ramollissent et forment bientôt une matière pâteuse très consistante.

 

Moulage et pressage

On introduit les moules dans un four porté à 1 300° pour quelques minutes. C’est alors qu’on passe le moule sous la presse hydraulique où une matrice a été préalablement fixée. Un tour de roue et la pesante masse de fonte s’abat. Armée de couteaux latéraux, elle découpe la matière on même temps qu’elle la modèle. Cette opération d’estampage a en outre pour propriété de refroidir la pièce fabriquée. Ainsi elle permet de lui donner assez de consistance pour qu’aucune déformation ne soit à re­douter par la suite.

Enfin, on fait à nouveau séjourner les moules dans un four de refroi­dissement. Après quoi, on n’a plus qu’à retirer la pièce de son enve­loppe de fonte. L’aspect du nouveau produit varie extrêmement. Suivant que le grain est plus ou moins fin, la pierre céramique ressemble à telle ou telle pierre, blanche comme celle d’Angoulême, bleue comme celle de Lau­sanne, imitant la pierre de taille, le ciment et même le marbre.

la pierre de verre Garchey

La pierre de verre Garchey (source Musée d’Orsay)

Une remarque intéressante : la provenance des bouteilles influe aussi considérablement sur le produit obtenu. C’est ainsi que les bouteilles d’eau de Vichy ne donnent pas la même pierre céramique que celles d’eau d’Evian. La « bordelaise », la « chartreuse », la « Champenoise », la bouteille de vin du Rhin par exemple se muent en belles pierres, ayant leurs caractères propres.

Qualités de la pierre de verre

De l’Hygiène

La pierre céramique possède les plus remarquables qualités hygié­niques. Elle offre des garanties de solidité et de durée que le marbre seul pourrait peut-être lui disputer. Elle est en effet, absolument inaltérable aux intempéries et à l’ac­tion des acides, l’eau ne la pénètre pas. A tous ces points de vue, son emploi sera particulièrement précieux dans les hôpitaux et dans les salles d’opérations. En effet elle peut supporter les lavages antiseptiques les plus répétés sans en être altérée. De plus, le verre étant mauvais conducteur de chaleur et de froid, les habitations revêtues extérieu­rement de pierres céramiques seront chaudes en hiver et fraîches en été. Néanmoins, on ne peut actuellement obtenir ces plaques de pierre de verre d’une certaine étendue présentant une planimétrie parfaite. Aussi il sera préférable d’employer, à l’intérieur des habitations, des verres coulés, des verres opaques, de l’opaline, par exemple, soit uni­ soit émaillée avec des décorations multicolores…

 

Un produit de revêtement

Le nouveau produit est surtout destiné à être utilisé comme revête­ment. Sa face interne est rugueuse, ce qui rend le scellement plus facile et plus solide au point qu’armé d’un lourd marteau de maçon, on tentera vainement de le fendre. Certes la pierre de verre portera l’érosion du coup, mais aucune fissure ne se produira. Il serait imprudent de faire le même essai sur des pierres de taille, alors que, le plus souvent, la gelée suffit à les fendiller. D’ailleurs, la pierre de verre est tellement dure, que, pour la travailler, pour y percer le moindre trou, il faut employer des instruments trempés au mercure.

 

Un produit peu cher

Pour les tessons de bouteilles, débris de verre ils ne seront jamais d’un prix très élevé. D’ailleurs il est possible de fabriquer un verre à bou­teilles commun à très bas prix. C’est ce que pratique déjà l’usine de Creil. Aussi, la pierre de verre se vend en conséquence de 8 à 10 francs le mètre carré. Ce prix est minime, lorsqu’on le com­pare à celui du ciment ou de la pierre de taille, sans moulure ni sculpture. Ce prix devient tout à fait surprenant lorsqu’il s’agit de pierres mou­lurées ou sculptées. On sait combien la sculpture sur pierre est oné­reuse, le procédé de fabrication du produit permet d’obtenir à bon compte des Pierres moulurées ou sculptées.

