. Façonnage du verre et des glaces – Atelier du verre mousseline
  verrerie mousseline 2023

Façonnage du verre et des glaces

Pour commencer, voici un court reportage assez touchant réalisé aux Etats-Unis sur la cote ouest. Cette démarche est née d’un besoin de communiquer sur la disparition du façonnage du verre à la main, aux Etats-unis.

Film réalisé et produit par Filmkik .com

Bob Zatasvasky

Biseautage manuel

biseautage manuel du verre

Bob Zatasvasky à 40 belles années d’expériences. Il est très probablement est un des derniers verriers aux Etats-Unis à pratiquer cet artisanat manuel de façonnage du verre aux Etats-Unis. Il travaille pour l’atelier d’art verrier “Hyland Studio” de Santa Clara en Californie.

 

En effet il faut savoir, qu’aux Etats Unis comme en France la découpe, le biseautage, la gravure, l’argenture ou le façonnage du verre et des glaces ont été littéralement “atomisés” par le façonnage industriel du verre. Les coûts très élevés des heures nécessaires à ces travaux manuels rendent leurs conditions de commercialisations particulièrement difficiles.

 

Paradoxalement alors que beaucoup de ces savoirs faires manuels sont nés en France, il faut sortir de notre pays pour voir encore toutes ces disciplines associées ensembles dans quelques ateliers actifs,  en Grande Bretagne, Russie ou Tchéquie voir même en Turquie ou en Inde…

La Miroiterie définition

Argenter du verre

A savoir :  la désignation du mot “miroitier” vient du terme miroiter, argenter. C’est à dire d’abord déposer une mince couche d’argent (au départ du Mercure puis du nitrate d’argent) sur une face d’une plaque de verre pour ensuite lui donner un coté réfléchissant.

La vidéo ci dessous a été tournée chez Saint-Gobain à Aniche en 1972.

Le façonnage du verre et des glaces

Du coté de venise

A l’origine le façonnage du verre et des glaces est indissociable de l’argenture. Il s’agit de réaliser différents types de finitions par gravure et polissage soit sur les bordures soit sur le vitrage lui-même. C’est un savoir-faire qui vient de venise berceau de l’argenture du 14ème siècle. Les miroirs de ce type richement décorés s’appellent d’ailleurs toujours miroirs de venise, miroirs vénitiens ou glaces vénitiennes. Ils sont traditionnellement composés de plusieurs éléments décoratifs en pourtour d’une glace centrale en général.  Ce travail de façonnage du verre nécessite de multiples manipulations succéssives se fait donc sur de petites surfaces de glaces. Celles si passent en fait de meules en meules horizontales ou verticales aux grains de plus en plus fins pour le faconnage des glaces jusqu’au polissage puis l’argenture.

miroiterie Gaston Codoni

Façonnage des glaces Gaston Codoni 1908

L’ESSOR D’UN MÉTIER

Mécanisation et commerce.

Pendant longtemps, la découpe de verre a vitre, le façonnage du verre et des glaces, ou la gravure mécanique par roues ou meules, associé à l’argenture et l’encadrement furent les principales activités des miroitiers. Les progrès de la gravure par acide de la mécanisation, et plus tard du sablage, ont donné un véritable élan à ce métier. Certains pratiquaient eux mêmes ces nouvelles techniques de décoration et façonnage du verre et des glaces, mais beaucoup d’autres revendaient déjà des productions industrielles sur mesures ou non fabriquées par les grandes glaceries de l’époque, y compris les gravures à l’acide.

gramont miroitier paris

Miroiterie Gramont Pongor Paris

Tarif des verres a vitres Albert Pongor

AGENCEMENT DE COMMERCES

Enseignes, glaces, vitrines…

Une miroiterie comme celle de Gaston Codoni, rue Parmentier à Paris (1832 – au moins 1913) proposait dans ses ateliers : la Menuiserie, l’ornementation, la dorure, la sculpture (bois), l’étamage (argenture), le biseautage. Mais aussi, la gravure à la roue… Ces miroiteries produisaient des trumeaux, glaces argentées, psychés, paravents, et enseignes peintes sous glace (reverse glass) ou gravé au jet de sable sur marmorite ou opaline. Ainsi que des panneaux, lettrages émaillés et tout le nécessaire à l’installation de commerce de l’époque… Cet atelier fournissait tous les types de vitrages industriels de l’époque, verre mousseline ou verre diamanté Picard et bien sur les verres spéciaux de Saint-Gobain Chauny et CireyReste à définir réellement ce qui était effectivement fabriqué par cette miroiterie, et ce qui était revendu ou sous traité ailleurs…

Miroiterie Codoni 1894

Miroiterie Codoni 1894

CE QU’IL RESTE AUJOURD’HUI

Des cartes postales…

Aujourd’hui le façonnage du verre et des glaces en miroiterie (comme ci-dessous) a quasiment disparu en France. Il ne reste plus aucun Maîtres miroitiers façonneurs argenteur, travaillant sur lapidaires en activité avec autant de savoirs faire dans leurs ateliers. Le compagnonnage a également disparu dans les miroiteries depuis la fin des années 70. Seul quelques ateliers artisanaux de décorations sur verres, ou dans les vitraux, isolés les uns des autres utilisent quelques-unes de ces techniques dans une bien moindre mesure.

