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Verres Mousselines Chronologie

Chronologie provisoire 1834 – 1941 (Maj-02/2023)

Les verres mousselines ces mots ne vous disent très probablement rien. Et pourtant vous en avez certainement déjà vu dans les portes anciennes ou les buffets de vos grands parents. En fait ces vitrages ont été fabriqués longtemps, entre 1834 et au moins jusqu’en 1941.  Ainsi ces verres à vitres décorés par des motifs imprimés en dentelles fines étaient très courants à cette époque. Pour une raison simple, c’était le seul moyen élégant de se cacher des regards indiscrets, sans perdre de lumière. A partir de 1880, ils ont même été produit en quantités industrielles. Par conséquent cela explique leurs présences dans nombres de portes et fenêtres d’anciennes demeures.

 

A retenir :

Les verres mousselines sont les premiers vitrages décoratifs industrialisés. Il sont été décorés par de nombreux de motifs différents suivant les modes et les styles des époques qu’ils ont traversés partout en Europe.

porte verres mousselines

Porte ancienne en verres mousselines

Une Chonologie en 4 parties

  • 1/ D’abord :  L’invention.
  • 2/ Ensuite :  Les fabricants.
  • 3/ Puis : Le déclin.
  • 4/ Enfin : Le mousselinage

1/ 1834  L’invention

En 1834 le terme « Verres Mousselines » est cité dans un rapport du Jury central de l’Industrie Française sur les Arts Chimiques. A ce titre ils ont décerné une médaille d’argent à un certain Georges Bontemps  (1799 – 1883) dirigeant la verrerie / cristallerie de Choisy le roi près de Paris.

A noter que Mr Bontemps Maître de verrerie à Choisy le roi est aussi à l’origine du renouveau des verres de couleurs en France. Il a écris un guide du verrier publié en 1868.

 

Du tulle Brodé

Les premiers verres mousselines ont été fabriqués à partir de dentelles véritables à travers lesquelles était saupoudré de l’émail.  Le décor était ensuite fixé par cuisson dans un four.

1841 Un Brevet

A Lyon, le peintre verrier Dumas et le chimiste Godard inventent un procédé de vitrification dans le but d’imiter la mousseline brodée. Ils déposent un brevet en 1841.

Brevet Dumas et godard 1842

Dumas et Godard brevet d’invention

Le Procédé par Dumas et Godard.

Le Brevet Dumas et Godard décrit le procédé de fabrication suivant :  Il en fait s’agit de la réalisation d’un décor par enlèvement de matière à base d’émail vitrifiable à l’aide d’une brosse et d’un pochoir en carton ou métal ajouré à l’aide d’un emporte pièce. La vidéo ci dessous tournée en 2016 reconstitue entièrement la méthode.

A noter que cette recette d’émail en poudre existe toujours et porte toujours le nom de grisaille mousseline.

1843 Un Catalogue

En 1843 la société Laurent & Cie Peintres verriers à Paris rue de Neuve de Ménilmontant propose les premiers modèles de verres mousselines fabriqués à la demande.

 

A retenir :

A la même époque, il y a des relations entre l’atelier Laurent et Cie et La verrerie de Choisy le Roi… On retrouve donc à nouveau Mr Georges Bontemps qui quitte définitivement la France en 1848 pour rejoindre les frères Chance verriers à Birmingham en Angleterre.

verres mousselines Paris-1843

verres mousselines laurent-et-cie-Paris-1843

Fabricants de Verres mousselines

2 Familles venues de l’Est

Deux famille de verrier de l’Est de la France semblent avoir joué un rôle clé dans l’histoire et l’industrialisation des verres mousselines. Il s’agit de la Famille du peintre verrier Gugnon, et de la Famille Picard.

1860 Gugnon Paris

En 1834 Louis Napoléon Gugnon est alors Maître peintre verrier Installé à Metz avec son beau-frère Laurent Charles Maréchal.

Louis Napoléon Gugnon installe un atelier à Paris en 1864 au 130 Rue du Faubourg St-Denis. Il est l’auteur de nombreux brevets sur le vitrage décoratif et le vitrail photographique avec le chimiste Cyprien Tessier du Motay. On lui doit une vision plus industrielle dans les fabrications des verres mousselines et des vitraux de l’époque.

