. Mousselinage Archives – Atelier du verre mousseline

Sablage du verre et Mousselinage

Les procédés de mousselinage du verre de 1841 à nos jours.

 

1/ Dans l’ordre chronologique : L’émaillage des verres mousselines en 1841

2/ Vient ensuite: Le saupoudrage sur tulle brodée

3/ Le troisième article : Acide et bitume de judée

4/ A présent:  Sablage du verre et mousselinage

Le mousselinage

un mot de 1841

93 modeles mousseline

Le terme “mousselinage” n’est pas forcément associé au sablage du verre puisqu’il est présent dès le premier brevet de fabrication du verre mousseline par Dumas et Godard en 1841.

  • Définition :  Action de réaliser un décor de mousseline de tulle brodée dans le but de l’imprimer définitivement sur une surface vitrée.

Le mousselinage désigne donc la fabrication d’un décor de rideau inaltérable sur verre à vitre. Au départ par émaillage, puis plus tard par acide fluorhydrique et enfin par sablage du verre.

mousselinage par sablage du verre

Verre mousseliné par sablage

Les 3 types de mousselinages

Très simple…

Ci dessous les 3 types de verres mousselines en 3 techniques différentes.

  • A/ Le verre mousseline Emaillé.
  • B/ Du verre mousseline dépoli par Acide Fluorhydrique.
  • C/ Le mousselinage par sablage du verre.

 

Comment les reconnaître

Pour reconnaître les verres mousselines acide ou mousseliné par sablage des verres mousselines émaillés il suffit de les tremper dans de l’eau claire.

  • 1/ Si le motif devient quasi transparent c’est un verre mousseliné par acide ou sablage du verre.(B, C)
  • 2/ Si le motif reste visible c’est un verre mousseline émaillé. (A)

 

Pour distinguer le mousselinage par sablage du verre du mousselinage par acide il suffit de les observer à la lumière.

  • 1/ Si il y a un léger grain une surface rugueuse, c’est du verre moussseline sablé. (C)
  • 2/ Si c’est lisse et très translucide, c’est du mousselinage par acide. (B)
verre mousseline émaillé

A/ Mousseline émaillé

Mousselinage par acide

B/ Mousselinage par acide

Verre mousseline sablé

C/ Sablage du verre

Invention du sablage

Côte Est Philadelphie.

Vers 1870 le militaire Américain  Benjamin . Chew Tilghman (1821 – 1901) remarque les effets du sable projeté par les tempêtes sur les vitrages des habitations le long de la côte Est des Etats-Unis… (D’autres sources citent un desert…)  A la suite de ses obervations, il dépose ensuite un brevet en 1870 décrivant ainsi le principe de ce qui deviendra le sablage.

 

Voici un extrait d’un célèbre ouvrage sur le verre écrit par Eugène Péligot, en 1877.  Il  décrit ainsi la toute première sableuse pour le sablage du verre, de la pierre ou encore du métal.

 “Pour compléter l’énumération des procédés de gravure du verre, il convient de dire quelques mots d’un procédé purement mécanique. Il consiste à corroder le verre en projetant du sable à sa surface au moyen d’un jet d’air ou de vapeur. Le verre se trouve alors rapidement dépoli.
Ce fait, observé récemment par un Américain, Benjamin .C Tilghman, est mis à profit pour graver sur le verre.  Il est très probable qu’il se pliera à des usages variés. Plus tard il remplacera, en partie, la gravure à la roue ou même à l’acide fluorhydrique.”

 

Description de l’appareil :

“L’appareil dont on se sert à cet effet est très simple. C’est une trémie contenant du sable bien sec. Ce Sable s’écoule d’une manière continue par un tube.  On peut régler la longueur et l’inclinaison de manière à graduer à volonté la chute du sable. Cet écoulement se fait par un tube étroit placé un peu au-dessous du tube qui amène le jet de vapeur ou le vent d’une machine soufflante. Des trous d’air, comme dans les trompes, sont pratiqués à une petite distance du tube qui amène le vent.”

 

Une amélioration notable.

Vers 1885 un brevet est déposé pour une simplification du procédé de sablage par un certain M. Mathewson de Sheffield (Alabama). Il sera surtout commercialisé sous le nom de la Tilghman’s patent Sand Blast Cie limited. Le procédé ne fonctionne plus par aspiration du sable mais plutôt poussé par un jet d’air comprimé remplaçant la vapeur. En fait cela se rapproche des sableuses actuelles. A noter que le procédé de sablage fonctionne sur les matières dures, le verre, la pierre comme le marbre ou le granit et  les métaux.  Mais il est totalement inefficace sur les matières molles.

