Verre mousseline en tulle brodée
Les différentes méthodes de fabrications des verres mousselines de 1841 à nos jours.
1/ D’abord le premier article : la Fabrication du verre mousseline par émaillage en 1841
2/ A présent : la fabrication du verre mousseline en tulle brodée par saupoudrage.
3/ Ensuite la Troisème partie : Fabrication du verre mousseline par acide.
4/ Pour finir : Le sablage.
Verre mousseline en Tulle brodée
Des rideaux imprimés
le verre Mousseline en tulle brodée est sans doutes le plus élaboré des verres à vitres décoratifs du milieu du 19ème siècle. Il est aussi le plus facile à reconnaître et très probablement le plus ancien.
Il se caractérise éssentiellement par la finesse des motifs reproduisant littéralement un rideau de tulle brodé, d’ou son nom le Mousseline Tulle ou Mousseline Tullé.
Le procédé de production de l’époque aux allures très simpliste est en réalité très complexe à reproduire. C’est également vrai avec les moyens de reproductions actuelles qu’ils soit numériques ou plus proches du bricolage. La finesses des trames le rend très compliqué à réaliser.
Le décor sur verre à plat.
Pour simplifier, en pratique, il n’y a que deux manières de réaliser un décor sur verre. Soit on enlève plus ou moins de matières (Dépolissage ou gravure sur verre) soit on en dépose (peinture sur verre, impression).
Dépolissage et gravure sur verre
Dans le contexte du 19ème siècle les moyens pour graver le verre sont limités et relativement violents. Vous avez la gravure à la roue (meules) issue des cristalliers, la gravure sur verre plat à l’acide fluorhydrique qui ne sera vraiment au point qu’à partir de 1876, et le dépolissage par abrasion directe (avec des galets par exemple). Il existe même une machine à strier le verre.
En résumé : Avant la fin du 19ème siècle et à l’exception de la taille du cristal, il est compliqué de réaliser un décor sur verre en lui enlevant de la matière dans les ateliers des verriers décorateurs de l’époque.
Peinture sur verre et impression
A l’opposé de l’enlèvement de matière par abrasion, il est bien plus simple d’en rapporter par saupoudrage notamment. C’est le cas de la peinture sur verre réalisée à l’aide d’émaux déposé à l’aide de pinceaux ou de pochoirs. Les peintres verriers Lémal et Raquet iront même jusqu’à rajouter des impressions d’émaux de couleurs par lithographie en 1880.
Saupoudrage
Un procédé très simple
Il y a deux manières d’utiliser le saupoudrage pour la réalisation de verres mousselines.
Saupoudrage et pochoir rigide
C’est la manière la plus simple pour réaliser un décor émaillé sur verre. Il s’agit d’utilisé un pochoir rigide en carton ou en métal ajouré de le positionner sur le verre à plat pour ensuite le saupoudrer d’émail. En fait c’est un peu comme les décors en sucre glace en pâtisserie…
Pour le verre mousseline en tulle brodée c’est la même chose, mais c’est le pochoir qui change. En effet le décor sur les verres mousselines tullés est réalisé par saupoudrage d’émaux à travers les mailles d’une véritable tulle en mousseline brodée tendue permettant ainsi une impression de rideau sur la surface d’un vitrage le plus souvent mat.
La boite a poussière de Mr AUBRIOT
Une idée ingénieuse
Derrière cette appellation de” boite a poussière” qui peut paraître insolite se cache en fait une invention très ingénieuse. C’est l’oeuvre de Mr Joseph Aubriot beau-fils de Louis Napoléon Gugnon, principal fabricant de verres mousseline à Paris en 1870. Cette invention est surtout destinée à la fabrication du verre mousseline en tulle brodée par dépôt d’émail. Bien que ce procédé est été utilisé au moins jusqu’en 1925 par la verrerie Lapeyre de Penchot en Aveyron, il n’y a pour le moment aucun documents photographiques nous montrant clairement cette invention. Cela dit en même temps ce n’est pas vraiment surprenant quand on connait un peu les milieux verriers très avares de leurs secrets.
Néanmoins un document de la société d’encouragement des Arts Chimiques daté de 1877 (2), (voir article plus détaillé) décrit son procédé et ses inventions. On y trouve notamment les planches ci-dessous.
Le Principe :
Il s’agissait d’une grande boîte probablement en métal, dans laquelle un dispositif de vapeur soulevait un nuage de « Grisaille Mousseline » (émail) et de vapeur d’eau gommé (mélange d’eau et de gomme arabique). Ce Nuage très probablement très précisément dosé se déposait ensuite dans les interstices d’une tulle brodée préalablement tendu sur un vitrage. Le tout était ensuite cuit dans un four à mouffle pour la cuisson et fixation de l’émail. Le résultat final donnait alors une reproduction complète et très fidèle du motif imprimé sur le tulle.
Sources
Sources et liens.
- D’abord le Conservatoire des Arts et métiers: CNUM Conservatoire des Arts et Métiers.
- Ensuite la thèse consacrée à Eugène Stanislas Oudinot de la Faverie artiste peintre-verrier (1827-1889) et le renouveau du vitrail civil au XIXe siècle par Amelie Duntze-Ouvry
- Enfin le site dédié à la généalogie : https://www.geneanet.org/
- Remerciement au Forum Genverre pour les liens : https://www.genverre.com/
- La planche de décor “Dessins de verre mousseline” vient du Catalogue Gugnon 1870 : Ville de Paris/Bibliothèque Forney.
- Merci pour les autorisation de publications. C. Fournié Janvier 2023