Il décède en 1872 à Paris.

 

Une invention.

Louis Napoléon Gugnon perfectionna avec Joseph Aubriot, son Beau fils, un four de cuisson spécifique pour la cuisson des verres mousselines émaillés. Mr Aubriot perfectionne aussi un procédé de dépose d’émail blanc et couleur, sur tulle mousseline tendue avec sa  boîte a Poussière…

boite a poussière Aubriot

La boîte à poussière de Mr Aubriot

Modeles de verre mousseline

Dessins de verre Mousseline Tulle

1864 Gugnon. Fils

Né en 1835 Auguste Raphael Gugnon prend la succession de son père en 1864 sous le Nom de Gugnon. Fils verres à vitres toujours au 130 Rue du Faubourg St-Denis à Paris. L’atelier est prolifique et est à l’origine de la mode des verres mousselines à Paris.

 

Fermeture

L’atelier fermera pour mauvaise gestion en 1876. A partir de cette date, la trace de la famille Gugnon se perd. L’atelier sera ensuite repris par les peintres verriers Lémal, Raquet en 1878 puis par le verrier Prost jusque dans les années 30.

Atelier Gugnon Fils Paris

Atelier Gugnon Fils Paris 1870 – 1878

1872 La Verrerie de L'Est

En 1872 Auguste Raphaël Gugnon fonde la verrerie de L’Est à LunévilleMais ce sera de courte durée… trop grande très coûteuse, cette verrerie fera faillite quelques années plus tard avant d’être reprise. 

A noter que pour le moment il n’y a pas de verres mousselines attesté dans les fabrications de cette verrerie à vitres.

verrerie de l'est Luneville

Entête de la verrerie de l’Est.

1872 Picard

Toujours en 1872 A 4 Km de la verrerie de l’Est de Lunéville entre en scène la famille Picard avec les frères Picard. Originaire de Suisse, mais venue d’Alsace via Sarrebourg , cette famille s’installe à Lunéville au bord de la Vézouze dans un ancien Moulin pour fabriquer des verres de Montres.

 

Transmission ?

Y a t-il eu transmission de savoir-faire entre la famille Gugnon et la famille Picard… C’est très possible mais pas prouvé…

Quoiqu’il en soit en 1870 l’Allemagne annexe l’Alsace et la Lorraine.  A partir de ce moment, il y a eu une très forte concentration de savoirs faires Verriers  dans cette petite ville de l’est de la France et alentours.

C’est un Fait, et les frères Picard en ont manifestement hérité d’une manière ou d’une autre. Puisqu’en plus de leurs fabrications de verres de montres, ils commencent à fabriquer des verres gravés très semblables aux verres mousselines : « Les verres diamantés Picard »

fabrique de verre de montre Luneville

Moulin Desaleme Lunéville

Picard Frères Lunéville

Entête Picard Frères Lunéville

1888 Le verre diamanté

A partir de 1888, la société Picard & Cie a un premier atelier à Paris Rue des Meuniers. On la retrouve aussi Quai Jemmapes toujours à Paris, ou elle propose des verres mousselines émaillés mais aussi gravés.

On peut lire ainsi sur les Annuaires de l’époque : « Le verre diamanté, un brevet de gravures sur verres et glaces, spécialité d’installations mousselines et de couleurs gravés par un nouveau procédé »

 

De quoi s’agit-il ?

En fait il s’agit d’un procédé d’impression de pochoirs par clichés photographiques, puis gravures par acide fluorhydrique sur verres couleurs ou clairs. A noter que l’on retrouve là le savoir-faire en matière de production chimique photosensible déjà connu par la famille Gugnon.

Au stade actuel des découvertes, le terme “Verre diamanté” semble propre à la société Picard & Cie.

verre diamante couleur Picard

Verres a vitres Picard & Cie

1895 Picard & Cie

Vers 1895, la société Picard & Cie installe une usine à Paris au 111 et 113 Rue de Reuilly.