Premiere sableuse

Brevet B.C Tilghman 1870 (Retouche photo)

Du verre mousseliné

Un mot qui revient

En 1897 le mot “mousseliné” revient dans un catalogue Saint-Gobain Chauny et Cirey. Par la suite l’option “Mousselinage et sablage” sera proposée au moins jusqu’en 1933 par Saint-Gobain.  On trouve également ce terme dans un catalogue de la société du verre étiré de 1912. On trouve aussi un article sur les nouvelles machines de sablages dans la revue  La Nature”  N° 1309 de 1902.

Texte verre mousselinage Saint-Gobain de 1897.

Terme : “mousselinés”  Saint-Gobain 1897.

Sablage du verre mousseline

Alfred Gutmann Industriel

Entre 1900 et 1910 Alfred Gutmann industriel Allemand spécialisé dans les machines de sablage du verre et du métal, propose une machine de mousselinage du verre à plat. Cette machine de grande taille bénéficie d’une invention breveté sous le numéro 85811 (allemagne) concernant le désablage de l’air dans un aspirateur pour séparer la poussière, l’abrasif et l’air. La machine fonctionne avec un jet de sable vertical sous lequel circule le verre à vitre à l’aide d’une table équipée de rouleaux d’entraînement en caoutchoucs. Le résultat est un sablage du verre très fin très proche de l’aspect de l’aspect dépoli par acide.

 

La productivité

Le rendement annoncé est de de 27 à 45 M2 (ou Mètre linéaire ?) par Heure !!! puissance nécessaire de 8 à 12 CV pour des largeurs de vitrages allant de 750 à 1250 M/M suivant les modèles. La mise en oeuvre se fait par je cite : une ouvrière ! (nous sommes vers 1910…)

Machine de mousselinage Gutmann

Machine de mousselinage Gutmann

Comment mousseliner du verre

La question des Pochoirs 

Les premiers pochoirs de sablage du verre sont en fait très innovants.  Il faut savoir que peu de matières sont capables de résister à un jet de sable sous pression à l’époque. Il faudra attendre les années 1920 pour voir apparaître des pochoirs à base de colle et papiers buvards découplables manuellement.

 

Gélatine photo

Avant cela c’est encore une fois le bitume de judée qui est utilisé. On retrouve à nouveau là ses propriétés photosensibles découverte par Nicéphore Nièpce et améliorée sous forme de pochoir par son neveu Abel Nièpce de St-Victor.  D’après différentes sources il s’agissait de recouvrir le verre de la même manière que les plaques photographiques de l’époque mais avec une épaisseur de gélatine plus importante. Tout d’abord, le dépôt d’un mélange toxique de Bitume de judée et de chrome. Suivi d’une insolation (exposition à la lumière) au soleil de midi à l’aide d’un négatif calque ou transparent. Ensuite un développement à l’aide d’eau qui dissolvait les parties non exposées à la lumière. Pour finir une fois le pochoir sec le verre est sablé ou gravé. L’enlèvement du pochoir de sablage du verre se fait à la fin par bain d’acide sulfurique.

 

La méthode d’Alfred Gutmann.

Alfred  Gutmann propose gratuitement une formation pour la réalisation des pochoirs destinés à la décoration par sablage du verre. La méthode est similaire à celle du procédé Picard et Cie déjà décrit précédemment. Cela consistait à graver ou photograver d’abord une plaque de métal par acide, pour réaliser une matrice. Ensuite on recouvrait le tout d’un mélange liquide épais de bitume de judée et de caoutchouc. Enfin comme pour un tampon on posait une feuille de papier de soie qui servait de transfert d’application sur le verre à sablé.

Le mousselinage en 2022

Perte de mémoire

Aujourd’hui,  le mousselinage du verre quel que soit sa technique est complètement effacé de nos mémoires de verriers. C’est très probablement dû a son industrialisation sur près d’un siècle, perdurant d’une technique à l’autre jusqu’à la disparition brutale de son dernier fabricant en 1941.

Ce que l’on peut retenir c’est qu’après la mise en désuétude d’un produit ou d’une technique il y a une distance temporelle qui s’installe entre la disparition complète du produit, et le moment ou on s’aperçoit qu’il manque, ne serait-ce que pour préserver ce qui est encore présent.  De ce manque naît alors une demande à laquelle il est possible de répondre ou non.

Cela dit, la réactualisation technique la commercialisation d’une ancienne production industrielle ou artisanale est souvent dû comme dans mon propre cas à une initiative individuelle ou à des choix professionnels souvent risqués de passionnés.

