. Histoire du verre a vitre – Page 3 sur 19 –

Le verre gravé moderne J-Scory

Le verre gravé moderne Art-Déco vu par le miroitier Parisien J-Scory en 1925.  Pour des raisons inconnue, à aucun moment dans ce petit catalogue n’est indiqué la technique utilisée qui en fait la gravure par sablage du verre. Le texte est assez riche et caractéristique de l’époque.

J-Scory Le verre Gravé Moderne

Texte 1925 adapté pour le web.

L’élément moderne de la décoration, c’est le verre gravé. Notre civilisation, éprise de plus en plus de lumière, tend à utiliser le plus possible le verre. Cependant, le verre lisse offre l’inconvénient de n’être une cloison que pour l’air et non pour la vue.

 

“l’ennui naquit un jour de l’uniformité”

Seul le verre gravé moderne offre tous les avantages de circulation des lumières. Il donne, par son grain, le confort du robuste que rehausse la gaieté harmonieuse des lignes et des teintes.  Il peut désormais les recevoir avec docilité. Classique ou moderne, le style décoratif y puise un reflet malléable à merci. La composition du verre allège la structure d’ensemble, remplit s’il est nécessaire, profuse la vie lumineuse. Il comble la discontinuité béante des ouvertures, si néfaste au point de vue artistique, par les laideurs citadines qu’elle laisse entrevoir. La multiplicité des ouvertures métalliques enchâssant les motifs de verre gravé moderne permet d’échapper à la monotone convention des deux uniques battants de fenêtres, habituels, séculaires et lassante. Les canalisations peuvent se dérouler à l’aise derrière l’écran du verre gravé moderne, dont le déplacement immédiat permet la surveillance par l’œil et la main du praticien.

J-Scory le verre gravé moderne

Le verre gravé moderne Art déco

En imposte ou en facade…

Mis en imposte sur une façade de boutique, le verre gravé moderne prend alors toute son ampleur artistique. Il en rehausse même l’éclat. En même temps il abolit les courbes paraboliques de lumière des réflecteurs. En tout et partout, l’intronisation du verre gravémoderne dégage les conceptions créatrices du cadre austère qu’imposaient les procédés de la visibilité transparente. Ainsi Les fantaisies imaginatives trouvent en lui la matérialisation docile s’adaptant à tout l’immuable des parois, au muable des ouvertures et du mobilier. Le tout selon les exigences les plus rigides.

Le verre gravé est donc l’élément moderne de décoration de l’habitation. A ce sujet, il faut noter les constants efforts industriels des Etablissements J-Scory. Ils permettent de présenter à leur nombreuse clientèle leurs service de « Verres, glaces et miroirs gravés ». Ainsi Ils pourront satisfaire à toutes les exigences artistiques, dans les délais de temps réduits et à des prix que seules, les firmes puissantes peuvent atteindre. Surtout grace aux assises de l’expérience technique et de la vitalité commerciale qu’elles représentent.

J. SCORY.

Sources

  • D’abord le Texte : “Le verre gravé moderne” tiré de la Brochure publicitaire J-Scory Paris vers 1925.
  • L’illustration est tirée du même document physique.

Léopold Van Lierde Graveur sur verre

Le document publicitaire ci dessous nous vient du graveur sur verre Gommaire Léopold Van Lierde (1872 – 1939) successeur de l’atelier Leleu. Fils à Lille en 1912. Certains modèles présentés sont typiques du Nord de la France et de la Belgique, notamment les verres gravés figuratif et l’Art-Nouveau.

ATELIER LELEU – 1880 – 1912

LELEU.Fils puis LELEU-PIEDANNA

Crée à Lille en 1880 au 157 boulevard de la Liberté, l’Atelier Leleu puis Leleu.Fils est ensuite en 1912 par Gommaire – Léopold Van LIERDE 1872-1939. Cet atelier de graveur sur verre produit alors essentiellement, des vitrages gravés à l’acide et des vitraux. Il produisait aussi des enseignes et lettrages gravés, peints ou ornés à la feuille d’or. (La dorure est la spécialité de Léoplod Van Lierde)

Gravure sur verre et Glace Leleu Fils

LF = Leleu.Fils Graveur sur verre

Gravure sur verre à l'acide

Verre gravé signé L.V

Vitrage hotel du Pavillon imperial Boulogne

Vitrages gravés de l’hôtel du pavillon Impérial 1889.