Ainsi donc, inaltérabilité de la pierre de verre, sa variété infinie de types, tant au point de vue du grain qu’à celui de la couleur, avantages de la fusion obtenus avec un produit similaire de la pierre. Telles sont les principales qualités de la matière mise désor­mais à la disposition des architectes, et qui va leur permettre d’obtenir de nouveaux et artistiques motifs de décorations.

Motif de la pierre de verre Garchey

Décoration de la pierre de verre Garchey

Solidité de la pierre de verre

Crashtest de l’époque…

 Pour donner à ce produit une consécration officielle, des échan­tillons de l pierre de verre  ont été soumis à l’examen, à divers essais au laboratoire de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées. Voici ce qu’il résulte de ces expériences officielles :

  1. Qu’à l’écrasement, la pierre de verre résiste à 2 023 kg. par centi­mètre carré, tandis que les matériaux les plus durs employés dans les constructions tels que le granit, ne résistent qu’à 650 kg.
  2. Que pour la gelée, la pierre de verre a subi, à différentes reprises, l’action de mélanges humides et réfrigérants de -20° de froid sans alté­ration, puisque, tout au contraire, elle a résisté après ces expériences, à une pression de 2 028 kg par centimètre carré.
  3.  Que sa résistance à l’usure manifestée par le frottement d’une meule à grande vitesse classe la pierre de verre immédiatement avant le porphyre de Saint-Raphaël. Pour prendre un point de comparaison bien connu parmi les pierres de taille les plus dures, à un rang très su­périeur à la pierre de Comblanchien, avec une différence de près du double.
  4. Qu’au choc déterminé par la chute d’un mouton pendule d’une hauteur d’un mètre et pesant 4,2 kg, il a fallu 22 coups en moyenne pour obtenir la rupture et trois coups eu moyenne pour la première fissure. En comparaison les pavés de laitier de haut fourneau et le quartzite du Roule  ( matériaux les plus employés en pavage et les meilleurs pour cet usage)  ne résistent qu’à dix-neuf coups dans les mêmes essais.
  5. Qu’à l’arrachement, l’effort par centimètre carré d’adhérence a été, pour obtenir un décollement, de 15,3 kg de telle sorte que la plaque céramique la plus courante, de 30/33, nécessiterait une force de 23000 kg pour être arrachée.

 

Conclusion :

Les documents officiels reproduits plus haut démontrent donc, qu’à tous les points de vue la pierre céramique dépasse, par l’ensemble de ses qualités, tous les matériaux de construction connus. Cela d’autant plus qu’elle est en outre très mauvaise conductrice de chaleur. Ceci permet de se dispenser de l’épaisseur ordinaire jusqu’à ce jour indispensable aux maçonneries. Nous rappelons enfin qu’au point de vue de la décoration aucune pierre ne peut rivaliser avec elle, tant comme aspect que comme prix de revient.

Liens & Sources

Ouvrage

  • livre 1902 : La verrerie à l’exposition universelle de 1900 par Jules Henrivaux.

 

Crédits Photos

Pochoir de gravure sur verre d’après le chimiste Hector Douillez

Cette vidéo tournée en Avril 2023 reproduit l’ancien procédé de fabrication d’un pochoir de gravure sur verre “diamanté” par encrage. Cette méthode de fabrication appliquée au verre plaqué couleur est le fait d’une seule famille de verrier : la famille Picard entre Lunéville en 1872 et Paris jusqu’en 1941. La famille Picard était d’origine juive, elle a été déportée en 1942 disparaissant avec son savoir-faire unique. Mais 80 ans plus tard… tout n’as pas été perdu…

Petit document mais grande découverte

 

Voici le rapport interne pour la glacerie de Jeumont rédigé par le chimiste décorateur Hector Douillez. Ce document exceptionnel a permis de reconstituer la technique du transfert Picard. Il faut souligner que ce document datant de 1898 est de toute première importance, puisqu’il confirme l’utilisation de procédé de pochoir par cliché héliographique et d’impression par encrage sur verre à vitre. En fait il y a très peu d’informations sur l’utilisation effective de ces techniques par les ateliers verriers de l’époque entre 1850 et 1900.  Cela dit aux vues de la complexité de certains rendus de verres mousselines par exemple, l’utilisation de procédé photosensible pour la réalisation de pochoir de gravure sur verre est une évidence. Mais aussi un secret bien gardé… qui est tombé dans l’oubli.