 

Le Paradoxe

S’il est exact que les progrès technologiques, de la chimie, la mécanisation, la robotique ont entraîné la disparition de nombreux vitrages. Il est paradoxal de constater que cela soit également ces mêmes progrès technologiques qui permettent de les reproduire très artisanalement et de les commercialiser aujourd’hui… a une échelle certes bien plus réduite.

 

En conclusion

Encore une fois, on ne peut pas sauver quelque chose qui à déjà disparu. On peut juste essayer de reconstituer des faits et reconstituer une histoire forcément incomplète, à partir des traces encore visibles. La transmission devient ensuite à nouveau possible.

Ressources

  • Les  Revues “Nature” : Cnum – Conservatoire numérique des Arts et Métiers – http://cnum.cnam.fr
  • Catalogue de machines de sablage Gutmann Germany 1900 – 1910
  • Brevet Tilghman source :  Base Espacenet.com

Verres Mousselines Chronologie

Chronologie provisoire 1834 – 1941 (Maj-02/2023)

Les verres mousselines ces mots ne vous disent très probablement rien. Et pourtant vous en avez certainement déjà vu dans les portes anciennes ou les buffets de vos grands parents. En fait ces vitrages ont été fabriqués longtemps, entre 1834 et au moins jusqu’en 1941.  Ainsi ces verres à vitres décorés par des motifs imprimés en dentelles fines étaient très courants à cette époque. Pour une raison simple, c’était le seul moyen élégant de se cacher des regards indiscrets, sans perdre de lumière. A partir de 1880, ils ont même été produit en quantités industrielles. Par conséquent cela explique leurs présences dans nombres de portes et fenêtres d’anciennes demeures.

 

A retenir :

Les verres mousselines sont les premiers vitrages décoratifs industrialisés. Il sont été décorés par de nombreux de motifs différents suivant les modes et les styles des époques qu’ils ont traversés partout en Europe.

porte verres mousselines

Porte ancienne en verres mousselines

Une Chonologie en 4 parties

  • 1/ D’abord :  L’invention.
  • 2/ Ensuite :  Les fabricants.
  • 3/ Puis : Le déclin.
  • 4/ Enfin : Le mousselinage

1/ 1834  L’invention

En 1834 le terme « Verres Mousselines » est cité dans un rapport du Jury central de l’Industrie Française sur les Arts Chimiques. A ce titre ils ont décerné une médaille d’argent à un certain Georges Bontemps  (1799 – 1883) dirigeant la verrerie / cristallerie de Choisy le roi près de Paris.

A noter que Mr Bontemps Maître de verrerie à Choisy le roi est aussi à l’origine du renouveau des verres de couleurs en France. Il a écris un guide du verrier publié en 1868.

 

Du tulle Brodé

Les premiers verres mousselines ont été fabriqués à partir de dentelles véritables à travers lesquelles était saupoudré de l’émail.  Le décor était ensuite fixé par cuisson dans un four.

1841 Un Brevet

A Lyon, le peintre verrier Dumas et le chimiste Godard inventent un procédé de vitrification dans le but d’imiter la mousseline brodée. Ils déposent un brevet en 1841.

Brevet Dumas et godard 1842

Dumas et Godard brevet d’invention

Le Procédé par Dumas et Godard.

Le Brevet Dumas et Godard décrit le procédé de fabrication suivant :  Il en fait s’agit de la réalisation d’un décor par enlèvement de matière à base d’émail vitrifiable à l’aide d’une brosse et d’un pochoir en carton ou métal ajouré à l’aide d’un emporte pièce. La vidéo ci dessous tournée en 2016 reconstitue entièrement la méthode.

A noter que cette recette d’émail en poudre existe toujours et porte toujours le nom de grisaille mousseline.

1843 Un Catalogue

En 1843 la société Laurent & Cie Peintres verriers à Paris rue de Neuve de Ménilmontant propose les premiers modèles de verres mousselines fabriqués à la demande.

 

A retenir :

A la même époque, il y a des relations entre l’atelier Laurent et Cie et La verrerie de Choisy le Roi… On retrouve donc à nouveau Mr Georges Bontemps qui quitte définitivement la France en 1848 pour rejoindre les frères Chance verriers à Birmingham en Angleterre.

verres mousselines Paris-1843

verres mousselines laurent-et-cie-Paris-1843

Fabricants de Verres mousselines

2 Familles venues de l’Est

Deux famille de verrier de l’Est de la France semblent avoir joué un rôle clé dans l’histoire et l’industrialisation des verres mousselines. Il s’agit de la Famille du peintre verrier Gugnon, et de la Famille Picard.