Sont fabriqués à cette adresse, des vitraux, de l’opale coulée, des enseignes sur Marmorite (verre noir), des verres mousselines et diamantés, des cabochons gravés à la roue, et des vitrages gravés à l’acide.

Picard et Cie 1900

Entête Picard & Cie Paris 1900

1895 CH. G Picard

Vers 1903 Charles Gaston Picard fils entre en scène. Picard & Cie devient alors CH-G-Picard. Né en 1856 à la Chaux de Fond en Suisse, il a fait son apprentissage dans l’entreprise familiale à Lunéville. Après 1919, l’atelier s’installe Rue Pascal à Paris. Charles Gaston Picard décédera avant 1941. La trace est ensuite perdue, la famille Picard était d’origine Juive…

Entête CH.G Picard

Entête CH.G Picard verres mousselines 1913

LE DECLIN

A Paris à partir de 1890 la mode des verres mousselines décline. Elle est remplacée par celle des vitrages plus grands gravés à l’acide et des nouveaux verres imprimés.  Le style Art-Nouveau fait sont entrée et s’impose dans les ateliers Parisiens. Mais pas en province ou la production des verres mousselines s’industrialise…

1892 Les Frères Chances

En 1890 on retrouve les Frères Chance cités plus haut. Mr W-E Chance Maître de verrerie à Birmingham (UK) dépose un brevet de coulée à plat permettant d’imprimer des décors en reliefs sur la surface d’un vitrageSt-Gobain obtiendra l’exclusivité de ce procédé pour la France.

Ces vitrages aux motifs Art-Nouveau seront produit entre autre aux Glaceries de Chauny et Cirey par St-Gobain après 1892.

Plus grands plus épais et plus solides, Ils remplacèrent peu à peu les verres mousselines…

Vitrage imprimé

Verre imprimé Breveté 1897

1880 - 1898 L'industrie

Après 1880, plusieurs verreries de fabrications de verres plats industriels en France, Belgique, Suède et Allemagne (soufflage de canons à la bouche) se mettent à fabriquer du verre mousseline.

 

A noter que :

D’abord, le mode de diffusion est inconnu. Néanmoins, les ouvriers verriers très demandés voyageaient souvent d’une verrerie à l’autre pendant les périodes de « Four Mort » (réfection et nettoyage du four). Ils ne sont sans doutes pas étrangers à la diffusion de ces fabrications…

Ensuite, on retrouve à cette époque les mêmes catalogues de modèles issues essentiellement des fabrications de l’atelier Gugnon. Mais de nombreuses variantes existent un peu partout en Europe. Comme à Penchot en France et jusqu’en Suède.

verres mousselines de Penchot

Modèles de verres mousselines industrialisés.

1898 Joseph Lapeyre

En 1898 le Maître de Verrerie Joseph Lapeyre en provenance d’Aniche dans le Nord rachète la verrerie de Penchot, fondée en 1842 près de Decazeville (Aveyron). Il possédait alors 3 verreries à vitres :  Rive de Gier, Bessèges dans le Gard et la verrerie d’en bas à Aniche. A l’exception d’Aniche ou ce n’est pas attesté, toutes ses autres verreries ont fabriquées des verres mousselines.

 

Une grande verrerie.

La verrerie de Boisse – Penchot est importante et aura jusqu’à 296 Employés. Ses atouts majeurs sont sa propre concession minière de charbon et la qualification de ses ouvriers. l’usine possédait aussi de nombreux logements qu’elle tenait à la disposition de son personnel. la verrerie de Penchot, abandonnera le soufflage du verre a vitre en 1925 et les verres mousselines au profit du procédé Fourcault.

verrerie de Boisse Penchot

la verrerie. de Boisse-Penchot (aveyron),

1900 Le mousselinage

En 1899 Revient un terme déjà present en 1841, le « mousselinage » : Il s’agit en fait de fabrication de décors de verres mousselines sur grands vitrages soit par acides, soit par jet de sable. En 1910 il existait déjà à l’époque des sableuses conçues dans ce but. Les pochoirs sont similaires aux procédé picard. Ce seront les derniers verres mousselines produits jusqu’en 1941 ….