 

Avertissement. Les proportions manquantes dans le documents ne peuvent être communiquer que sur demandes justifiées (professionnel, chimiste, patrimoine). Elles ont été volontairement occultées du fait de la toxicités extrêmes de certains des produits employés.

Jeumont & Recquignies

Nous sommes en 1898 à la glacerie de Jeumont. La glacerie de Jeumont et celle de recquignies sont alors propriétés de la famille d’origine Belge Despret sous le nom : “La Cie des Glaces et Verres spéciaux du Nord”. En 1884 Georges Despret 1862 – 1952 succède à son oncle Hector Despret 1790 – 1884. C’est donc sous la direction de George Despret que ce rapport de pochoir de gravure sur verre par procédé héliographique a été rédigé par le chimiste et dessinateur Hector Douillez. A l’heure actuelle on ignore le parcours professionnel exact de ce chimiste. Mais une chose est certaine, il connaissait les procédés de fabrications de la famille Picard 1872 – 1941. C’est d’ailleurs ce qui rend ce document si précieux dans la compréhension de la fabrication des verres diamantés ou mousselinés par acide Fluhorydrique.

glacerie de jeumont

Glacerie de jeumont 1909

Glacerie de Recquignies

Recquignies en 1907

Pochoir de gravure sur verre

Retranscription annotée.

pochoir de gravure sur verre Mousseline gravée.

Description : Ce procédé est un système d’imprimerie qui consiste à produire un dessin sur un papier et de le décalquer sur verre, la décalcomanie des enfants. Ce dessin est formé avec un vernis inattaquable par l’acide HFl (Acide Fluorhydrique).

 

Il Faut donc un cliché (ou) une plaque, une pâte a imprimer. Le cliché est une glace polie assez épaisse gravée fortement à l’endroit des traits du dessin. Il y des traits de toutes les grosseurs suivant les ombres.  La Figure : 1 représente le creux de gravure des traits dans le cliché.

NDL : il s’agit donc d’un cliché photogravé en creux permettant le transfert d’un motif sur du verre à l’aide de pâte à imprimer un peu comme de la décalcomanie.

Méthodes

  1. Classique : On prend une glace un peu plus grande que la grandeur du dessin à reproduire. Ensuite on enduit cette plaque de vernis ordinaire (Bitume de judée). Puis au moyen d’une pointe on enlève le vernis suivant le dessin à reproduire. Enfin, on grave à l’acide HFl.
  2. Plaque photographique. On fait sur une glace polie le dessin que l’on veut reproduire au moyen de la grisaille (peinture vitrifiable) et de l’essence. A noter que l’on peut se dispenser de cuire la plaque, (Fixation de l’émail) le but c’est de rendre opaque les parties du dessin à reproduire que les rayons solaires ne puissent traverser les traits. On couche ensuite une autre glace qui la plaque avec un vernis préparé comme suis, vernis sensible à la lumière et résistant à l’acide Fhl.

 

NDL : En fait c’est donc un procédé photosensible (héliographique à l’époque) d’un côté, ainsi que la réalisation d’un négatif ou positif d’un dessin ou motif à reproduire de l’autre. Le tout pour réaliser un pochoir de gravure sur verre par acide HFl.

Procédé Picard

(Suite du document)

Pour Rappel : La famille Picard est une famille d’origine suisse, qui fabrique d’abord des verres de montres à Lunéville en 1872. Elle détient ensuite un procédé de pochoir de gravure sur verre qu’elle utilise dans la fabrications de verres dit “diamantés” et  “mousselinés” à Paris de 1880 à 1941.