1860 Gugnon Paris

En 1834 Louis Napoléon Gugnon est alors Maître peintre verrier Installé à Metz avec son beau-frère Laurent Charles Maréchal.

Louis Napoléon Gugnon installe un atelier à Paris en 1864 au 130 Rue du Faubourg St-Denis. Il est l’auteur de nombreux brevets sur le vitrage décoratif et le vitrail photographique avec le chimiste Cyprien Tessier du Motay. On lui doit une vision plus industrielle dans les fabrications des verres mousselines et des vitraux de l’époque.

Il décède en 1872 à Paris.

 

Une invention.

Louis Napoléon Gugnon perfectionna avec Joseph Aubriot, son Beau fils, un four de cuisson spécifique pour la cuisson des verres mousselines émaillés. Mr Aubriot perfectionne aussi un procédé de dépose d’émail blanc et couleur, sur tulle mousseline tendue avec sa  boîte a Poussière…

boite a poussière Aubriot

La boîte à poussière de Mr Aubriot

Modeles de verre mousseline

Dessins de verre Mousseline Tulle

1864 Gugnon. Fils

Né en 1835 Auguste Raphael Gugnon prend la succession de son père en 1864 sous le Nom de Gugnon. Fils verres à vitres toujours au 130 Rue du Faubourg St-Denis à Paris. L’atelier est prolifique et est à l’origine de la mode des verres mousselines à Paris.

 

Fermeture

L’atelier fermera pour mauvaise gestion en 1876. A partir de cette date, la trace de la famille Gugnon se perd. L’atelier sera ensuite repris par les peintres verriers Lémal, Raquet en 1878 puis par le verrier Prost jusque dans les années 30.

Atelier Gugnon Fils Paris

Atelier Gugnon Fils Paris 1870 – 1878

1872 La Verrerie de L'Est

En 1872 Auguste Raphaël Gugnon fonde la verrerie de L’Est à LunévilleMais ce sera de courte durée… trop grande très coûteuse, cette verrerie fera faillite quelques années plus tard avant d’être reprise. 

A noter que pour le moment il n’y a pas de verres mousselines attesté dans les fabrications de cette verrerie à vitres.

verrerie de l'est Luneville

Entête de la verrerie de l’Est.

1872 Picard

Toujours en 1872 A 4 Km de la verrerie de l’Est de Lunéville entre en scène la famille Picard avec les frères Picard. Originaire de Suisse, mais venue d’Alsace via Sarrebourg , cette famille s’installe à Lunéville au bord de la Vézouze dans un ancien Moulin pour fabriquer des verres de Montres.

 

Transmission ?

Y a t-il eu transmission de savoir-faire entre la famille Gugnon et la famille Picard… C’est très possible mais pas prouvé…

Quoiqu’il en soit en 1870 l’Allemagne annexe l’Alsace et la Lorraine.  A partir de ce moment, il y a eu une très forte concentration de savoirs faires Verriers  dans cette petite ville de l’est de la France et alentours.

C’est un Fait, et les frères Picard en ont manifestement hérité d’une manière ou d’une autre. Puisqu’en plus de leurs fabrications de verres de montres, ils commencent à fabriquer des verres gravés très semblables aux verres mousselines : « Les verres diamantés Picard »

fabrique de verre de montre Luneville

Moulin Desaleme Lunéville

Picard Frères Lunéville

Entête Picard Frères Lunéville

1888 Le verre diamanté

A partir de 1888, la société Picard & Cie a un premier atelier à Paris Rue des Meuniers. On la retrouve aussi Quai Jemmapes toujours à Paris, ou elle propose des verres mousselines émaillés mais aussi gravés.

On peut lire ainsi sur les Annuaires de l’époque : « Le verre diamanté, un brevet de gravures sur verres et glaces, spécialité d’installations mousselines et de couleurs gravés par un nouveau procédé »

 

De quoi s’agit-il ?

En fait il s’agit d’un procédé d’impression de pochoirs par clichés photographiques, puis gravures par acide fluorhydrique sur verres couleurs ou clairs. A noter que l’on retrouve là le savoir-faire en matière de production chimique photosensible déjà connu par la famille Gugnon.

Au stade actuel des découvertes, le terme “Verre diamanté” semble propre à la société Picard & Cie.

verre diamante couleur Picard

Verres a vitres Picard & Cie

1895 Picard & Cie

Vers 1895, la société Picard & Cie installe une usine à Paris au 111 et 113 Rue de Reuilly.

Sont fabriqués à cette adresse, des vitraux, de l’opale coulée, des enseignes sur Marmorite (verre noir), des verres mousselines et diamantés, des cabochons gravés à la roue, et des vitrages gravés à l’acide.

