. Les Miroitiers Archives – Page 2 sur 2 – Atelier du verre mousseline

Façonnage du verre et des glaces

Pour commencer, voici un court reportage assez touchant réalisé aux Etats-Unis sur la cote ouest. Cette démarche est née d’un besoin de communiquer sur la disparition du façonnage du verre à la main, aux Etats-unis.

Film réalisé et produit par Filmkik .com

Bob Zatasvasky

Biseautage manuel

biseautage manuel du verre

Bob Zatasvasky à 40 belles années d’expériences. Il est très probablement est un des derniers verriers aux Etats-Unis à pratiquer cet artisanat manuel de façonnage du verre aux Etats-Unis. Il travaille pour l’atelier d’art verrier “Hyland Studio” de Santa Clara en Californie.

 

En effet il faut savoir, qu’aux Etats Unis comme en France la découpe, le biseautage, la gravure, l’argenture ou le façonnage du verre et des glaces ont été littéralement “atomisés” par le façonnage industriel du verre. Les coûts très élevés des heures nécessaires à ces travaux manuels rendent leurs conditions de commercialisations particulièrement difficiles.

 

Paradoxalement alors que beaucoup de ces savoirs faires manuels sont nés en France, il faut sortir de notre pays pour voir encore toutes ces disciplines associées ensembles dans quelques ateliers actifs,  en Grande Bretagne, Russie ou Tchéquie voir même en Turquie ou en Inde…

La Miroiterie définition

Argenter du verre

A savoir :  la désignation du mot “miroitier” vient du terme miroiter, argenter. C’est à dire d’abord déposer une mince couche d’argent (au départ du Mercure puis du nitrate d’argent) sur une face d’une plaque de verre pour ensuite lui donner un coté réfléchissant.

La vidéo ci dessous a été tournée chez Saint-Gobain à Aniche en 1972.

Le façonnage du verre et des glaces

Du coté de venise

A l’origine le façonnage du verre et des glaces est indissociable de l’argenture. Il s’agit de réaliser différents types de finitions par gravure et polissage soit sur les bordures soit sur le vitrage lui-même. C’est un savoir-faire qui vient de venise berceau de l’argenture du 14ème siècle. Les miroirs de ce type richement décorés s’appellent d’ailleurs toujours miroirs de venise, miroirs vénitiens ou glaces vénitiennes. Ils sont traditionnellement composés de plusieurs éléments décoratifs en pourtour d’une glace centrale en général.  Ce travail de façonnage du verre nécessite de multiples manipulations succéssives se fait donc sur de petites surfaces de glaces. Celles si passent en fait de meules en meules horizontales ou verticales aux grains de plus en plus fins pour le faconnage des glaces jusqu’au polissage puis l’argenture.

miroiterie Gaston Codoni

Façonnage des glaces Gaston Codoni 1908

L’ESSOR D’UN MÉTIER

Mécanisation et commerce.

Pendant longtemps, la découpe de verre a vitre, le façonnage du verre et des glaces, ou la gravure mécanique par roues ou meules, associé à l’argenture et l’encadrement furent les principales activités des miroitiers. Les progrès de la gravure par acide de la mécanisation, et plus tard du sablage, ont donné un véritable élan à ce métier. Certains pratiquaient eux mêmes ces nouvelles techniques de décoration et façonnage du verre et des glaces, mais beaucoup d’autres revendaient déjà des productions industrielles sur mesures ou non fabriquées par les grandes glaceries de l’époque, y compris les gravures à l’acide.

gramont miroitier paris

Miroiterie Gramont Pongor Paris

Tarif des verres a vitres Albert Pongor

AGENCEMENT DE COMMERCES

Enseignes, glaces, vitrines…

Une miroiterie comme celle de Gaston Codoni, rue Parmentier à Paris (1832 – au moins 1913) proposait dans ses ateliers : la Menuiserie, l’ornementation, la dorure, la sculpture (bois), l’étamage (argenture), le biseautage. Mais aussi, la gravure à la roue… Ces miroiteries produisaient des trumeaux, glaces argentées, psychés, paravents, et enseignes peintes sous glace (reverse glass) ou gravé au jet de sable sur marmorite ou opaline. Ainsi que des panneaux, lettrages émaillés et tout le nécessaire à l’installation de commerce de l’époque… Cet atelier fournissait tous les types de vitrages industriels de l’époque, verre mousseline ou verre diamanté Picard et bien sur les verres spéciaux de Saint-Gobain Chauny et CireyReste à définir réellement ce qui était effectivement fabriqué par cette miroiterie, et ce qui était revendu ou sous traité ailleurs…

Miroiterie Codoni 1894

Miroiterie Codoni 1894

CE QU’IL RESTE AUJOURD’HUI

Des cartes postales…

Aujourd’hui le façonnage du verre et des glaces en miroiterie (comme ci-dessous) a quasiment disparu en France. Il ne reste plus aucun Maîtres miroitiers façonneurs argenteur, travaillant sur lapidaires en activité avec autant de savoirs faire dans leurs ateliers. Le compagnonnage a également disparu dans les miroiteries depuis la fin des années 70. Seul quelques ateliers artisanaux de décorations sur verres, ou dans les vitraux, isolés les uns des autres utilisent quelques-unes de ces techniques dans une bien moindre mesure.