Picard et Cie 1900

Entête Picard et Cie Paris 1900

Le cliché

  • Recette – 1:  D’abord prendre XX litres de vernis noir à peindre ordinaire, ajouter XX de Caoutchouc
  • Ensuite on dissout le tout dans du sulfure de Carbone (le Sulfure de carbone est un produit hautement toxique et très volatile il vaut mieux s’abstenir d’utiliser ce type de produit chimique, c’est ni bon pour l’opérateur, ni bon pour l’environnement)
  • Enfin on ajoute XX litre d’essence de térébenthine, et de la cire jaune avant de fondre le tout dans un bain Marie. Ce vernis est épais et doit de coucher bien uniformément.

 

  • Recette – 2:  XX Mesures d’essence de térébenthine
  • XX Mesure de Bitume de Judée
  • XX part de Cire Jaune
  • On fond le tout en Bain Marie. On ajoute ensuite XX parts de Caoutchouc Dissous
  • Enfin, on termine avec XX part de sulfure de Carbone.

 

NDL : Dans les 2 cas, cela donne donc un produit photosensibilisé à la lumière du jour. Le document n’en parle pas, mais cela coule de source pour l’époque. Appliqué uniformément d’une manière inconnue sur une plaque de verre épaisse poli douci parfaitement plate.

On récapitule.

Nous avons :

  • Une glace polie avec dessin à la grisaille cuite ou non. (Dans notre cas c’est un positif) 
  • Une glace enduite d’une couche d’un vernis photosensibilisé (hors lumière du jour).

Placer la glace avec le dessin sur celle sensibilisée à la lumière. Puis on l’expose au soleil.

NDL : Nous sommes à Jeumont dans le Nord de la France, pas autant de soleil que dans le sud, et de la pluie plus fréquente. L’exposition se fait donc dans des serres ou verrières prévues à cet effet.

Résultat : Les parties du vernis photosensible exposées au soleil se durcissent et deviennent insolubles dans le pétrole ou l’essence, tandis que les traits à l’ombre sont solubles après une exposition d’un jour. On lave ensuite la glace vernie avec un tampon de pétrole qui dissous alors le vernis laissant ainsi apparaître les traits que l’on gravera ensuite à l’acide.

NDL : Nous avons ainsi un pochoir de gravure sur verre obtenu par cliché héliographique qui une fois gravé devient une matrice d’impression.

 

Explications chimiques :

Cet effet sur le bitume de Judée est du au sulfure de carbone qui se décompose lentement sous les rayons solaires devenant alors du photosulfure de carbone insoluble. (Hector Douillez)

La pâte à imprimer Picard

Ingrédients de la pâte a imprimer Picard

Stéarine, bitume de Judée, cire jaune…

Composition

  • Bitume de judée
  • Cire Jaune
  • Stéarine
  • Suif
  • Saindoux
  • Poix
  • Résine
  • Essence de térébenthine

 

Procédure :

Fondre très lentement (au bain Marie). On commence par étaler la pâte à l’aide d’un couteau a mastiquer que dans les partie gravées (en creux). Ensuite on prend un papier de soie frotté au blanc d’Espagne (?) et on l’applique sur la plaque enduite de pâte à imprimer. Après cela on passe un rouleau en caoutchouc, puis on tire le papier adroitement qui emporte avec lui le vernis déposé dans les creux des parties gravées. On le dépose ensuite sur le vitrage que l’on veut graver on l’étend avec la main puis on le frotte légèrement avec un linge. On mouille la feuille de papier qui abandonne alors la pâte qui reste ainsi fixée au verre.

NDL : Précautions à prévoir, un masque pour se protéger des vapeur de solvant, et un système de cuisson sans flammes.

Le rendement

Pour ce pochoir de gravure sur verre, un homme ou une femme peuvent ainsi tirer 10 mètres par jours. Pour la gravure à l’acide et son nettoyage c’est 30 M2.

 

La gravure à l’acide fluorhydrique.

Pour la gravure à l’acide diamanté 1 Heure de temps pour ½ heure de rinçage a l’eau.

  • Notes Le mat est formé de XX de cristaux de soudes pour X d’acide FHl en agitant le tout
  • L’acide à graver est coupé de XX d’eau.

Avant la gravure chauffer la plaque de verre à 20° Celsius. Précautions, avant d’imprimer bien nettoyer le vitrage à l’essence de térébenthine .