Picard et Cie 1900

Entête Picard & Cie Paris 1900

1895 CH. G Picard

Vers 1903 Charles Gaston Picard fils entre en scène. Picard & Cie devient alors CH-G-Picard. Né en 1856 à la Chaux de Fond en Suisse, il a fait son apprentissage dans l’entreprise familiale à Lunéville. Après 1919, l’atelier s’installe Rue Pascal à Paris. Charles Gaston Picard décédera avant 1941. La trace est ensuite perdue, la famille Picard était d’origine Juive…

Entête CH.G Picard

Entête CH.G Picard verres mousselines 1913

LE DECLIN

A Paris à partir de 1890 la mode des verres mousselines décline. Elle est remplacée par celle des vitrages plus grands gravés à l’acide et des nouveaux verres imprimés.  Le style Art-Nouveau fait sont entrée et s’impose dans les ateliers Parisiens. Mais pas en province ou la production des verres mousselines s’industrialise…

1892 Les Frères Chances

En 1890 on retrouve les Frères Chance cités plus haut. Mr W-E Chance Maître de verrerie à Birmingham (UK) dépose un brevet de coulée à plat permettant d’imprimer des décors en reliefs sur la surface d’un vitrageSt-Gobain obtiendra l’exclusivité de ce procédé pour la France.

Ces vitrages aux motifs Art-Nouveau seront produit entre autre aux Glaceries de Chauny et Cirey par St-Gobain après 1892.

Plus grands plus épais et plus solides, Ils remplacèrent peu à peu les verres mousselines…

Vitrage imprimé

Verre imprimé Breveté 1897

1880 - 1898 L'industrie

Après 1880, plusieurs verreries de fabrications de verres plats industriels en France, Belgique, Suède et Allemagne (soufflage de canons à la bouche) se mettent à fabriquer du verre mousseline.

 

A noter que :

D’abord, le mode de diffusion est inconnu. Néanmoins, les ouvriers verriers très demandés voyageaient souvent d’une verrerie à l’autre pendant les périodes de « Four Mort » (réfection et nettoyage du four). Ils ne sont sans doutes pas étrangers à la diffusion de ces fabrications…

Ensuite, on retrouve à cette époque les mêmes catalogues de modèles issues essentiellement des fabrications de l’atelier Gugnon. Mais de nombreuses variantes existent un peu partout en Europe. Comme à Penchot en France et jusqu’en Suède.

verres mousselines de Penchot

Modèles de verres mousselines industrialisés.

1898 Joseph Lapeyre

En 1898 le Maître de Verrerie Joseph Lapeyre en provenance d’Aniche dans le Nord rachète la verrerie de Penchot, fondée en 1842 près de Decazeville (Aveyron). Il possédait alors 3 verreries à vitres :  Rive de Gier, Bessèges dans le Gard et la verrerie d’en bas à Aniche. A l’exception d’Aniche ou ce n’est pas attesté, toutes ses autres verreries ont fabriquées des verres mousselines.

 

Une grande verrerie.

La verrerie de Boisse – Penchot est importante et aura jusqu’à 296 Employés. Ses atouts majeurs sont sa propre concession minière de charbon et la qualification de ses ouvriers. l’usine possédait aussi de nombreux logements qu’elle tenait à la disposition de son personnel. la verrerie de Penchot, abandonnera le soufflage du verre a vitre en 1925 et les verres mousselines au profit du procédé Fourcault.

verrerie de Boisse Penchot

la verrerie. de Boisse-Penchot (aveyron),

1900 Le mousselinage

En 1899 Revient un terme déjà present en 1841, le « mousselinage » : Il s’agit en fait de fabrication de décors de verres mousselines sur grands vitrages soit par acides, soit par jet de sable. En 1910 il existait déjà à l’époque des sableuses conçues dans ce but. Les pochoirs sont similaires aux procédé picard. Ce seront les derniers verres mousselines produits jusqu’en 1941 ….

Machine a sabler le verre

Machine a mousseliner le verre.

verre mousselinage

Verre d’époque mousseliné par sablage

LES SOURCES

DOCUMENTATIONS

 

OUVRAGES & REVUES

  • L’ouvrage “Précis de miroiterie et de vitrerie” / Lasnier, Lucien Edition PPC Paris 1947.
  • Et les Revues de Saint-Gobain “Glaces et verres” .

 

ASSOCIATIONS

 

ORGANISMES

  • Le centre d’archives sur le verre de Saint Gobain à Blois fil twitter ici :  @saintgobainarc
  • Le Corning museum of Glass, merci pour l’aimable autorisation de publication.
  • Ou encore le Metropolitan Museum of Art de New-York.

