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Glaces et verres spéciaux Jeumont 1900

Tout comme les verreries et glaceries d’Aniche, de Chauny ou Cirey la glacerie de Jeumont implantée en France à la frontière Belge fabriquait des glaces et verres speciaux. Plus étonnant, elle fabriquait aussi des vitrages gravés à l’acide Fluorhydrique comme en témoigne le catalogue ci dessous.

La Compagnie des Glaces et verres spéciaux du Nord.

(Jeumont, Recquignies puis le Boussois)

La compagnie des glaces et verres spéciaux du Nord anciennement située à Jeumont dans le Nord est une société de fabrication de verres et glaces.

 

2 Sites principaux

En fait cette compagnie regroupe au départ deux sites industriels de manufactures de glaces et verres à vitres. D’abord la verrerie de Jeumont fondée en 1858 par Hector Despret. Ensuite celle de Recquignies fondée en 1859 par François Houtart-Cossée. Enfin, à partir de 1908 cette compagnie sera aussi rejointe par le site du Boussois fondé en 1898 par Jules Hénin et la société des glaceries de Charleroi. Après cette fusion elle se nommera «La compagnie réunie des glaces et Verres spéciaux du Nord de la France ».

 

Une Même situation Géographique.

Toutes ces verreries étaient situées dans le val de Sambre à la frontière Franco-Belge. Elles furent détruites pendant la première guerre Mondiale et seul la glacerie du Boussois fut réhabilitée à partir de 1920. D’ailleurs elle existe toujours aujourd’hui et appartient depuis 2010 au groupe japonais mondial AGC (Asahi glass Company).

glacerie de jeumont

Glacerie de jeumont 1909

Glacerie de Recquignies

Glacerie de Recquignies en 1907

Glaces et verres speciaux le Boussois

Glaces et verres speciaux le Boussois 1906

Les Glaces de la Chapelle

(Jeumont, Recquignies , Aniche)

Les glaces de La chapelle Jeumont, Recquignies et AnicheEn juin 1885 est également fondée la marque de fabrique « Les glaces de la Chapelle» comprenant les sites de Recquignies, Jeumont et Aniche. Le dépôt était situé au 145 rue la Chapelle à Paris. (Il sera liquidé en 1908).

A noter que dans la même période en 1903, une entente commerciale avait été conclue à Bruxelles entre les sociétés, St-Gobain Chauny et Cirey, Jeumont, le Boussois et Aniche. Elle se concrétisait sous le nom de « Comptoir des Glaceries » et était située au 8 Rue de Boucry à Paris dans le 18ème.

glaces et verres speciaux Aniche

Aniche la verrerie d’en bas

La Production à Jeumont et Recquignies.

Glaces et verres spéciaux et bien d’autres…

Georges Despret (1862-1952) fils de Hector Despret, reprend la direction de la verrerie de Jeumont en 1884 à l’âge de 22 ans. Ingénieur, chercheur et Maître verrier, Gorges Despret est surtout connu pour ses créations artistiques en pâtes de verre. Ses connaissances et son talent donneront un élan considérable aux productions de ces verreries.

Entre 1885 et 1899 les sites de productions de Jeumont et Recquignies s’étendent sur 32 Hectares et utilisent 2500 chevaux de force motrice pour 1200 ouvriers. Ces sites industriels comprennent aussi, un service de santé, une caisse de secours, une caisse d’épargne et de retraite et enfin 104 maisons d’employés et ouvriers.

 

Glaces et verres spéciaux

Il y a d’abord des produits chimiques manufacturés en milliers de tonnes. Pour les principaux produits verriers il y a surtout des glaces et verres striés pour toitures, vitraux et dalles de verres. Mais aussi des verres optiques et leurs spécialités : les émaux. La production de verre se compte en millions de kilos. Soit près de 19 millions en 1899 produit dans 9 fours au total avec 6 fours à pots, un four à bassin et 2 fours Boëtuis. Comme il s’agit de glacerie, il n’y a pas que du verre au canon soufflé à la bouche, il y a surtout de la glace coulée à plat et autres glaces et verres spéciaux imprimés. (Certains seront fabriqués au Boussois jusqu’en 1979 !)