Sources

Le verre Mousseline avec Pauline Kuntz

Pauline Kuntz est actuellement en doctorat en Design et Métiers d’Art à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne. Elle travaille sur les nouveaux modèles économiques et sociaux des métiers d’art. Dans ce cadre elle m’a contacté en Juin 2022 pour solliciter un entretien. L’idée était que je lui expose ma démarche et ma façon d’aborder les recherches que je mène depuis bientôt 9 ans sur l’histoire du verre mousseline et des vitrages décoratifs.

Objet en grains de verres

Son Parcours

Tout d’abord, Il faut savoir que Pauline Kuntz vient d’une famille d’artisans verriers sur 5 générations à la cristallerie Lalique, voici son parcours.

 

Yzeure dans l’Allier Ecole nationale du verre

  • 2018 : Diplôme des métiers d’arts, décor architectural spécialité verre et cristal

 

Ecole Supérieure du Design et des Métiers d’arts d’Auvergne à Yzeure

  • Diplôme Supérieur des Arts Appliqués, Produit spécialité savoir-faire et Territoire en 2020

 

Institut universitaire d’Allier Moulins.

  • 2021 : Licence Professionnelle des Métiers de l’entrepreneuriat, entreprendre en territoire rural.

 

Université Jean-Monnet, Saint-Etienne

  • Master 2 Design et Métiers d’Art en 2022
  • Statut d’Etudiante entrepreneure

*Statut permettant aux jeunes diplômé(e)s et aux étudiant(e)s d’élaborer un projet d’entreprise dans un Pépinière d’entreprise.

IMPRAE

(Impraegnatio Latin Médieval : Action de concevoir)

Pauline Kuntz IMPRAE

Pauline Kuntz Atelier IMPRAE

Fondée à Dompierre-sur-Besbre en 2021 par Pauline Kuntz, Imprae est un atelier travaillant principalement le verre plat sous forme de grains de verre, par les techniques de thermocollage et de thermoformage.

Ce travail de la matière est ensuite, guidé par une démarche créative d’expérimentation. Couplée à une activité de sur-mesure pour la décoration d’intérieur, l’atelier est aussi un studio de création : des objets décoratifs tels que des horloges, des bougeoirs ou des luminaires sont conçus et fabriqués, ainsi que des objets d’art de la table, de mobilier et d’application architecturale.

Entretien avec Pauline Kuntz

Entretien réalisé en mai 2022. En voici le résumé illustré clarifiant ma démarche d’Artisan verrier mousselineur de verre. Bonne Lecture C.F

Démarche de l'atelier du verre mousseline

Enquêter

Pauline Kuntz :   Comment en êtes-vous venu à travailler le verre mousseline ?

Christian Fournié : “A mon installation, j’étais en contact avec les miroiteries. J’avais le matériel pour fabriquer du verre mousseline sablé, appelé aussi verre “mousseliné”. Mais je ne connaissais rien de son histoire.  Je n’avais alors qu’un catalogue d’époque dont j’imitais les motifs par sérigraphie. Dès le départ j’ai eu de la demande, dans le domaine de la miroiterie et du vitrail.

 

Sur le verre mousseline.

A l’époque en 1999 le vitrailliste local, Thierry Bianco m’a fait comprendre que j’avais des lacunes en fabriquant quelque chose dont j’ignorais les tenants et les aboutissants. Je cite « Si tu veux vendre du verre mousseline à des professionnels, il faut que tu maîtrises ton sujet ». A partir de là, approfondir ma culture du verre mousseline m’est resté en tête, même si je ne pouvais pas le commercialiser. En effet en 1997, il fallait passer par des intermédiaires pour la vente. J’ai alors mis de côté le verre mousseline car je ne pouvais pas pérenniser mon entreprise sur ce modèle. Je suis donc resté dans le verre contemporain jusqu’en 2013.”

 

Où trouvez-vous vos sources historiques ?