 

Liens WEB

  • Ian Macky avec son site web org regroupant beaucoup de documentations et de sources
  • Et  le blog de Sash Window en Grande Bretagne.

 

CREDITS

  • Remerciement à Serge pour ses recherches préçises sur la Famille Picard a Lunéville.
  • Merci a l’école du verre de Paris Lycée Lucas de Nehou pour leurs photos de vitrages Picard.
  • Remerciement à Mr Van Lierde pour les archives de sa famille et ses dons.
  • Merci à Mr Diverchy pour ses photos de vitrages St Gobain.

Acide fluorhydrique et bitume de judée

Les différentes méthodes de fabrications des verres mousselines de 1841 à nos jours.

 

1/ D’abord le premier article : la Fabrication du verre mousseline par émaillage en 1841.

2/Ensuite : le verre mousseline en tulle brodée et la boîte à poussière.

3/ A présent la troisième partie : La gravure du verre mousseline par acide fluorhydrique et bitume de Judée

4/ Pour finir :  Le sablage.

Verre mousseline Diamanté.

Un travail à froid

gravure du verre mousseline

Définition : il s’agit au départ d’un vitrage (pour simplifier) décoré de motifs mousselines sur verres clairs ou en couleurs en relief ou non, par gravure à l’acide Fluorhydrique. Pour le cas des verres mousselines en reliefs, l’aspect brillant du fond perlé résultant de cette méthode de gravure est sans doute à l’origine du choix de sa dénomination : le verre diamanté* par son fabricant principal entre 1880 et 1942, la maison Picard.

*A noter d’une part qu’il n’existe pas pour le moment de traces antérieures à 1880 pour l’origine de cette dénomination. Et d’autre part que St-Gobain-Chauny et Cirey reprendra cette appellation par la suite dans sa production de vitrages imprimés industriellement après 1918. Par son aspect, on peut d’ailleurs raisonnablement affirmer que le verre diamanté est en réalité un précurseur des verres à vitres imprimé à reliefs fabriqués en Europe à partir de 1892.

glace picard

Catalogues de glaces et verres Picard.

Acide Fluorhydrique

Attention danger

Acide Fluorhydrique = Fluorure d’hydrogène. Très corrosif l’utilisation de ce produit chimique très toxique est très règlementé de nos jours.

L’utilisation de l’acide fluorhydrique pour la gravure sur verre vient du Royaume-Unis ou on retrouve les frères Chances à Birmingham vers 1850. De la même façon les peintre verriers Gugnon et Maréchal à Metz en 1853 effectuent des essais avec l’aide du chimiste Cyprien Tessié du Motay (1818-1880).  En 1876 Paul Bitterlin Maître peintre verrier à Paris à de bons résultats avec plusieurs types de gravures distinctes sur la même surface de verre pour fabriquer des décors.

 

Principes et formules

Pour la gravure du verre mousseline à l’acide, il s’agit d’utiliser deux formules différentes en rajoutant divers adjuvants chimique à l’acide fluorhydrique. Le but est ensuite de réaliser soit :

  • A/ Une gravure en surface à l’aspect Mat
  • B et C / Soit une gravure en profondeur à l’aspect perlé dite “diamantée”.

 

L’acide fluorhydrique (pdf)

  • Mortel par inhalation contact cutané ou ingestion.
  • Provoque des lésions graves sur la peau et les yeux.

Réglementation CE :  n° 1272/2008. 200-843-6

verre mousseline gravé a l'acide

A/ Verre mousseline gravé Mat

Gravure sur verre à par acide fluorhydrique

B/ Gravure diamantée sur verre clair

Verre mousseline diamanté couleur

C/ Verre mousseline diamanté couleur

Le verre plaqué ou Doublé

Un verre a couche

France 1826, Nous sommes pendant la seconde restauration de la monarchie sous le règne de Charles X. Devant les nombreuses églises abandonnées ou détruites lors de la révolution, le gouvernement de l’époque entreprit la restauration de ces édifices et de leurs vitraux. Mais le verre de couleur n’est plus fabriqué en France. Suite à cette pénurie,  les architectes de l’époque se tournent alors vers le gouvernement afin d’autoriser l’importation de verres colorés en provenance d’Allemagne ou d’Angleterre. Cette autorisation est nécessaire du fait de la prohibition (embargo douanier) alors en vigueur envers ces pays. Mais cette autorisation est refusée, encourageant les verriers du territoire à retrouver et reprendre la fabrication de verre de couleurs.