Modèles de verres spéciaux

Jeumont et Recquignies glaceries du Nord

glace à relief imprimé

vitrage chenillé coulé

Verre a vitre a motif de fleur

verre imprimé a motif floral

Glace imprimee art nouveau

Vitrage style art Nouveau 1900

verres et vitrages ancien fabriques par les glaceries du Nord Jeumont et Recquignies.

Verre a vitre diamanté N°4

vitrage moule 1900

vitre a decor en relief

glace impression losange

verre a rayure ancien

verre diamant clair 1900

Verre a vitre vitrage ancien

glace coulée bleu

verre a bulle

Verre imprime Jeumont 1900

Vitre en relief 1900

glace ancienne verte

Glace imprimée verte N°5

vitre ancienne violette

Vitrage violet chenillé ancien

verre a vitre a relief ancien

Vitre coulée chenillée

Les Ateliers.

6 au total

En 1900 on comptait 6 ateliers distincts.

  • Tout d’abord un atelier de doucissage et polissage des glaces. Il y a aussi l’argenture et le le biseautage et la gravure sur verre à l’acide destiné à la décoration sur verre et glaces. A noter que lors de l’exposition universelle de 1900, la manufacture de Jeumont fabriquera le grand miroir plan du Sidérostat du palais de l’optique. Il pesait plus de 4 tonnes. On peut aussi signaler un grand vitrail de 43 mètres de diamètre en coupole.
Modèle le gravure sur verre à l'acide

Modèle de gravure sur verre à l’acide, Jeumont et Recquignies

Modele de glace gravée

Modèle de glaces gravées 1900

Les Ateliers spéciaux

  • Ensuite des ateliers spéciaux pour la fabrication de creusets et produits réfractaires.  Il y aussi un atelier de fabrication de plâtre, émeri et potée… (Pots de coulées)
  • Puis Un atelier de réparation mécanique.
  • Enfin, une manufacture de fabrications des glaces et verres spéciaux imprimés, pour la toiture et les pavements et l’optique, Verres à reliefs striés ou losangés, chenillés, mousselines brevetés S.G.D.G. Mais aussi vitrages diamantés, martelés et même sablés (!).  Des pavés et tuiles de verres moulées et des verres armés à treillage métalliques.

Les Emaux de Jeumont.

Il faut savoir que de nos jours la réalisation d’émaux à relief sur verre reste très complexe et délicate. En fait c’est surtout du à la formation de craquelures qui surviennent lors de la cuisson. Malgré cela à l’époque ces défauts semblent avoir été bien maîtrisé par la glacerie de Jeumont au point d’en faire un de ses produits phares. Son procédé lui permettait ainsi de fabriquer des vitrages décoratifs émaillé, comme des plaques unies ou en relief pour le revêtement, ainsi que des enseignes, des médaillons et des panneaux artistiques inaltérables.

Anciennes enseignes en verre émaillé.

Vitrage émaillé ancien

Panneaux décoratifs en verre émaillé

Documentions et sources

 

Téléchargement :

 

Crédit Photo : 

  • Pour finir, Merci à un de mes honorables correspondants pour les photos du présentoir
  • Christian Fournié © 2023

Marmorite, Opaline et Marbrite Fauquez

Parmi les multiples entêtes des fabricants de décors sur verres après 1900, on trouve souvent cité :

  • Marmorite,
  • Opaline,
  • Verre noir,
  • Marbrite.

Points communs : ce sont tous des verres de revêtements.

Les verres opaques Saint-Gobain 1930

Marmorite, Opaline et Marbrite, produits verriers de revêtements.

Les verres de revêtements.

La pierre de verre

Origine

Pour la marmorite et le verre noir, il s’agit surtout de vitrages coulés à plat d’épaisseurs variable de 6 à 19 M/M teintés opaques dans la masse par dévitrification et ressemblant à de la porcelaine. Cette famille de produit vient essentiellement d’une invention nommée “Pierre de Verre”  brevetée par Louis-Antoine Garchey (1858-1935) en 1897. Après l’echec de la mise en oeuvre de cette invention les brevets de la pierre de verre Garchey furent ensuite cédés à la société St-Gobain Chauny et Cirey vers 1903.

