Histoire des Verres Mousselines
Chronologie provisoire 1834 – 1939
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Chronologie provisoire 1834 – 1939
Chronologie Maj du 8/11/2021
Les verres mousselines ces mots ne vous disent très probablement rien. Et pourtant vous en avez certainement déjà vu dans les portes anciennes ou les buffets de vos grands parents. En fait ces vitrages ont été fabriqués longtemps, entre 1834 et au moins jusqu’en 1940. Ainsi ces verres à vitres décorés par des motifs imprimés en dentelles fines étaient très courants à cette époque. Pour une raison simple, c’était le seul moyen élégant de se cacher des regards indiscrets, sans perdre de lumière. A partir de 1880, ils ont même été produit en quantités industrielles. Par conséquent cela explique leurs présences dans nombres de portes et fenêtres d’anciennes demeures.
De Nombreux Modèles
Les verres mousselines ont été décorés par nombres de motifs différents suivant les modes et les styles des époques qu’ils ont traversés. On retrouve d’ailleurs de nombreux modèles identiques ou avec de légères variations partout en Europe suivant les verreries et ateliers qui les ont produit.
En 1834 le terme « Verres Mousselines » est cité dans un rapport du Jury central de l’Industrie Française sur les Arts Chimiques. A ce titre ils ont décerné une médaille d’argent à un certain Georges Bontemps (1799 – 1883) dirigeant la verrerie / cristallerie de Choisy le roi près de Paris.
A noter que Mr Bontemps Maître de verrerie à Choisy le roi est aussi à l’origine du renouveau des verres de couleurs en France. Il a écris un guide du verrier publié en 1868.
Du tulle Brodé
Les premiers verres mousselines ont été fabriqués à partir de dentelles véritables à travers lesquelles était saupoudré de l’émail. Le décor était ensuite fixé par cuisson dans un four.
A Lyon, le peintre verrier Dumas et le chimiste Godard inventent un procédé de vitrification dans le but d’imiter la mousseline brodée. Ils déposent un brevet en 1841.
A l’aide d’une brosse on enlevait de la matière sur les partie ajourée d’un pochoir rigide sur une vitrage enduit préalablement d’un émail de leurs composition pour la cuisson à hautes températures.
A noter que cette recette de grisaille existe toujours et porte le nom de grisaille mousseline.
En 1843 la société Laurent & Cie Peintres verriers à Paris rue de Neuve de Ménilmontant propose les premiers modèles de verres mousselines fabriqués à la demande.
A la même époque, il y a des relations entre l’atelier Laurent et Cie et La verrerie de Choisy le Roi… On retrouve donc à nouveau Mr Georges Bontemps qui quitte définitivement la France en 1848 pour rejoindre les frères Chance verriers à Birmingham en Angleterre.
2 Familles venues de l’Est
Deux famille de verrier de l’Est de la France semblent avoir joué un rôle clé dans l’histoire et l’industrialisation des verres mousselines. Il s’agit de la Famille du peintre verrier Gugnon, et de la Famille Picard.
Maître peintre verrier Installé à Metz avec son beau-frère Laurent Charles Maréchal en 1838.
Louis Napoléon Gugnon installe un atelier à Paris après 1860 au 130 Rue du Faubourg St-Denis. Il est l’auteur de nombreux brevets sur le vitrage décoratif et le vitrail photographique avec le chimiste Cyprien Tessier du Motay. On lui doit une vision plus industrielle dans les fabrications des verres mousselines et des vitraux de l’époque.
Il décède en 1872 à Paris.
Louis Napoléon Gugnon perfectionna avec Joseph Aubriot, son Beau fils, un four de cuisson spécifique pour la cuisson des verres mousselines émaillés.
Mr Aubriot perfectionne aussi un procédé de dépose d’émail blanc et couleur, sur tulle mousseline tendue avec sa boîte a Poussière…
Né en 1835 Auguste Raphael Gugnon prend la succession de son père en 1864 sous le Nom de Gugnon. Fils verres à vitres toujours au 130 Rue du Faubourg St-Denis à Paris. L’atelier est prolifique et est à l’origine de la mode des verres mousselines à Paris.
L’atelier fermera pour mauvaise gestion en 1876. Il sera ensuite repris par les peintres verriers Lémal, Raquet en 1878 puis par le verrier Prost jusque dans les années 30.
En 1872 Auguste Raphaël Gugnon fonde la verrerie de L’Est à Lunéville. Mais ce sera de courte durée… trop grande très coûteuse, cette verrerie fera faillite quelques années plus tard avant d’être reprise.
Toujours en 1872 A 4 Km de la verrerie de l’Est de Lunéville entre en scène la famille Picard avec les frères Picard. Venue de Suisse puis de Sarrebourg via Strasbourg, cette famille s’installe à Lunéville au bord de la Vézouze dans un ancien Moulin pour fabriquer des verres de Montres.
Transmission ?