Léopold Van Lierde

1872 – 1939

La photographie ci-dessous est très rare, elle à été prise à Lille entre 1895 et 1912 rue Sans Pavés. Léopold Van Lierde graveur sur verre est un des personnages debout à droite (LV). Les autres personnages ne sont pas identifiés. Très probablement Leleu Fils au centre assis. A remarquer, les bonbonnes à l’avant plan qui doivent contenir de l’acide fluorhydrique plus ou moins dilué pour la gravure du verre. Il y a certainement du bitume de judée en mélange liquide également.

Atelier de graveur sur verre

Léopold Van Lierde (LV) Graveur sur verre

Graveur sur verre 1895 -1902

Pour commencer, voici un bref résumé du parcours professionnel de Léopold Van Lierde au sein de l’Atelier Leleu. Fils. A signaler que ces informations sont vérifiées puisqu’elles proviennent directement de la famille Van-Lierde.

  • Fin 1895 Arrivé de Bruxelles,  Gommaire Léopold Van Lierde âgé de 23 ans entre dans la maison LELEU. FILS rue sans pavés à Lille ( Marchand de verres, Miroitier... ) comme graveur sur verre à l’acide. (L’atelier de gravure sur verre Leleu a été fondé en 1880 114 Boulevard de la liberté à Lille).
  • Il est important de noter qu’en 1902 G. Léopold Van Lierde obtiendra une médaille de bronze à l’exposition internationale de Lille comme collaborateur de la maison Leleu-Piedanna.
Médaille de Bronze en 1902 pour Léopold Van Lierde

Léoplod Van Lierde Médaille de Bronze

Parcours 1906 – 1939

  • Pour poursuivre en 1906 une en-tête de lettre de Juillet indique que Leleu. Fils et Van Lierde se sont associés pour l’atelier de Gravure. sur verre à l’acide.
  • Ensuite, Une lettre du 1er Juillet 1912  informe que Monsieur Leleu prend sa retraite et que Gommaire Léopold Van Lierde reste seul à la tête de l’atelier de gravure, peinture et dorure sur verre .
  • Dans les années 1920, ses deux fils Léopold et Robert le rejoignent.
  • Vient alors un changement d’adresse en 1928 pusique l’atelier s’installe à La Madeleine 2, Avenue du cimetière (Près de Lille).
  • Dans les années 1925-1930 la gravure à l’acide est peu à peu abandonnée au profit de la gravure au jet de sable. La période Art-Nouveau est passée de mode et la gravure par sablage correspond plus à l’esprit Art-Déco qui domine dans les ateliers ces années-là. Comme de nombreux autres ateliers de l’époque l’entreprise s’oriente aussi vers le funéraire (inscriptions et motifs gravés sur marmorite, marbre et granit), activité qui deviendra essentielle au fil des années.
  •  1939 Décès de Gommaire Léopold Van Lierde.
  • Par la suite au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’entreprise Van Lierde poursuit son activité avec les fils et petits-fils de G .Léopold en s’orientant uniquement sur le funéraire et la gravure sur pierre et marmorite jusque dans les années 1970.
Marmorite plaque cimetière

Marmorite et Tombe

Marmorite gravé pour les tombes

Marmorite Albert Gerrer

plaque tombale marmorite

Tombe fictive A-Gerrer

Les sources

  • D’abord Les Archives physiques de l’atelier LELEU VAN LIERDE,
  • Ensuite le Catalogue funéraire Albert Gerre Mulhouse.
  • Crédit Photo :  Christian Van Lierde © 2018  Christian Fournié © 2018
  • Téléchargement : Catalogue Van Lierde.

Remerciement à : Christian Van Lierde pour sa collaboration.

Gravure sur verre et glace Paul Bitterlin

Le tarif ci dessous  provient de l’atelier de gravure sur verre et glace de P. Van OUDENHOVE (?) situé 213 Chemin de Mons à Bruxelle date inconnue. P. Van OUDENHOVE est très certainement membre de l’union des patrons Graveurs sur verres et glaces de Belgique.

 

Des Termes techniques

Sur ce Tarif pour faconnage, on peut lire… 3 tons dessins suivant catalogue, Mat brillant, granulage, des termes techniques bien énigmatiques. Et pour cause, puisqu’il s’agit d’une activité quasi disparue en France aujourd’hui, celle de la gravure sur verre et glace à l’acide fluorhydrique mise au point par le verrier Paul Bitterlin “Gravure sur verres et glaces” est en fait l’ancienne dénomination que l’on pouvait encore trouver sur les pages jaunes des annuaires il y a un vingtaines d’années encore.