 

Opaline ou Opale coulée.

Pour l’Opaline c’est différent, il s’agit de la même méthode de fabrication que l’opale moulée bien connue dans la fabrication de luminaire ou d’objet. C’est un mélange chimique teinté dès le départ qui ensuite est coulé, soit dans des moules pour la fabrication de carrelage, soit à plat en grande feuille de verre. La société Picard et Cie semble être une des premières à en fabriquer à Paris en 1894.

 

Les points fort :

En résumé ces vitrages opaques, imitent la surface poli du Marbre sans en avoir les inconvénients en termes d’entretiens, de découpes, façonnages, défauts de surfaces compositions, disponibilités et prix avec notamment : 

  • Une grande résistance au Gel.
  • Une résistance à l’abrasion.
  • Une porosité inexistante (Hygiène).
  • Inaltérables aux acides

La MARMORITE

Appelation d’origine inconnue

marmorite Rouge griotte

Marmorite rouge griotte

C’est le plus commun de cette famille des produits verriers de revêtements. C’est aussi le plus facile à reconnaître, poli très régulier sur le dessus, la marmorite est le plus souvent striée sur le dessous. Mais il existe des productions polies sur les deux faces suivant les options proposées ou aussi coulée sur sable (aspect granuleux) pour les plus anciennes. Au départ noire ou blanche la Marmorite se retrouve colorée parmis les verres spéciaux en 1908 chez Saint-Gobain Chauny et Cirey.

 

Origine non définie

Selon certaines sources l’inventeur de la Marmorite serait un certain Baudouin en Belgique. Mais il n’y a pas de trace de Brevet d’invention. Le terme “Marmorite” apparaît dès 1898 en Belgique dans des statuts d’augmentations de capitaux de certaines verreries pour en fabriquer. A noter que c’est à cette même date que Louis-Antoine Garchey promet de fabriquer de la “pierre de verre” partout en Europe. S’agit-il dans ce cas du même produit verrier au départ ? C’est un mystère.

 

Origine du mot “Marmorite”

Contrairement à notre époque, il n’existe pas encore de dépôt officiel de noms de Marques ou de Produits en 1900. Cela dit on peut raisonnablement supposer que ce terme provient du mot Latin marmor, oris, marbre, marmoréen, enne, adjectif Marmorin : Qui a l’apparence du Marbre”.  A signaler tout de même que ce terme ne semble pas présent dans le vocabulaire des verriers ou marbriers de l’époque. La question reste donc sans réponse… Mais comme toutes inventions de mots dans la conception d’un produit et de son utilisation ce n’est pas souvent le fruit du hasard, mais plutôt le fruit d’une longue réflexion… Publicitaire de nos jours, mais très probalement plus symbolique a la fin du 19ème siècle …

Cirey, vestiges de verre

Cirey, vestiges de Marmorites.

Marmorite blanche

Morceau de Marmorite blanche

Marmorite reste de fonte

Reste de fonte de Marmorite (Cirey)

Sous face striee de la marmorite

Face striée de la marmorite

Marmorite rouge

Marmorite Rouge glacerie de Cirey

verre ancien noir

Verre noir

Ou peut-on encore la voir ?

Noire le plus souvent

C’est surtout en noir ou en Blanc que l’on peut avoir des chances d’en trouver encore dans les constructions anciennes et autres anciens commerces. En Fait on peut plus surement la trouver dans les cimetières. En effet, la marmorite à été très prisée par les ateliers de gravures sur verres dès 1900 notamment pour la gravure de plaques mortuaires, ou commémoratives. On peut aussi l’associée à la démocratisation et aux évolutions des procédés de gravures par jet de sable. On trouve même le terme “Marmographie” (gravure d’enseigne sur marmorite). ***  dans des publications de l’époque.

 

Ce produit verrier se prêtait particulièrement bien à la dorure, ou la mise en couleur de lettrages, soit pour la réalisation d’enseignes, tableaux réclames, ou devantures de magasins comme chez le graveur BOUVAIS à Paris…  ou entre autre dans le funéraire comme chez le verrier Albert GERRER à Mulhouse.

plaque marmotite A.Gerrer

Catalogue Marmorite Funéraire Albert Gerrer

Enseigne Bouvais 1927

Glace décorative Bouvais Paris 1927

Enseigne ancienne

Modèle d’enseignes de 1900 Bouvais Paris.