Faconnage du verre et des glaces

Façonnage du verre les lapidaires. (Perpignan)

LES RAISONS D’UNE DISPARITION.

De multiples facteurs

LA TECHNOLOGIE

Dès 1910 Les premières machines biseauteuses verticales dédiée au façonnage du verre et des glaces apparaissent. Elles sont ensuite suivies par d’autres innovations comme les ponceuses à bandes abrasive également verticales. Puis par la suite à la fin des années 80 des machines de façonnages numériques sur 3 axes (3D) produites essentiellement en Italie, révolutionneront le façonnage du verre et du marbre. De plus il faut rajouter à cela l’arrivée des technologie Float de fabrication du verre plat entraînant la manipulation de grands formats de vitrages allant jusqu’à 6 x 3 mètres, nécessitant ainsi une mécanisation de la découpe manuelle du verre. Le coût matériel de ce type de technologie, hors de portée de l’artisanat, réservera cela à l’industrie. En fait aujourd’hui la majorité des petites miroiteries sous-traitent leurs façonnages à des usines industrielles.

ancienne biseauteuse

Machine de miroiterie Michaud de 1910

L’ÉVOLUTION DES STYLES ET DES MODES.

En matière d’art décoratif , la France à été un pays phare, ou plusieurs styles se sont succédé. Ils apportent alors, chacun leurs innovations en termes de décorations et mise en œuvre. Ainsi par exemple le sablage du verre connu son âge d’or à l’époque art déco. En effet les lignes géométriques de ce style s’accordaient particulièrement bien à cette technique. C’est surtout à partir des années 50 que les choses changent. On ne parle plus alors de styles décoratifs mais de design industriel, dans toutes les disciplines. L’évolution technologique et la standardisation des goûts par l’industrie, leurs médiatisations, leurs robotisations, ou délocalisation entraînèrent le déclin du travail manuel en France. Ainsi des pans entier d’économies et métiers qui leurs étaient liés ont disparus ou se sont marginalisés.

Tout n’est pas perdu

David Adrian SMITH (uk).

Avant toutes choses, la préservation d’un savoir faire est bien souvent le choix d’initiatives individuelles quelques soit l’époque.

 

Il faut savoir, que dans les pays Anglo-Saxon, la décoration et le façonnage du verre et glaces sont souvent associés à la réalisation d’enseigne, plus que dans la miroiterie. Une personne se distingue particulièrement dans ce domaine, par son action de préservation des savoirs faires de l’époque. Il s’agit Dave A Smith graveur-verrier traditionnel au Royaume-Uni.

Formé au départ dans un atelier de lettres peintres traditionnelles chez Gordon Farr & Associé au Royaume-Uni, il s’est ensuite principalement formé au chez Rick Glawson aux Etats-Unis pour le travail verrier traditionnel et la dorure. En 1992 il fonde son propre atelier de décor de lettrages peints à Torquay dans le comté du Devon au Royaume-Uni.

A présent, après avoir vendu son entreprise à l’apogée de son succès, il se consacre à sa passion pour le travail du verre Victorien (contemporain du style Empire) associant peinture, dorure, gravure à la roue et a l’acide avant que cet art ne disparaisse… Son savoir-faire est bien vivant et très impressionnant, il donne une idée claire de ce que pouvait être le travail du verre plat à la fin du XIXème siècle.

Aujourd’hui nous sommes au XXIème siècle, et soucieux de sa dette envers ses pères formateurs, il n’hésite pas à partager et enrichir ses connaissances à travers des cours des tutoriaux ou des chats par le biais de son site web : http://davidadriansmith.com/

Avec l’aimable autorisation de Dave A Smith graveur-verrier (UK)

NDL : Dave , thank you again for your permission.

David A Smith : http://davidadriansmith.com
https://www.facebook.com/davidsmithartist

Un Film de Danny Cooke :  dannycooke.co.uk
Musique Tony Higgins (Junior85): freemusicarchive.org/music/junior85/

Liens et sources

Sources

  • D’abord, Lucien Lasnier : “Préçis de Miroiterie et de Vitrerie” Edition PPC Paris 1947
  • Ensuite les revues ” le Miroitier de Fance” N°22 et 23 de 1929
  • les Revues “Glaces et Verres”  St-Gobain
  • Le Catalogue Adler 1938
  • Catalogue Machines de Façonnage MICHAUD 1926
  • Catalogue Miroiterie CODONI 1908
  • Et aussi les tarifs et catalogues Gramont – Pongord 1913
  • Enfin les archives de l’atelier de gravure sur Verre Léopold Van Lierde

 

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Liens vidéos

Artisan Verrier
Artisan Verrier

Christian Fournié est Maître artisan verrier en Métier d'Art installé depuis 1997 et spécialisé dans la reproduction de vitrages décoratifs anciens. Son atelier de gravure sur verre s'appelle "L'atelier du verre mousseline" et se trouve à Beaufort dans la région viticole du Minervois (Sud de la France).