Gravure sur verre et glace belgique

Union des patrons graveurs sur verres et glaces de Belgique.

Tarif syndical de gravure sur verre et glace

Tarif de gravure sur verre et glace

Paul Bitterlin Artiste peintre graveur verrier

La gravure à l’acide fluorhydrique.

Connue dès 1850, la gravure à l’acide fluorhydrique est surtout utilisée dans la gobeleterie dans l’Est de la France. Cette technique de gravure est ensuite perfectionnée par Paul bitterlin lors de ses recherches sur la gravure du verre par acide fluorhydrique commencées en 1853. Paul Bitterlin se disait ” Artiste-peintre graveur-verrier, son atelier à Paris employait une quarantaine de personnes en 1878 dans son atelier de  peinture sur verre (vitrail). Spécialiste du décor gravé il perfectionnera cette technique en l’appliquant aux vitrages clairs.

 

Au départ c’est en Angleterre que cette technique de gravure est employée sur du verre plat. On l’utilise alors pour graver des lettrages sur des enseignes de commerces. Mais les rendus sont plutôt grossiers. En même temps les frères Chances verriers à Birmingham font aussi des essais de gravure par décalquage au pochoir de la même façon que Gugnon et Maréchal à Metz en 1853.  La même année avec l’aide de chimistes, Paul Bitterlin commença à avoir des résultats, obtenant 2 types de gravures distinctes sur la même surface de verre.

 

Des problèmes d’ irrégularités.

Mais les irrégularités de surfaces des verres à vitre de l’époque provoquent des défauts d’aspects. Par la suite l’utilisation de vitrages déjà dépolis à l’émeri (Procédé de dépolissage du verre par frottage avec abrasif) ou de glaces doucies (verres couléà la surfaces plus régulières) lui permet d’obtenir 4 niveaux de morsures différentes sur la même vitre. En 1858 les procédés de gravure de Mr Bitterlin est à peut-prêt aux points. Il l’applique même sur des surfaces courbes et des verres colorés. Mais c’était encore imparfait, contrairement aux idées reçues l’acide Fluorhydrique ne dépoli pas le verre régulièrement. En fait il s’attaque à la silice présente dans la composition du verre. Cela donne des rendus de surfaces différent d’un vitrage à l’autre suivant les provenances du verre a vitre. En effet, les verreries et glaceries de l’époque n’ont ni les mêmes matières premières ni les mêmes recettes de compositions.

 

Une grande médaille d’or.

En 1863 Paul Bitterlin obtient la grande médaille d’or de l’exposition universelle. Mais son procédé de gravure sur verre et glace reste alors coûteux du fait de l’emploi de glaces de grandes qualités déjà dépolies ou doucies. La même année un certain Cyprien Tessié du Motay communique le résultat de ses recherches sur l’emploi de doubles fluorures pour l’industrie. S’en inspirant on non, Mr Bitterlin obtint enfin des gravures régulières sur des surfaces transparentes de verres à vitres courant.  Il réussit donc à a maîtriser le niveau de mordant de cet acide abominablement dangereux dans sa manipulation et ses émanations. En 1876 il obtint la médaille de l’exposition universelle de Philadelphie

 

La même année il dépose 3 brevets.

  • Un procédé de vitrification des surfaces silicieuses par acide fluorhydrique donnant des effets granuleux sans perte de coloration native.
  • Nouvelles applications d’émaux translucides et transparents.

Par la suite Paul Bitterlin cédera ses découvertes sur la gravure sur verre et glace à Mr Lefebvre Miroitier à Paris remplaçant ainsi tous les procédés de dépolissages mécaniques du verre de l’époque.

 

Quelques une des réalisations de Paul Bitterin.

  • Les plafonds des théâtres de la ville de Paris : Châtelet, Lyrique, Gaîté et Vaudeville.
  • Le Grand dôme du Tribunal de commerce de Paris.
  • Le plafond de la Chambre des pairs à Lisbonne.
  • Les travaux décoratifs du Sénat et de la Chambre des députés de Belgique.
gravure sur verre et glace Paul Bitterlin

Gravure sur verre à l’acide

Gravure sur verre et glace en 3 Tons.