Enseignes Bouvais

Bouvais Gravure sur Marmorite et Opaline

Lettrages gravure sur verre

Verre Opaline.

Un coté Translucide

Verre opale Blanc

Opaline Blanche

Verre opaline sous face

Opaline sous face

A première vue l’aspect de la marmorite et de le verre opaline semble très similaire. Les différences principales sont :

 

  • D’abord une planéité plus irrégulière de la surface polie
  • Ensuite, une surface granuleuse en sous face
  • Enfin, même en forte épaisseur, le verre Opaline est plus translucide et laisse passer de la lumière.
Panneau en opaline

Panneau électrique en verre opaline

Utilisation :

Le verre opaline se prêtait bien à la réalisation de plateau de table, et autres mobiliers art-déco des années 30. La compagnie Internationale des Wagons-Lits l’a notamment utilisé pour ses dessus de toilettes de luxe.  

 

On le trouvait aussi dans les installations sanitaires en séparations d’urinoirs, et dans le domaine médical en revêtement mural pour les salles d’opération ou les laboratoires.

 

A signaler aussi les capacités isolante de l’opaline qui en faisait un produit idéal pour la réalisation de tableau de distribution dans l’industrie électrique de l’époque.

 

L’installation de l’opaline pouvait se faire soit par collage au mastic, soit par perçages et vissages.

Marmorite et Opaline Finitions et teintes :

Un choix coloré

Dimensions de productions.

Soit une face polie, une face striée pour la Marmorite, une face polie une face rugueuse pour le verre Opaline.

  • 9 à 11 M/M dimensions maximum: 3240 x 1710 M/M
  • 14 à 16 M/M : 3450 x 2100 M/M
  • 20 à 22 M/M : 3000 x 2100 M/M

Soit les deux faces polies.

  • 6 à 8 M/M dimensions maximum: 3180 x 165 M/M
  • 11 à 13 M/M : 3390 x 2040 M/M
  • 17 à 19 M/M : 3000 x 2100 M/M

A noter les différences d’épaisseurs  de 3 M/M entre les deux versions, qui s’expliquent très probablement par le doucissage mécanique à froid de la face non poli après fabrication.

 

Teintes de productions:

Marmorite : Blanc, noir (verre noir), vert Céladon, crème, bleue azur.

Opaline : Rouge, rouge griotte, mauve, verte.

 

A noter que pour des fabrications au-delà de 150 M2 d’autres teintes pouvaient être fabriquées sur demande.

La Marbrite Fauquez

Une marmorite différente

Marbrite Fauquez revêtement

Marbrite Fauquez art-déco

La marbrite, un village, une verrerie.

En réalité la Marbrite Fauquez, était originaire du village de Fauquez en Belgique puis fabriquée ou commercialisée par accords entre Saint-Gobain et la société anonyme des Verreries de Fauquez créatrice de cette marmorite bien particulière.

A l’origine de cette production on trouve le verrier Arthur Brancart (1870 – 1934) qui lance d’abord la production de marmorites à Fauquez en 1906. A partir de 1913, après avoir fait beaucoup de recherches, il commence à fabriquer des gammes de couleur bien plus étendues que pour la marmorite, avec des effets d’opalescence et de mélange de couleur, grâce à l’addition d’oxydes métalliques, la Marbrite était né.

 

Ce n’est qu’après la première guerre mondiale que la Marbrite Fauquez prendra son essor. La Société anonyme des verreries de Fauquez tissa tout un réseau commercial de “Marbritier” revendeurs, façonneurs et poseurs de ce matériaux, spécialement formés par la société. Un grand hall d’exposition situé à Bruxelle fut installé pour présenter toutes les applications décoratives de la Marbrite.