Machine a sabler le verre

Machine a mousseliner le verre.

verre mousselinage

Verre d’époque mousseliné par sablage

LES SOURCES

DOCUMENTATIONS

 

OUVRAGES & REVUES

  • L’ouvrage “Précis de miroiterie et de vitrerie” / Lasnier, Lucien Edition PPC Paris 1947.
  • Et les Revues de Saint-Gobain “Glaces et verres” .

 

ASSOCIATIONS

 

ORGANISMES

  • Le centre d’archives sur le verre de Saint Gobain à Blois fil twitter ici :  @saintgobainarc
  • Le Corning museum of Glass, merci pour l’aimable autorisation de publication.
  • Ou encore le Metropolitan Museum of Art de New-York.

 

Liens WEB

  • Ian Macky avec son site web org regroupant beaucoup de documentations et de sources
  • Et  le blog de Sash Window en Grande Bretagne.

 

CREDITS

  • Remerciement à Serge pour ses recherches préçises sur la Famille Picard a Lunéville.
  • Merci a l’école du verre de Paris Lycée Lucas de Nehou pour leurs photos de vitrages Picard.
  • Remerciement à Mr Van Lierde pour les archives de sa famille et ses dons.
  • Merci à Mr Diverchy pour ses photos de vitrages St Gobain.

Glaces et verres spéciaux Jeumont 1900

Tout comme les verreries et glaceries d’Aniche, de Chauny ou Cirey la glacerie de Jeumont implantée en France à la frontière Belge fabriquait des glaces et verres speciaux. Plus étonnant, elle fabriquait aussi des vitrages gravés à l’acide Fluorhydrique comme en témoigne le catalogue ci dessous.

La Compagnie des Glaces et verres spéciaux du Nord.

(Jeumont, Recquignies puis le Boussois)

La compagnie des glaces et verres spéciaux du Nord anciennement située à Jeumont dans le Nord est une société de fabrication de verres et glaces.

 

2 Sites principaux

En fait cette compagnie regroupe au départ deux sites industriels de manufactures de glaces et verres à vitres. D’abord la verrerie de Jeumont fondée en 1858 par Hector Despret. Ensuite celle de Recquignies fondée en 1859 par François Houtart-Cossée. Enfin, à partir de 1908 cette compagnie sera aussi rejointe par le site du Boussois fondé en 1898 par Jules Hénin et la société des glaceries de Charleroi. Après cette fusion elle se nommera «La compagnie réunie des glaces et Verres spéciaux du Nord de la France ».

 

Une Même situation Géographique.

Toutes ces verreries étaient situées dans le val de Sambre à la frontière Franco-Belge. Elles furent détruites pendant la première guerre Mondiale et seul la glacerie du Boussois fut réhabilitée à partir de 1920. D’ailleurs elle existe toujours aujourd’hui et appartient depuis 2010 au groupe japonais mondial AGC (Asahi glass Company).

glacerie de jeumont

Glacerie de jeumont 1909

Glacerie de Recquignies

Glacerie de Recquignies en 1907

Glaces et verres speciaux le Boussois

Glaces et verres speciaux le Boussois 1906

Les Glaces de la Chapelle

(Jeumont, Recquignies , Aniche)

Les glaces de La chapelle Jeumont, Recquignies et AnicheEn juin 1885 est également fondée la marque de fabrique « Les glaces de la Chapelle» comprenant les sites de Recquignies, Jeumont et Aniche. Le dépôt était situé au 145 rue la Chapelle à Paris. (Il sera liquidé en 1908).

A noter que dans la même période en 1903, une entente commerciale avait été conclue à Bruxelles entre les sociétés, St-Gobain Chauny et Cirey, Jeumont, le Boussois et Aniche. Elle se concrétisait sous le nom de « Comptoir des Glaceries » et était située au 8 Rue de Boucry à Paris dans le 18ème.

glaces et verres speciaux Aniche

Aniche la verrerie d’en bas

La Production à Jeumont et Recquignies.