“Je travaille comme dans une enquête policière. D’abord je trouve des objets physiques, en général des fragments de verre ou des photos, à partir desquels j’essaye de trouver le mobile. Je remonte une piste, je cherche des suspects.  Qui a pu fabriquer ça, où et quand. Avec de la chance, les bons noms, les bons lieux, les bonnes dates peuvent être très vite trouvées. Ensuite je cherche la méthode, le brevet, les plans, les machines. Mais dans le travail historique que j’ai réalisé, il y a encore des zones d’ombres entre 1842 et 1860 par exemple. J’ai bien quelques éléments mais rien de tangible. La procédure commence toujours par une recherche plus générale au départ, à la Bibliothèque nationale de France. j’y recherche des écrits dans la base de données Gallica selon les indices et les noms que j’ai trouvé.

 

Les Collaborations

Pour la généalogie des verriers il y a l’association GenVerre en Lorraine. J’interviens lorsque j’ai des noms de familles précis. Ainsi, je déclenche parfois des discussions sur leur forum et réalise une veille permanente sur des mots clefs et sites web. Parfois aussi, ce sont aussi des personnes de l’extérieur qui me contactent pour me donner certains éléments d’archives sous forme de donation ou de ventes. Sur le plan universitaire, seulement deux thèses portent sur le sujet. L’une d’elles étudie le verre plat du XIXe siècle dont le verre mousseline. Lors de mes recherches, je numérise et stocke les documents, pour ensuite les restituer quand c’est possible.”

Enquete sur le verre mousseline

Enquêter

Reconstituer

Question de Pauline Kuntz : En cherchant à reproduire le vitrage du XXe siècle, vous expérimentez d’anciens procédés propres au verre plat. Considérez-vous votre pratique similaire à l’archéologie expérimentale ?

“J’ai toujours considéré mon atelier comme un laboratoire. La manière dont j’aborde l’artisanat est expérimentale.  Nous sommes très peu d’artisans à exercer cette pratique, à pousser les choses aussi loin. Le travail historique et d’investigation que je réalise n’est pas nécessaire à la survie de l’atelier, rien ne m’y oblige. Je le fais par passion, parce qu’il y a une mémoire à déterrer, une mémoire à garder. De mon côté j’ai déjà perdu trop de temps, je n’ai pas assez rencontré de personnes physiques pour participer à ces recherches ; je n’avais pas pris conscience tout de suite du problème.”

 

Déterrer cette mémoire permet-elle de transmettre les connaissances à une nouvelle génération ?

“Le but est là. Notre époque actuelle est en fin de cycle, débutée au Néolithique avec principalement une évolution dans les technologies. Mais les problèmes sociétaux sont les mêmes et transparaissent. Je crois en un nouveau monde, une transmission doit se faire aujourd’hui. Le passé verrier du XIXe siècle permet de remonter là où les sources d’énergie n’étaient pas aussi développées. Quand j’ai dépoli du verre avec des galets, ça m’a certes amusé, mais la manipulation fut difficile, pouvant par exemple être solutionnée par la force éolienne dans ma région. La crise énergétique actuelle pose de nombreuses questions, elle invite à étudier les anciennes techniques. Les déterrer participe à la prise de conscience du moment et peut faire sens.”

PK : Votre démarche est progressive et déductive. Vos intuitions, si nous pouvons les qualifier ainsi, se manifestent-elles grâce à vos expériences et à vos connaissances accumulées dans le temps ? Comment arrivez-vous à détecter les voies créatives, si vous considérez qu’intervient une part de créativité dans votre démarche ?

C. F : “Grâce au côté autodidacte, d’apprendre par moi même. J’avais essayé en 1984 de devenir sérigraphe, j’ai découvert la photosensibilité. Avec le catalogue en verre mousseline qu’on m’avait remis, j’ai fait le lien entre la sérigraphie et le verre mousseline. Ce n’est pas tout à fait ça, la photosensibilité intervient pour fabriquer le pochoir en cuivre, mais la connexion entre les deux techniques m’avait mis sur la voie. La cohérence se trouve au fur et à mesure, au départ il n’y a pas d’objectif. Quand j’effectue des recherches, des intuitions arrivent. Elles s’avèrent quelquefois justes, quelquefois fausses. J’essaye de me mettre dans le contexte de l’époque, il faut de l’imagination.”