 

Comme pour la marmorite ou le verre opaline, la marbrite Fauquez, fut très utilisée dans la réalisation de salle de bain, agencement de Magasin, revêtements muraux en intérieur ou extérieur et mobiliers dans le style Art-déco des années 30. Par la suite copiée au royaume uni, la marbrite Fauquez cessera d’être fabriquée en 1964, quant aux verreries de Fauquez , elles fermeront définitivement en 1979

verrerie de Fauquez

Usine de Marbrite à Fauquez (Belgique)

Marbrite Verte

Marbrite Fauquez couleur vert marbré

Marbrite sous face

Sous face striée caractéristique de la marbrite

Les couleurs vers 1930 :

Blanc, Noir, Crème uni, Crème marbré, Mauve uni, Mauve marbré, Gris perle, Gris marbré, Bleu ciel, Bleu marbré, Saumon uni, Saumon marbré, Vert d’eau uni, Vert marbré, Vert Irlandais, Vert bleuté, Brun, Bleu outremer, Bleu pastel, Rouge corail, Tango, Jaune, Bleu pervenche, Rose chair, Gris moyen, Gris foncé, Vert de mer, Sanguine, Acajou.

 

Dimensions et épaisseurs de la Marbrite Fauquez.

On la trouve d’abord de 6 à 7 M/M  en dimensions  3000 x 1000 M/M

En épaisseur de 12 M/M dimensions  2500 x 1000 M/M

Epaisseur de 18 à 20 M/M  dimensions 2500 x  800 M/M

Liens et Sources

Le verrier Arthur Brancart :

 

Verrerie de Fauquez :

 

La chapelle de verre : https://www.chapelledeverre.be/

 

Marbrite Fauquez :

  • http://www.hms.civil.uminho.pt/sahc/2012/1106.pdf
  • Vidéo : https://www.rtbf.be/tv/emission/detail_les-ambassadeurs/actualites/article_la-production-de-marbrite?id=10116131&emissionId=8802

 

Autres sources 

 

Remerciements particulier à Mr Van Lierde pour son don de documents et vitrages anciens.

Les photos des marbrites et marmorites sont celles des exemplaires conservés à l’atelier du verre Mousseline.

Les photos du verre noir et de l’échantillon rouge griotte étiqueté “usine de Cirey” viennent de Mr Diverchy du centre de mémoire de la verrerie d’en Haut à Aniche.

Remerciements au Forum Genverre pour les recherches sur le mot “Marmorite”.

Remerciements à l’association Symbiose arts et patrimoine a Cirey pour les photographies des débris de Marmorite.

 

Téléchargements :

Verre imprimé Chauny et Cirey

Mise à jour Décembre 2022

En image ci-dessous, un verre imprimé coulé par la compagnie Saint Gobain Chauny et Cirey à partir de 1892. Ces verres imprimés à chaud appelés aussi “verres speciaux” sont alors fabriqués par la Glacerie de Chauny dans le département de l’AISNE et celle de Cirey en MEURTHE et MOSELLE. Ces verres à vitres sont brevetés SGDG (Sans Garantie Du Gouvernement ).  Pour la photo ci dessous, il s’agit d’un “Verre imprimé filigrané N°21référencé en 1908 dans le catalogue du Miroitier CODONI à Paris.

Verre imprimé en relief transparent

Verre imprimé en relief N°21

Modèles de verre imprimé 1923

Verres coulés, vitrages armés, verres striés

Pour commencer, voici un premier document daté de 1923. Il s’agit d’un catalogue des verres coulés fabriqués par la Société des Manufactures des glaces & Produits Chimiques de Saint-Gobain Chauny & Cirey. Ce document à été numérisé afin d’aider a l’identification de vitrages, pour le patrimoine public et privé, mais aussi pour aider aux recherches historique. Il peut être télécharger en HD après inscription gratuite à la page suivante :  Bibliothèque et ressources.

IMPORTANT :

A l’heure actuelle, les vitrages imprimés ne peuvent se trouver que dans des portes anciennes vitrées et autres recyclages de menuiseries d’époque. Ils ne sont plus produits aujourd’hui.

Vitrage français 1923

Vidrio impreso France 1923.

Decor de verre en relief ancien

Chauny et Cirey vitres imprimées en relief.

Verres Spéciaux Cie St-Gobain Chauny et Cirey

Un document plus ancien de 1897

Voici un second document exceptionnel édité par la Société des Manufactures des glaces & Produits Chimiques de Saint-Gobain Chauny & Cirey. Il est en excellent état de conservation. Il présente les premiers modèles de Verres Spéciaux disponibles à la vente au 9 Rue Ste-Cécile à Paris en 1897.