Glaces et verres spéciaux et bien d’autres…

Georges Despret (1862-1952) fils de Hector Despret, reprend la direction de la verrerie de Jeumont en 1884 à l’âge de 22 ans. Ingénieur, chercheur et Maître verrier, Gorges Despret est surtout connu pour ses créations artistiques en pâtes de verre. Ses connaissances et son talent donneront un élan considérable aux productions de ces verreries.

Entre 1885 et 1899 les sites de productions de Jeumont et Recquignies s’étendent sur 32 Hectares et utilisent 2500 chevaux de force motrice pour 1200 ouvriers. Ces sites industriels comprennent aussi, un service de santé, une caisse de secours, une caisse d’épargne et de retraite et enfin 104 maisons d’employés et ouvriers.

 

Glaces et verres spéciaux

Il y a d’abord des produits chimiques manufacturés en milliers de tonnes. Pour les principaux produits verriers il y a surtout des glaces et verres striés pour toitures, vitraux et dalles de verres. Mais aussi des verres optiques et leurs spécialités : les émaux. La production de verre se compte en millions de kilos. Soit près de 19 millions en 1899 produit dans 9 fours au total avec 6 fours à pots, un four à bassin et 2 fours Boëtuis. Comme il s’agit de glacerie, il n’y a pas que du verre au canon soufflé à la bouche, il y a surtout de la glace coulée à plat et autres glaces et verres spéciaux imprimés. (Certains seront fabriqués au Boussois jusqu’en 1979 !)

Modèles de verres spéciaux

Jeumont et Recquignies glaceries du Nord

glace à relief imprimé

vitrage chenillé coulé

Verre a vitre a motif de fleur

verre imprimé a motif floral

Glace imprimee art nouveau

Vitrage style art Nouveau 1900

verres et vitrages ancien fabriques par les glaceries du Nord Jeumont et Recquignies.

Verre a vitre diamanté N°4

vitrage moule 1900

vitre a decor en relief

glace impression losange

verre a rayure ancien

verre diamant clair 1900

Verre a vitre vitrage ancien

glace coulée bleu

verre a bulle

Verre imprime Jeumont 1900

Vitre en relief 1900

glace ancienne verte

Glace imprimée verte N°5

vitre ancienne violette

Vitrage violet chenillé ancien

verre a vitre a relief ancien

Vitre coulée chenillée

Les Ateliers.

6 au total

En 1900 on comptait 6 ateliers distincts.

  • Tout d’abord un atelier de doucissage et polissage des glaces. Il y a aussi l’argenture et le le biseautage et la gravure sur verre à l’acide destiné à la décoration sur verre et glaces. A noter que lors de l’exposition universelle de 1900, la manufacture de Jeumont fabriquera le grand miroir plan du Sidérostat du palais de l’optique. Il pesait plus de 4 tonnes. On peut aussi signaler un grand vitrail de 43 mètres de diamètre en coupole.
Modèle le gravure sur verre à l'acide

Modèle de gravure sur verre à l’acide, Jeumont et Recquignies

Modele de glace gravée

Modèle de glaces gravées 1900

Les Ateliers spéciaux

  • Ensuite des ateliers spéciaux pour la fabrication de creusets et produits réfractaires.  Il y aussi un atelier de fabrication de plâtre, émeri et potée… (Pots de coulées)
  • Puis Un atelier de réparation mécanique.
  • Enfin, une manufacture de fabrications des glaces et verres spéciaux imprimés, pour la toiture et les pavements et l’optique, Verres à reliefs striés ou losangés, chenillés, mousselines brevetés S.G.D.G. Mais aussi vitrages diamantés, martelés et même sablés (!).  Des pavés et tuiles de verres moulées et des verres armés à treillage métalliques.

Les Emaux de Jeumont.

Il faut savoir que de nos jours la réalisation d’émaux à relief sur verre reste très complexe et délicate. En fait c’est surtout du à la formation de craquelures qui surviennent lors de la cuisson. Malgré cela à l’époque ces défauts semblent avoir été bien maîtrisé par la glacerie de Jeumont au point d’en faire un de ses produits phares. Son procédé lui permettait ainsi de fabriquer des vitrages décoratifs émaillé, comme des plaques unies ou en relief pour le revêtement, ainsi que des enseignes, des médaillons et des panneaux artistiques inaltérables.