Y a t-il eu transmission de savoir-faire entre la famille Gugnon et la famille Picard… C’est très possible mais pas prouvé…
Quoiqu’il en soit en 1870 l’Allemagne annexe l’Alsace et la Lorraine. A partir de ce moment, il y a eu une très forte concentration de savoirs faires Verriers dans cette petite ville de l’est de la France et alentours.
C’est un Fait, et les frères Picard en ont manifestement hérité d’une manière ou d’une autre. Puisqu’en plus de leurs fabrications de verres de montres, ils commencent à fabriquer des verres gravés très semblables aux verres mousselines : « Les verres diamantés Picard »
A partir de 1888, la société Picard & Cie est installée à Paris Rue des Meuniers. On la retrouve aussi Quai Jemmapes toujours à Paris, ou elle propose des verres mousselines émaillés mais aussi gravés.
On peut lire ainsi sur les Annuaires de l’époque : « Le verre diamanté, un brevet de gravures sur verres et glaces, spécialité d’installations mousselines et de couleurs gravés par un nouveau procédé »
En fait il s’agit d’un procédé d’impression de pochoirs par clichés photographiques, puis gravures par acide fluorhydrique sur verres couleurs ou clairs. A noter que l’on retrouve là le savoir-faire en matière de production chimique photosensible déjà connu par la famille Gugnon.
Au stade actuel des découvertes, le terme “Verre diamanté” semble propre à la société Picard & Cie.
Vers 1895, la société Picard & Cie installe une usine à Paris au 111 et 113 Rue de Reuilly.
Sont fabriqués à cette adresse, des vitraux, de l’opale coulée, des enseignes sur Marmorite (verre noir), des verres mousselines et diamantés, des cabochons gravés à la roue, et des vitrages gravés à l’acide.
Vers 1903 Charles Gaston Picard fils entre en scène. Picard & Cie devient alors CH-G-Picard. Né en 1856 à la Chaux de Fond en Suisse, il a fait son apprentissage dans l’entreprise familiale à Lunéville.
Après 1919, l’atelier s’installe Rue Pascal à Paris. Charles Gaston Picard décédera avant 1942. La trace est ensuite perdue, la famille Picard était d’origine Juive …
A Paris à partir de 1890 la mode des verres mousselines décline. Elle est remplacée par celle des vitrages plus grands gravés à l’acide et des nouveaux verres imprimés. Le style Art-Nouveau fait sont entrée et s’impose dans les ateliers Parisiens. Mais pas en province ou la production des verres mousselines s’industrialise…
En 1890 on retrouve les Frères Chance cité plus haut. Mr W-E Chance Maître de verrerie à Birmingham (UK) dépose un brevet de coulée à plat permettant d’imprimer des décors en reliefs sur la surface d’un vitrage. St-Gobain obtiendra l’exclusivité de ce procédé pour la France.
Ces vitrages aux motifs Art-Nouveau seront produit entre autre aux Glaceries de Chauny et Cirey par St-Gobain après 1892.
Plus grands plus épais et plus solides, Ils remplacèrent peu à peu les verres mousselines…
Après 1880, plusieurs verreries de fabrications de verres plats industriels en France, Belgique, Suède et Allemagne (soufflage de canons à la bouche) se mettent à fabriquer du verre mousseline.
A noter que : Le mode de diffusion est inconnu. Néanmoins, les ouvriers verriers très demandés voyageaient souvent d’une verrerie à l’autre pendant les périodes de « Four Mort » (réfection et nettoyage du four). Ils ne sont sans doutes pas étrangers à la diffusion de ces fabrications…
On retrouve à cette époque les mêmes catalogues de modèles issues essentiellement des fabrications de l’atelier Gugnon. Mais de nombreuses variantes existent un peu partout en Europe.
En 1898 le Maître de Verrerie Joseph Lapeyre en provenance d’Aniche dans le Nord rachète la verrerie de Penchot, fondée en 1842 près de Decazeville (Aveyron). Il possédait alors 3 verreries à vitres : Rive de Gier, Bessèges dans le Gard et la verrerie d’en bas à Aniche. A l’exception d’Aniche ou ce n’est pas attesté, toutes ses autres verreries ont fabriquées des verres mousselines.
La verrerie de Boisse – Penchot est importante et aura jusqu’à 296 Employés. Ses atouts majeurs sont sa propre concession minière de charbon et la qualification de ses ouvriers. l’usine possédait aussi de nombreux logements qu’elle tenait à la disposition de son personnel.
Une fois modernisée en 1925, la verrerie de Penchot, abandonnera le soufflage du verre a vitre et les verres mousselines au profit du procédé Fourcault.
En 1899 apparait le terme « mousselinage » : Il s’agit de fabrication de décors de verres mousselines sur grands vitrages par jet de sable. En 1910 il existait déjà à l’époque des sableuses conçues dans ce but. Les pochoirs sont similaires aux procédé picard. Ce seront les derniers verres mousselines produits jusqu’en 1939 ….