 

Georges Bontemps

En 1826 Un maître verrier polytechnicien du nom de Georges Bontemps, (1799 – 1883) vient de prendre la direction de la verrerie de Choisy-le-Roi. Il s’attèle alors à cette tâche. Après analyse de chimistes sur ordre du gouvernement, il est établi que le verre rouge ne peut-être obtenu qu’avec des oxydes de cuivre et de fer. A partir de ces données, Georges Bontemps obtient avec succès les nuances de rouges émaillées sur une seule face de verre clair réinventant ainsi la fabrication du verre doublé (ou plaqué) de couleur en France.

Ce verre à l’origine du verre diamanté couleur gravé à l’acide fluorhydrique existe encore aujourd’hui et est connu sous le nom de verre plaqué (Flashed glass).  Ce verre à vitre encore soufflé à la bouche est encore fabriqué dans seulement 2 verreries dans le monde dont une se situe en France aux verreries de Saint-Just près de Saint-Etienne. Quant-à la verrerie de Choisy-le-Roi elle, elle périclitera suite au départ de Mr Bontemps pour l’Angleterre lors du changement de régime en 1848.

Verre doublé gravé par sablage

Verre doublé gravé

Bitume de judée et Acide fluorhydrique

Un mariage heureux.

Tout au long du 19ème siècle, si il y a un produit très utilisé dans le ateliers de décoration sur verre c’estbien le bitume de judée.

 

Le bitume de Judée qu’est-ce que c’est ? 

  • C’est un produit de la même famille que le pétrole connu dès l’Egypte ancienne et utilisé pour imperméabiliser le bois des bateaux.

 

Quel utilisations ?

  • D’abord, chauffé et mélangé à du Benzène puis appliqué au pinceau sur le verre, le bitume de Judée fait d’excellents pochoirs resistants aux acides.
  • Le bitume de Judée à des propriétés photosensibles, il est même à l’origine des premières plaques photographiques.

 

Ce qu’il faut retenir.

  • Dans les 2 cas, soit manuellement, soit chimiquement le bitume de Judée sert à la fabrication de pochoirs destinés à la réalisations de décors gravés sur verres.
Pochoir de gravuire sur verre en bitume de judée

Peinture au bitume de Judée

Procédés de pochoirs

Des secrets bien gardé

bitume de judée en poudre

Saupoudrage

Le premier à parler d’impression de pochoirs sur verre plaqué ou doublé en couleur pour la gravure sur verre à l’acide fluorhydrique est Louis Napoléons Gugnon à Metz vers 1853.

Il s’agit de pulvériser du Bitume de Judée réduit en poudre à l’aide d’une sorte de cylindre à ventilateur manuel sur un pochoir de métal ou même de la tulle recouvrant la vitre à graver. Cet asphalte se collant au verre avec une préparation légèrement chauffé, détermine ainsi un pochoir sur lequel peut être alors appliqué de l’acide fluorhydrique dilué pour réaliser la gravure d’un motif en série.

 

Le cliché.

Ni plus ni moins qu’une reproduction photographique.  En 1850 Mr Abel Niepce de Saint Victor (1805-1870) cousin germain du célèbre Nicéphore Niepce (inventeur de la photographie), décrit un procédé de pochoir photosensible a base de bitume de Judée dans son traité sur la gravure Héliographique. le but est de graver du verre par acide fluorhydrique. Le procédé est par la suite perfectionné par ajout de chrome pour augmenter le niveau de sensibilité de l’épreuve.

 

Une méthode complexe. 

Le procédé est le suivant :  D’abord on enduisait une plaque de verre d’un mélange de :

  • Bitume de Judée
  • Sulfure de carbone
  • Cire jaune
  • Térébenthine et caoutchouc,

L’opération se fait bien sûr hors lumière du jour. On expose le tout au soleil de midi dans une serre en plaquant un verre mousseline émaillé noir à motifs transparent (en fait un film négatif). Une fois exposé à la lumière on obtient ainsi un cliché. On développe alors le tout à l’eau. les parties du dessins exposées au soleil se durcissent, les parties cachées se dissolvaent come par magie lors du développement. Enfin, une fois séché, on obtient un pochoir résistant à l’acide fluorhydrique. L’enlèvement du pochoir se fait ensuite au benzène ou à l’acide chlorhydrique suivant les mélanges.

 

Le sulfure de carbone 

  • Volatile et inflammable
  • Nuit à la fertilité
  • Risque grave en cas d’exposition prolongée
  • Irritation des yeux et de la peau.

Réglementation CE :  n° 1272/2008. 200-843-6

Le Transfert PICARD.