Anciennes enseignes en verre émaillé.

Vitrage émaillé ancien

Panneaux décoratifs en verre émaillé

Documentions et sources

 

Téléchargement :

 

Crédit Photo : 

  • Pour finir, Merci à un de mes honorables correspondants pour les photos du présentoir
  • Christian Fournié © 2023

Marmorite, Opaline et Marbrite Fauquez

Parmi les multiples entêtes des fabricants de décors sur verres après 1900, on trouve souvent cité :

  • Marmorite,
  • Opaline,
  • Verre noir,
  • Marbrite.

Points communs : ce sont tous des verres de revêtements.

Les verres opaques Saint-Gobain 1930

Marmorite, Opaline et Marbrite, produits verriers de revêtements.

Les verres de revêtements.

La pierre de verre

Origine

Pour la marmorite et le verre noir, il s’agit surtout de vitrages coulés à plat d’épaisseurs variable de 6 à 19 M/M teintés opaques dans la masse par dévitrification et ressemblant à de la porcelaine. Cette famille de produit vient essentiellement d’une invention nommée “Pierre de Verre”  brevetée par Louis-Antoine Garchey (1858-1935) en 1897. Après l’echec de la mise en oeuvre de cette invention les brevets de la pierre de verre Garchey furent ensuite cédés à la société St-Gobain Chauny et Cirey vers 1903.

 

Opaline ou Opale coulée.

Pour l’Opaline c’est différent, il s’agit de la même méthode de fabrication que l’opale moulée bien connue dans la fabrication de luminaire ou d’objet. C’est un mélange chimique teinté dès le départ qui ensuite est coulé, soit dans des moules pour la fabrication de carrelage, soit à plat en grande feuille de verre. La société Picard et Cie semble être une des premières à en fabriquer à Paris en 1894.

 

Les points fort :

En résumé ces vitrages opaques, imitent la surface poli du Marbre sans en avoir les inconvénients en termes d’entretiens, de découpes, façonnages, défauts de surfaces compositions, disponibilités et prix avec notamment : 

  • Une grande résistance au Gel.
  • Une résistance à l’abrasion.
  • Une porosité inexistante (Hygiène).
  • Inaltérables aux acides

La MARMORITE

Appelation d’origine inconnue

marmorite Rouge griotte

Marmorite rouge griotte

C’est le plus commun de cette famille des produits verriers de revêtements. C’est aussi le plus facile à reconnaître, poli très régulier sur le dessus, la marmorite est le plus souvent striée sur le dessous. Mais il existe des productions polies sur les deux faces suivant les options proposées ou aussi coulée sur sable (aspect granuleux) pour les plus anciennes. Au départ noire ou blanche la Marmorite se retrouve colorée parmis les verres spéciaux en 1908 chez Saint-Gobain Chauny et Cirey.

 

Origine non définie

Selon certaines sources l’inventeur de la Marmorite serait un certain Baudouin en Belgique. Mais il n’y a pas de trace de Brevet d’invention. Le terme “Marmorite” apparaît dès 1898 en Belgique dans des statuts d’augmentations de capitaux de certaines verreries pour en fabriquer. A noter que c’est à cette même date que Louis-Antoine Garchey promet de fabriquer de la “pierre de verre” partout en Europe. S’agit-il dans ce cas du même produit verrier au départ ? C’est un mystère.

 

Origine du mot “Marmorite”

Contrairement à notre époque, il n’existe pas encore de dépôt officiel de noms de Marques ou de Produits en 1900. Cela dit on peut raisonnablement supposer que ce terme provient du mot Latin marmor, oris, marbre, marmoréen, enne, adjectif Marmorin : Qui a l’apparence du Marbre”.  A signaler tout de même que ce terme ne semble pas présent dans le vocabulaire des verriers ou marbriers de l’époque. La question reste donc sans réponse… Mais comme toutes inventions de mots dans la conception d’un produit et de son utilisation ce n’est pas souvent le fruit du hasard, mais plutôt le fruit d’une longue réflexion… Publicitaire de nos jours, mais très probalement plus symbolique a la fin du 19ème siècle …

Cirey, vestiges de verre

Cirey, vestiges de Marmorites.