Imprimés et Brevetés (SGDG – Sans Garantie du Gouvernement) ces vitrages coulés existent alors dans les dimensions allant de 81 Cm à 240 Cm de longueur pour des épaisseurs de 3 à 4 M/M. A noter qu’on y parle également de mesures courantes très probablement calquées sur les dimensions d’usages des autres vitrages existant de cette période. A ce propos il est important de préciser qu’à cette époque chaque région, voir commune, avaient leurs propres usages en terme de dimensions de fabrications de vitrages, (Mesures Nord, Midi, Lilloise…).

verres speciaux

Le verre imprimé et le verre Mousseline.

2 vitrages bien différents

Ce qui est très intéressant dans ce petit catalogue, c’est la présence qu’un comparatif publicitaire Verre imprimé / Verre Mousseline. On y vante les différents avantages du verre imprimé face à son concurrent plus ancien alors produit par les verreries industrielles. Outre les différences d’entretien et de luminosité, on retiendra surtout les différences de dimensions et d’épaisseurs.  En effet il est rare de trouver du verre mousseline de plus de 130 x 60 cm pour une épaisseur de 3 M/M au maximum.

 

Dans l’histoire de l’industrie verrière, les nouveaux procédés font disparaître les plus anciens les rendant ainsi obsolètes sur le plan technique et commercial.

 

Le verre mousseline

Premier vitrage décoratif industrialisé le verre mousseline est produit en masse à partir du milieu du 19ème siècle. Son procédé de fabrication par émaillage à chaud est intimement lié à la fabrication du verre à vitre par soufflage au canon. Le verre imprimé mousseline n’a pas de relief  ses motifs se détachent par contraste de clair-obscur à l’aspect blanc dépoli. Bon à savoir, Saint-Gobain n’a jamais fabriqué de verres mousselines dans ses glaceries.

 

Verre imprimé en relief

Par contre le verre imprimé lui est réalisé d’une toute autre manière. D’abord coulé à chaud et laminé puis imprimé de motif en reliefs par rouleaux de fontes. Ces vitres à motifs en relief laissent passer plus de lumière que les verres mousselines tout en cachant la vue. De plus, elles sont bien plus grandes tout en étant plus résistantes. Elles sont aussi colorées soit dans la masse, soit avec des émaux de couleurs. Enfin, les motifs de ces vitrages imprimés sont d’inspiration Art-Nouveau. Un style décoratif très en vogue à l’époque.

 

Le Mousselinage

Au final à partir de 1920, le verre Mousseline fini par disparaître en même temps que le soufflage de verre à vitre remplacé par l’étirage Fourcault. Le verre Mousseline perdurera quelques temps en fabrication à froid par acide ou sablage. Cette technique appelée mousselinage du verre est ainsi proposée en option sur tout types de vitrages. Quant au verre coulé imprimé il évoluera d’abord vers la coulée continue dans les années 30 et après-guerre, pour ensuite définitivement disparaître au début des années 70.

Verre mousseline vs verre imprimé

Verre Mousseline a gauche /  Verre imprimé à droite

Vitrage imprimé

Modèle de vitrage ancien

Verre a vitre ancien imprime a relief

verre imprime chenille 7 clair NON REPRODUISIBLE

Verre chenillé clair N-7

verre imprime petite marguerite NON REPRODUISIBLE

Petite marguerite

vitre imprime N-10

Verre imprimé N-10

vitre motif en relief

Verre a relief N-2

verre a relief St gobain 1908

La coulée Chance 1885 à 1890.

Une invention venue du Royaume-Uni

L’idée de donner des textures au verre plat est en fait bien antérieure  à 1892. Un des premiers vitrage texturé s’appelle le verre nommé “Cathédrale“.  D’abord coulé sur une table en fonte, un rouleau le laminait ensuite pour obtenir une glace mince. Une fois le verre raffermi a un temps donné, il était alors redressé à la verticale pour être recuit dans des carcaises (Four de recuisson lente). Une fois refroidi le verre se retrouvait translucide et déformé en surface irrégulière.