Faconnage du verre et des glaces

Façonnage du verre les lapidaires. (Perpignan)

LES RAISONS D’UNE DISPARITION.

De multiples facteurs

LA TECHNOLOGIE

Dès 1910 Les premières machines biseauteuses verticales dédiée au façonnage du verre et des glaces apparaissent. Elles sont ensuite suivies par d’autres innovations comme les ponceuses à bandes abrasive également verticales. Puis par la suite à la fin des années 80 des machines de façonnages numériques sur 3 axes (3D) produites essentiellement en Italie, révolutionneront le façonnage du verre et du marbre. De plus il faut rajouter à cela l’arrivée des technologie Float de fabrication du verre plat entraînant la manipulation de grands formats de vitrages allant jusqu’à 6 x 3 mètres, nécessitant ainsi une mécanisation de la découpe manuelle du verre. Le coût matériel de ce type de technologie, hors de portée de l’artisanat, réservera cela à l’industrie. En fait aujourd’hui la majorité des petites miroiteries sous-traitent leurs façonnages à des usines industrielles.

ancienne biseauteuse

Machine de miroiterie Michaud de 1910

L’ÉVOLUTION DES STYLES ET DES MODES.

En matière d’art décoratif , la France à été un pays phare, ou plusieurs styles se sont succédé. Ils apportent alors, chacun leurs innovations en termes de décorations et mise en œuvre. Ainsi par exemple le sablage du verre connu son âge d’or à l’époque art déco. En effet les lignes géométriques de ce style s’accordaient particulièrement bien à cette technique. C’est surtout à partir des années 50 que les choses changent. On ne parle plus alors de styles décoratifs mais de design industriel, dans toutes les disciplines. L’évolution technologique et la standardisation des goûts par l’industrie, leurs médiatisations, leurs robotisations, ou délocalisation entraînèrent le déclin du travail manuel en France. Ainsi des pans entier d’économies et métiers qui leurs étaient liés ont disparus ou se sont marginalisés.

Tout n’est pas perdu

David Adrian SMITH (uk).

Avant toutes choses, la préservation d’un savoir faire est bien souvent le choix d’initiatives individuelles quelques soit l’époque.

 

Il faut savoir, que dans les pays Anglo-Saxon, la décoration et le façonnage du verre et glaces sont souvent associés à la réalisation d’enseigne, plus que dans la miroiterie. Une personne se distingue particulièrement dans ce domaine, par son action de préservation des savoirs faires de l’époque. Il s’agit Dave A Smith graveur-verrier traditionnel au Royaume-Uni.

Formé au départ dans un atelier de lettres peintres traditionnelles chez Gordon Farr & Associé au Royaume-Uni, il s’est ensuite principalement formé au chez Rick Glawson aux Etats-Unis pour le travail verrier traditionnel et la dorure. En 1992 il fonde son propre atelier de décor de lettrages peints à Torquay dans le comté du Devon au Royaume-Uni.

A présent, après avoir vendu son entreprise à l’apogée de son succès, il se consacre à sa passion pour le travail du verre Victorien (contemporain du style Empire) associant peinture, dorure, gravure à la roue et a l’acide avant que cet art ne disparaisse… Son savoir-faire est bien vivant et très impressionnant, il donne une idée claire de ce que pouvait être le travail du verre plat à la fin du XIXème siècle.

Aujourd’hui nous sommes au XXIème siècle, et soucieux de sa dette envers ses pères formateurs, il n’hésite pas à partager et enrichir ses connaissances à travers des cours des tutoriaux ou des chats par le biais de son site web : http://davidadriansmith.com/

Avec l’aimable autorisation de Dave A Smith graveur-verrier (UK)

NDL : Dave , thank you again for your permission.