Un secret bien gardé

Le procédé de pochoir breveté SDG par Picard et Cie nous est parvenu grâce à un document très rare de la glacerie de Jeumont implantée dans le Nord de la France. Un certain Hector Douillez y décrit précisément un procédé d’impression de pochoir par cliché photographique et matrice.

A noter que sans ce document original complet a usage interne et non publié, il n’y aurait aucune preuve de l’existence de ces techniques photosensibles au seins des verreries de l’époque… C’est manifestement un secret tellement bien gardé qu’il a disparu. 

Décalcomanie Picard

Décalcomanie des enfants…

En fait le transfert Picard est une forme de décalcomanie. Au départ, on réalise également un cliché (voir ci-dessus) sur une plaque de verre, gravée ensuite profondément par acide. Ce vitrage va alors servir de matrice pour la reproduction du motif.

 

Bitume de Judée en pâte

D’abord on enduit la matrice gravée par cliché avec une patulre  et une pâte à imprimer sur les parties en creux de la matrice. Cette pâte était constituée de :

  1. Bitume de Judée
  2. Cire Jaune
  3. Stéarine (acide gras végétal)
  4. Suif
  5. Saindoux
  6. Poix
  7. Résine et essence 
Bitume de Judée

1/ Bitume de Judée

Cire Jaune

2/ Cire Jaune

Stéarine

3/ Stéarine

Suif

4-5/ Suif et Saindoux

poix

6/ Poix

Résine Végétale

7/ Résine végétale

Le transfert

Ensuite pour le transfert,  on dépose d’abord un papier de soie frotté de blanc d’Espagne sur la surface imprimée. Puis on presse délicatement pour ensuite enlever le papier sur lequel est imprimé tout le motif. Enfin on applique ce même papier imprimé sur le verre à graver. Une fois mouillé, le papier se délite ne laissant que les motifs qui restent alors fixés au vitrage pour être gravé.

Origine du procédé

De la gobeleterie

Les techniques de le décoration sur verre, il faut le savoir viennent essentiellement de ce qu’on appelle la gobeleterie. C’est à dire la fabrication du verre soit usuel soit plus luxueux pour les arts de la table. Il existe un lieu incontournable pour s’en rendre compte c’est le Ciav de Meisenthal en Alsace. Dans le musée dédié à l’histoire de la gobelleterie, les techniques de la décoration sur verre y sont exposées d’une manière chronologique avec notamment un procédé de décoration sur verre par pochoir imprimé. Cette technique est présente vers 1870 aux verreries de Portieux, mais aussi Baccarat, Saint Louis et Meisenthal.

Gravure a l'acide à meisenthal

Gravure chimique à Meisenthal

La Gravure chimique

Verreries de Portieux

La décoration sur verre en volume par acide fluorhydrique passe donc par la fabrication d’un pochoir. Il pouvait être directement réalisé sur le verre, mais cela pouvait poser des problèmes pour la réalisation de gravures en série identique. C’est pour cette raison que l’impression de pochoir “indirect” au bitume de judée s’est imposée.

 

Les Etapes :

  • L’impression : Les verreries de l’époque sélectionnent des ouvriers habiles puis les forment à la gravure sur métal. La procédure consiste à réaliser manuellement un pochoir à l’aide de bitume de Judée, de cire et de stéarine pour être ensuite graver à l’aide d’une pointe en métal dur. Une fois le pochoir terminé la plaque de métal passe alors à la gravure par acide nitrique.

 

  • L’application : La matrice en métal est ensuite encrée à l’aide de bitume de Judée et mise sous presse afin d’imprimer le motif sur un papier de soie très léger. Le pochoir d’impression obtenu est ensuite appliqué sur le verre en rotation sur un tour manuel. Le verre à décorer est ensuite badigeonné avec un bitume de jugée plus épais pour protéger les parties non gravées.

 

  • La gravure : Les verres à graver sont rangés les uns à côtés des autres par 9 ou 12 dans des paniers ajourés et plombé pour ensuite être plongé jusque à quelques millimètres de leurs collerettes dans un bain d’acide fluorhydrique et d’eau. Enfin, au bout de vingt à trente minutes les verres sont retirés. La dernière étape est un décapage du pochoir dans une chaudière d’eau sodique (eau chargée en sodium) en ébullition suivi d’un rinçages.

Sources et remerciements

Photos

  • C. Fournié Verrerie Mousseline

Documents

Remerciements

  • Remerciements au réseau Genverre pour ses recherches sur la famille Picard.
  • Ainsi qu’au musée de la mémoire verrière de Boussois pour leurs documents précieux.
  • Merci à TB pour son expertise.