 

Verre imprimé strié

Vers 1865, un autre type de vitrage semble apparaître sous le nom de verre stié.  L’origine est anglaise, il s’agit de vitrages coulés sur table et imprimés de stries et motifs géomètriques gravés à chaud à l’aide d’un rouleau en relief. Le modèle le plus courant est a losanges, on trouve le “petit et le grand losangé”.  Ces vitrages étant plus dur, ils sont principalement utilisés dans les toitures jusqu’en 1939.

 

Les Frères Chances.

Pour le verre imprimé,  l’idée du maître de Verrerie William Edward Chance à Birmingham consiste à couler du verre en fusion entre des rouleaux pour le laminer sur le dessus et le dessous simultanément. Ainsi le vitrage laminé se retrouve poli sur le dessous, ce qui était très novateur pour l’époque. Saint-Gobain obtint en 1892 l’exclusivité pour la France de ce procédé au moins jusqu’en 1914.  A signaler que les innovations technologiques du verre en général sont très similaires des 2 cotés de la Manche tout au long du 19ème siècle.

Ancienne machine d'impression sur verre

Machine a imprimer le verre a relief en 1928

 

Pochage du verre

Pochage du verre en fusion 1928

Chauny et Cirey

Fondation 1855

La dénomination Chauny et Cirey vient de la fusion entre la compagnie de Saint-Quirin Incluant les glaceries de Cirey (Meurthe et Moselle) et Mannheim (Allemagne) avec celles de Saint-Gobain et Chauny. La société anonyme « Manufactures des Glaces et Produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny et Cirey » naît officiellement le 11 Juin 1855*.

Chauny et Cirey Action au porteur

Manufactures des Glaces et Produits Chimiques Chauny & Cirey

Verrerie de Chauny 1911

La glacerie de Chauny en 1911

glacerie de cirey

Glacerie de Cirey 1913

La glacerie de Chauny en Bref.

Fondation 1795

Au départ le site Chauny n’est qu’un entrepôt à l’ouest de Saint-Gobain. La Compagnie y stocke d’une part ses matières premières nécessaires à la fabrication des glaces. D’une part le sable, la soude, et des terres réfractaires et d’autre part, ses expéditions de glaces brutes vers Paris. En Février 1795 le site s’agrandit avec l’acquisition des Grands Moulins de Chauny. Des machines à polir les glaces y sont ensuite installées par l’ingénieux charpentier Brancourt. En 1806 autres acquisitions avec les moulins de la Croix Saint-Claude pour de nouveaux ateliers de doucissages des glaces brutes. En 1823 l’usine de fabrication de Soude située à la verrerie de Charles-Fontaines dans la forêt de St-Gobain, est transférée à Chauny.

 

Des tables Circulaires

Par la suite tous les appareils de doucissages furent remplacés par des appareils à tables circulaires nommés « Plateformes ». Ces “tables” pouvaient atteindre un diamètre de 10 Mètres. En 1914 les usines de Saint-Gobain et Chauny étaient capable de couler et travailler plus de 270 000 Mètres carrés de glaces, y compris les vitrages spéciaux. On entend par “vitrages spéciaux” le verre imprimé à motif, les verres striés, cathédrale, armé, ou prismatique ainsi que les dalles de verres coulés pour le sol. A noter également une production de verres moulés pour l’automobile, les projecteurs ou les télescopes.

 

Une destruction pendant la grande Guerre de 1914.

Comme beaucoup de sites industriels du Nord de la France l’usine de Chauny fut complètement détruite par l’ennemi. Après la guerre le site ne fut pas reconstruit. Son industrie de production des glaces fut reprise sur le site de Chantereine sur le territoire de Thourotte dans le département de l’OISE. Par contre la glacerie de Cirey également détruite en 1914 reprendra son activité jusqu’en 1939.

 

Production vers 1923 :

  • 1 400 000 Mètres carrés de verre coulé et armés.
  • 1800 Tonnes de verres moulés ordinaire.
  • 540 tonnes de moulages en verre extra-clair…
glacerie de Chauny

Glacerie de Chauny détruite en 14-18

Les Sources

Remerciement à Denis pour les autres sources…