David A Smith : http://davidadriansmith.com
https://www.facebook.com/davidsmithartist

Un Film de Danny Cooke :  dannycooke.co.uk
Musique Tony Higgins (Junior85): freemusicarchive.org/music/junior85/

Liens et sources

Sources

  • D’abord, Lucien Lasnier : “Préçis de Miroiterie et de Vitrerie” Edition PPC Paris 1947
  • Ensuite les revues ” le Miroitier de Fance” N°22 et 23 de 1929
  • les Revues “Glaces et Verres”  St-Gobain
  • Le Catalogue Adler 1938
  • Catalogue Machines de Façonnage MICHAUD 1926
  • Catalogue Miroiterie CODONI 1908
  • Et aussi les tarifs et catalogues Gramont – Pongord 1913
  • Enfin les archives de l’atelier de gravure sur Verre Léopold Van Lierde

 

Téléchargements :

 

Liens vidéos

Miroiterie ROBCIS – GRAMONT

Ce catalogue de verres fantaisie Mousseline, en très bon état de conservation est daté manuscrit de 1898 et provient de la miroiterie Robcis. Il porte le tampon de Gramont – Moreau, alors repreneurs de la maison ROBCIS. En fait les miroitiers ne sont pas des fabricants de verres mousselines, il s’agit donc plutôt de vente au détail. On y retrouve assez largement les fabrications de l’atelier Lémal et Raquet successeur du peintre verrier Gugnon Fils Rue du Faubourg St-Denis à Paris. Notamment les verres mousseline Tulles ainsi que des demi-tons. Mais il y a certainement aussi d’autres fournisseurs verriers industriels de l’époque. Le document peut -être téléchargé en HD sur la page suivante :  Robcis verre de fantaisie.

SUTTIN et Successeurs

Cette miroiterie importante anciennement située au 75 Rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris, a été fondée en 1805 par un certain M. SUTTIN. Cette maison à ensuite traversée le temps au fil de ses repreneurs, successeurs jusque dans les années 30.

 

Les Miroitiers successeurs.

 

  • SUTTIN
  • ROUCHONNAT
  • GUIBILLON
  • Gustave ROBCIS
  • DUBOSSON
  • GRAMONT – MOREAU
  • PONGOR

Gustave ROBCIS FABRIQUE DE MIROITERIE

L’article ci dessous nous en dit un peu plus sur cette miroiterie.  Il s’agit d’un texte publicitaire tiré du journal “L’ILLUSTRATION” paru en Mars 1883. Le texte est quasi littéral et a juste adapté pour la parution sur le web.

Grande miroiterie ROBCIS Paris 1883

Miroiterie ROBCIS Faubourg St-Antoine PARIS 1883

Une Maison Fondée en 1805

 

La Maison de Miroiterie dont nous nous occupons a été fondée en 1805 par M. SUTTIN. M GUSTAVE ROBCIS, notable commerçant, en est le propriétaire actuel.

Tout d’abord, la fabrication de cette maison était limitée aux verres à vitres, quoique cette dernière offrît fort peu de différence avec celle des verres à glace. G ROBCIS, décidé à donner à la Miroiterie une véritable impulsion, afin de satisfaire aux exigences du goût moderne (1883). Pour cela il fit installer l’importante succursale, dont l’adresse est indiquée plus haut. (75 Rue du Faubourg St-Antoine à Paris)

Grâce à cette décision, M. ROBCIS a obtenu la récompense de ses efforts. Ses merveilleuses créations ont été justement remarquées par le jury et le public, lors de l’exposition des Arts décoratifs, au palais de l’Industrie. Ce n’est cependant pas sur les moyens employés à la fabrication des glaces que nous voulons attirer l’attention de nos lecteurs, mais bien sur celle de l’encadrement.

 

De Grandes Glaces

 

En effet quel que soit son degré de perfection, ce n’est qu’à l’aide de celui-ci qu’une glace arrive à produire l’effet désiré.

A l’origine, les plus grands miroirs n’avaient que des dimensions restreintes. Ainsi était-il possible de laisser aux cadres les proportions qui permettaient à l’artiste de fouiller en plein bois ou de ciseler dans le métal.

Mais aujourd’hui, en présence de la grandeur des glaces, il a fallu renoncer à ce genre d’ornementation devenu trop coûteuse. G ROBCIS a voulu réagir et tenant compte de la question économique, revenir à ce qui se faisait autrefois. Aussi Il a remplacé le bois et le métal par un moulage spécial en carton-pâte et des procédés de moulages et de peintures perfectionnées. Il est arrivée à obtenir de cette matière des effets de décoration vraiment surprenants. Le tout en conservant le ton des divers bois ou le reflet des divers métaux.

Gramont – Pongor

Entêtes d’époque.

Miroiterie C. Gramont 1913

Fabrique de miroiterie C. Gramont 1913

Miroiterie Albert Pongor

Albert Pongor – Gramont

Crédits et ressources

  • Document original :  “Verres de Fantaisie Mousseline – Cannelé” Gustave ROBCIS Paris 1898.
  • Article du journal “L’ILLUSTRATION” Mars 1883