Marmorite blanche

Morceau de Marmorite blanche

Marmorite reste de fonte

Reste de fonte de Marmorite (Cirey)

Sous face striee de la marmorite

Face striée de la marmorite

Marmorite rouge

Marmorite Rouge glacerie de Cirey

verre ancien noir

Verre noir

Ou peut-on encore la voir ?

Noire le plus souvent

C’est surtout en noir ou en Blanc que l’on peut avoir des chances d’en trouver encore dans les constructions anciennes et autres anciens commerces. En Fait on peut plus surement la trouver dans les cimetières. En effet, la marmorite à été très prisée par les ateliers de gravures sur verres dès 1900 notamment pour la gravure de plaques mortuaires, ou commémoratives. On peut aussi l’associée à la démocratisation et aux évolutions des procédés de gravures par jet de sable. On trouve même le terme “Marmographie” (gravure d’enseigne sur marmorite). ***  dans des publications de l’époque.

 

Ce produit verrier se prêtait particulièrement bien à la dorure, ou la mise en couleur de lettrages, soit pour la réalisation d’enseignes, tableaux réclames, ou devantures de magasins comme chez le graveur BOUVAIS à Paris…  ou entre autre dans le funéraire comme chez le verrier Albert GERRER à Mulhouse.

plaque marmotite A.Gerrer

Catalogue Marmorite Funéraire Albert Gerrer

Enseigne Bouvais 1927

Glace décorative Bouvais Paris 1927

Enseigne ancienne

Modèle d’enseignes de 1900 Bouvais Paris.

Enseignes Bouvais

Bouvais Gravure sur Marmorite et Opaline

Lettrages gravure sur verre

Verre Opaline.

Un coté Translucide

Verre opale Blanc

Opaline Blanche

Verre opaline sous face

Opaline sous face

A première vue l’aspect de la marmorite et de le verre opaline semble très similaire. Les différences principales sont :

 

  • D’abord une planéité plus irrégulière de la surface polie
  • Ensuite, une surface granuleuse en sous face
  • Enfin, même en forte épaisseur, le verre Opaline est plus translucide et laisse passer de la lumière.
Panneau en opaline

Panneau électrique en verre opaline

Utilisation :

Le verre opaline se prêtait bien à la réalisation de plateau de table, et autres mobiliers art-déco des années 30. La compagnie Internationale des Wagons-Lits l’a notamment utilisé pour ses dessus de toilettes de luxe.  

 

On le trouvait aussi dans les installations sanitaires en séparations d’urinoirs, et dans le domaine médical en revêtement mural pour les salles d’opération ou les laboratoires.

 

A signaler aussi les capacités isolante de l’opaline qui en faisait un produit idéal pour la réalisation de tableau de distribution dans l’industrie électrique de l’époque.

 

L’installation de l’opaline pouvait se faire soit par collage au mastic, soit par perçages et vissages.

Marmorite et Opaline Finitions et teintes :

Un choix coloré

Dimensions de productions.

Soit une face polie, une face striée pour la Marmorite, une face polie une face rugueuse pour le verre Opaline.

  • 9 à 11 M/M dimensions maximum: 3240 x 1710 M/M
  • 14 à 16 M/M : 3450 x 2100 M/M
  • 20 à 22 M/M : 3000 x 2100 M/M

Soit les deux faces polies.

  • 6 à 8 M/M dimensions maximum: 3180 x 165 M/M
  • 11 à 13 M/M : 3390 x 2040 M/M
  • 17 à 19 M/M : 3000 x 2100 M/M

A noter les différences d’épaisseurs  de 3 M/M entre les deux versions, qui s’expliquent très probablement par le doucissage mécanique à froid de la face non poli après fabrication.