3 tons = 3 nuances

Les Matières premières

  • Le vitrage : La plupart du temps il était épais de l’ordre de 5 à 8 M/M.  Avant l’arrivée du verre étiré, il s’agissait surtout de glace claire Doucie Saint – Gobain. (Verre coulé à plat puis repoli mécaniquement pour assurer la planéité)
  • Les liquide de gravure : Composés essentiellement d’acide Fluorhydrique (SGH5) et d’autres produits également toxiques.  Les compositions chimiques variant suivant la profondeur de gravure recherchée (jusqu’à 4 ou 5 nuances). Bien sûr les formules et recettes différaient d’un atelier à l’autre.
  • Le Bitume de JudéeConnu depuis l’antiquité, cet  hydrocarbure de la famille du pétrole était utilisé pour l’étanchéité des Navires. Mélangé à de l’essence de térébenthine et a de la gomme Laque, ce goudron visqueux servait entre autre, à la réalisation des pochoirs sur le verre.
  • Enfin, de la cire ou du mastic de vitrier : Ces produits servaient à réaliser une bordure tout autour du vitrage à graver afin de retenir les liquides de gravure sur la surface.

De nos jours, il s’agit d’un procédé totalement révolu en France, les éléments entrant dans la composition des liquides de gravures étant hautement toxiques aussi bien pour les opérateurs que pour l’environnement.

 

Le Procédé

Avant tout,  pour bien comprendre, plus l’acide fluorhydrique est pur, plus l’effet obtenu sur le verre est translucide.

  • 1/ D’abord “le maté”:  C’était la première étape qui consistait à dépolir la surface du verre suivant le décor. On utilisait pour cela un premier mélange acide appelé “Le Mat”. Le graveur obtenait ainsi un premier fond, en fait la partie la plus blanche du décor (1) sur la photo ci-dessus.
  • Le premier pochoir :  Pour le réaliser on le peignait à la main avec du bitume de judée après avoir disposé le vitrage sur le dessin à l’échelle 1 . (Voir dessins originaux ci-dessous).
  • 2/ La descente : Le graveur versait ensuite son deuxième liquide de gravure.  Plus agressif que le précédent le ton obtenu était alors plus clair (2) sur la photo ci-dessus.  On appelait cela “descendre le maté” d’un ton sur les parties non protégés.
  • Le deuxième et dernier pochoir: Pour éviter que la gravure ou descente suivante détruise le maté (1) et le ton descendu (2), le graveur peignait un nouveau pochoir pour les protéger.
  • 3/ Dernière descente :  Etape finale avec un dernier liquide gravure bien plus agressifs que les précédents pour obtenir le Ton “C” translucide.
  • Le nettoyage. Pour finir le nettoyage du pochoir se faisait à l’aide de benzine et sciure, avant un passage à l’eau claire.

 

Le Granulage :

Technique plus tardive le granulage fait son apparition après 1900. Il s’agit simplement de rajouter de l’émeri plus ou moins grossier lors du bain de gravure à l’acide. Cela provoque ainsi des irrégularités dans la gravure. (Gaëtan Jeannin 1932)

Le Frotti :

Présent sur le tarif de gravure sur verre et glace le terme “Frotti” signifie la prise d”une empreinte d’une gravure ou d’un relief existant afin de le reproduire à l’identique. Cette opération se fait en appliquant un papier léger (Soie ou calque) sur le motif à reproduire puis de frotter uniformément avec un crayon gras pour faire apparaître les reliefs.

frotti au crayon sur calque

Frotti original 1900

Empreinte de gravure sur verre et glace

Empreinte prise au crayon

frotti de graveur sur verre

Frotti original Leleu.fils 1900

Gravure sur verre à l’acide

Par Mr Bartolic

Ci dessous une vidéo tournée au centre de mémoire de la verrerie d’en Haut à Aniche, ou Mr Bartolic ancien chef d’atelier chez un ancien graveur sur verre et glace, nous explique les différentes étapes de fabrication.

Les Sources

  • Pour commencer les Archives LELEU VAN LIERDE, ensuite la revue GLACES ET VERRES N° 6 1928.
  • Puis sur Paul Bitterlincahier de l’exposition universelle de Paris 1878.
  • Source Vidéo:  Chaîne de Mr Diverchy du centre de mémoire de la verrerie d’en Haut à Aniche.
  • Crédit Photo :  Christian Fournié © 2023

Remerciement à :  Mr Bartolic pour ses explications.

 

Téléchargements :