 

Autre question : Les connaissances issues de vos expérimentations, de vos recherches, sont-elles principalement techniques et historiques ?

Réponse : “Elles sont regroupées. Il faut quand même comprendre l’action des abrasifs sur le verre pour comprendre comment les techniques fonctionnaient. Le verre de couleur taillé à la roue reste par exemple un mystère. Plein de choses sont encore mystérieuses, je vois les difficultés que j’ai aujourd’hui pour fabriquer ces verres, même avec la lumière de bonne qualité qu’ils n’avaient pas à l’époque. Ils devaient certainement tailler face à des fenêtres comme dans les anciennes cristalleries. Sans aucune traces écrites, descriptions, photos ou gravures, je ne peux qu’émettre des suppositions et essayer de comprendre certaines choses en pratiquant par moi-même.

 

Le rôle du geste

“Par exemple, le rôle du geste par la répétition. La main a une mémoire et on fait automatiquement les bons gestes sans forcément voir avec l’œil.  Simplement parce que la main sait où se placer, entre le vitrage et la meule. C’est instinctif et c’est une constatation que l’on ne peut faire qu’en expérimentant.”

meule de gravure sur verre

Reconstituer

Fabriquer et Transmettre

Lors de votre parcours, vous avez acquis de l’expérience dans plusieurs miroiteries qui ont, les unes après les autres, fermées. Quelles peuvent être les causes de ces fermetures ? Ce déclin est-il dû au matériau verre même ?

L’activité des ateliers verriers et miroiteries n’est pas linéaire. Même en remontant dans l’histoire, ce n’est pas dû à notre époque. En fait ce phénomène se constate dans les sciences de la verrerie en général. Premièrement, en verrerie nous ne pouvons pas arrêter les fours du jour au lendemain, une activité minimum doit être maintenue pour ne pas mettre en péril le matériel même. Dès le XIXe siècle, notamment dans l’histoire de la verrerie de Penchot de 1842 à 1954 vous avez ainsi plusieurs faillites et phénomènes catastrophiques comme les crues du Lot. Je pense que c’est propre à l’activité des verreries, à leurs contraintes géographiques de l’époque généralement situées dans des bassins miniers à proximité d’aciéries.

 

Sur les Fluctuations.

Dans l’histoire de mon atelier j’ai aussi eu des vagues, vous avez des pics d’activité puis de fortes descentes, c’est très fluctuant. Tout dépend des domaines, des événements extérieurs. Quand vous avez des problèmes liés à une gestion d’activité, vous pouvez modifier votre activité pour vous adapter à un certain marché. Mais à présent, nous sommes entrés dans une période très chaotique. En terme commercial, on ne peut plus se fier à l’expérience passée. Et les possibilités d’actions sont limitées et plus aléatoires.”

Pauline Kuntz, dernière question : Dans vos recherches, on constate que vos prédécesseurs décorateurs verriers ont laissé peu de traces. Est-ce que la sauvegarde de ce patrimoine et laisser des traces de vos recherches animent votre métier ?

 Il y a ici tout un système de sauvegarde. Sauvegarde extérieure, numérique, mais quand vous prenez des associations comme le Centre de Mémoire de la verrerie d’en Haut à Aniche. Ils ont quand même mis de nombreuses années à trouver un four Fourcault. Certains fouillent comme moi, cherchent des éléments pour les reconstituer. Toute nouvelle technologie atomise la précédente. Le peu de choses qui restent de ce passé industriel est étonnant, c’est pour cela que j’agis, avant la disparition totale. En fait on ne peut pas faire revivre un patrimoine qui a été oublié et qui a disparu. On peut juste reconstituer une histoire avec plus ou moins de justesse, en évitant la nostalgie qui n’a sans doute pas lieu d’être au vu des conditions de travail de l’époque. Le tout est d’essayer de redonner un peu de mémoire des hommes qui ont œuvré dans ces inventions, fabrications, et créations.”

graver du verre

Fabriquer