 

Teintes de productions:

Marmorite : Blanc, noir (verre noir), vert Céladon, crème, bleue azur.

Opaline : Rouge, rouge griotte, mauve, verte.

 

A noter que pour des fabrications au-delà de 150 M2 d’autres teintes pouvaient être fabriquées sur demande.

La Marbrite Fauquez

Une marmorite différente

Marbrite Fauquez revêtement

Marbrite Fauquez art-déco

La marbrite, un village, une verrerie.

En réalité la Marbrite Fauquez, était originaire du village de Fauquez en Belgique puis fabriquée ou commercialisée par accords entre Saint-Gobain et la société anonyme des Verreries de Fauquez créatrice de cette marmorite bien particulière.

A l’origine de cette production on trouve le verrier Arthur Brancart (1870 – 1934) qui lance d’abord la production de marmorites à Fauquez en 1906. A partir de 1913, après avoir fait beaucoup de recherches, il commence à fabriquer des gammes de couleur bien plus étendues que pour la marmorite, avec des effets d’opalescence et de mélange de couleur, grâce à l’addition d’oxydes métalliques, la Marbrite était né.

 

Ce n’est qu’après la première guerre mondiale que la Marbrite Fauquez prendra son essor. La Société anonyme des verreries de Fauquez tissa tout un réseau commercial de “Marbritier” revendeurs, façonneurs et poseurs de ce matériaux, spécialement formés par la société. Un grand hall d’exposition situé à Bruxelle fut installé pour présenter toutes les applications décoratives de la Marbrite.

 

Comme pour la marmorite ou le verre opaline, la marbrite Fauquez, fut très utilisée dans la réalisation de salle de bain, agencement de Magasin, revêtements muraux en intérieur ou extérieur et mobiliers dans le style Art-déco des années 30. Par la suite copiée au royaume uni, la marbrite Fauquez cessera d’être fabriquée en 1964, quant aux verreries de Fauquez , elles fermeront définitivement en 1979

verrerie de Fauquez

Usine de Marbrite à Fauquez (Belgique)

Marbrite Verte

Marbrite Fauquez couleur vert marbré

Marbrite sous face

Sous face striée caractéristique de la marbrite

Les couleurs vers 1930 :

Blanc, Noir, Crème uni, Crème marbré, Mauve uni, Mauve marbré, Gris perle, Gris marbré, Bleu ciel, Bleu marbré, Saumon uni, Saumon marbré, Vert d’eau uni, Vert marbré, Vert Irlandais, Vert bleuté, Brun, Bleu outremer, Bleu pastel, Rouge corail, Tango, Jaune, Bleu pervenche, Rose chair, Gris moyen, Gris foncé, Vert de mer, Sanguine, Acajou.

 

Dimensions et épaisseurs de la Marbrite Fauquez.

On la trouve d’abord de 6 à 7 M/M  en dimensions  3000 x 1000 M/M

En épaisseur de 12 M/M dimensions  2500 x 1000 M/M

Epaisseur de 18 à 20 M/M  dimensions 2500 x  800 M/M

Liens et Sources

Le verrier Arthur Brancart :

 

Verrerie de Fauquez :

 

La chapelle de verre : https://www.chapelledeverre.be/

 

Marbrite Fauquez :

  • http://www.hms.civil.uminho.pt/sahc/2012/1106.pdf
  • Vidéo : https://www.rtbf.be/tv/emission/detail_les-ambassadeurs/actualites/article_la-production-de-marbrite?id=10116131&emissionId=8802

 

Autres sources 

 

Remerciements particulier à Mr Van Lierde pour son don de documents et vitrages anciens.

Les photos des marbrites et marmorites sont celles des exemplaires conservés à l’atelier du verre Mousseline.

Les photos du verre noir et de l’échantillon rouge griotte étiqueté “usine de Cirey” viennent de Mr Diverchy du centre de mémoire de la verrerie d’en Haut à Aniche.

Remerciements au Forum Genverre pour les recherches sur le mot “Marmorite”.

Remerciements à l’association Symbiose arts et patrimoine a Cirey pour les photographies des débris de Marmorite.

 

Téléchargements :